Reporty : délation généralisée et atteinte à la vie privé

Le collectif que Nice au Coeur appelait de ses voeux s’est constitué autour du texte ci-dessous. c’est une excellente nouvelle d’autant que d’autres partenaires sont suceptibles de nous rejoindre.

Reporty : délation généralisée et atteinte à la vie privé

La ville de Nice vient de lancer « Reporty », une application mobile permettant à des citoyens et citoyennes d’en filmer d’autres et d’envoyer en direct les images au centre de
supervision urbain. C’est une nouvelle étape dans la dérive sécuritaire du maire de Nice.

La phase test de cette application mobile a été lancée. Il s’agit de permettre, à tout citoyen ou toute citoyenne géo-localisé.e l’ayant installée, d’envoyer en direct les images d’incivilités
au centre de supervision urbain où les policiers municipaux les visualiseront.

Le maire de Nice décline lui-même le champ d’application des dénonciations possibles. Il est très large, allant des agressions physiques aux vols, à des incivilités telles que tags, nuisances sonores, regroupement de personnes, voitures gênantes. Où cela s’arrêtera-t- il ? Comment cela se passera t’il, si le ou la témoin qui transmet les images, est repéré.e par l’auteur de trouble ?

La ville de Nice veut faire de tous les citoyens et toutes les citoyennes volontaires des auxiliaires de police. Elle teste son application sur un panel de 2 000 volontaires dont, en premier lieu, ses agents disposant d’un téléphone portable professionnel, fortement incités à participer à l’expérimentation, mais aussi des volontaires issu.e.s des comités de « voisins vigilants » et des comités de quartier. Cela ressemble à l’organisation d’un processus de délation généralisé. Faire de simples citoyens et citoyennes des auxiliaires de la police à plein temps est une démarche pernicieuse qui peut aboutir à la multiplication de « justiciers » cherchant à débusquer la moindre incivilité et susceptibles d’encombrer le centre de supervision.

L’application Reporty enfreint les règles de la CNIL et porte atteinte à la vie privée. Lors de la pose des caméras de vidéo surveillance, la ville de Nice s’était engagée auprès de la CNIL à respecter les obligations réglementaires (article L 251-3 du Code de la Sécurité Intérieure), c’est-à-dire à ce que les opérations de vidéoprotection ne permettent pas de filmer l’intérieur des maisons et la vie privée des citoyens et citoyennes. Avec Reporty, il sera possible de le faire et d’adresser une image instantanément « visionnable » aux policiers de permanence. Cela porte manifestement atteinte à la liberté fondamentale qu’est le respect de la vie privée.

Christian Estrosi prône un modèle de société où la défiance et la délation deviennent la règle.

Le tout sécuritaire franchit ici un palier supplémentaire sur lequel il sera difficile de revenir. La surveillance de tous contre tous est érigée en règle de vie. Quiconque voudra régler des comptes personnels, nuire à un voisin ou une voisine, pourra utiliser « Reporty » pour cela.

Cela va trop loin. Une ville où la délation est érigée en système, où les pouvoirs publics incitent à la défiance, ne peut retrouver le chemin du vivre ensemble. Nous ne voulons pas vivre dans une société où tout le monde surveille tout le monde. Sur le
long terme ce type de pratique peut conduire à des dérives dont on ne mesure pas les effets.

C’est pourquoi nous appelons à une mobilisation citoyenne qui est absolument nécessaire avant qu’il ne soit trop tard.

Premiers signataires :

EELV 06, Ensemble! 06, Nice au Cœur, le PCF Section Nice, le PS 06, le MRAP, Tous citoyens !

www.20minutes.fr/nice/2206803-20180122-reporty-nice-opposants-lancent-collectif-denoncer-derive-securitaire-maire

Reporty : Construire un collectif !

Communiqué de presse de Patrick Allemand, président de Nice au Coeur

Avec Reporty, la nouvelle initiative du maire de Nice va permettre à plus de 2000 volontaires de filmer tout acte d’incivilité et de transmettre les images en tant réel au Centre de Vidéosurveillance Urbain.

En tant qu’élu municipal d’opposition, je l’ai immédiatement dénoncée en la qualifiant de « contestable sur le fond » et d’« inadmissible sur la forme ».

Aujourd’hui, de nombreux concitoyens n’ont pas encore pris la mesure des potentialités de cette application et des dangers qu’elle contient pour le respect des libertés individuelles et pour le respect de la vie privée.

« Nice au Cœur » souhaite la création d’un collectif et appelle les forces politiques, associatives et citoyennes qui partagent cette inquiétude, à se rassembler, pour qu’ensemble, nous puissions avoir une réponse adaptée et efficace face à cette situation.

Champigny-sur-Marne et Aulnay-sous-Bois, de l’inadmissible au sursaut

Policiere au sol

Chaque année, des hordes stupides se comportent très mal la nuit de la Saint Sylvestre. Une bien mauvaise habitude. Les chiffres sont en légère hausse par rapport à l’année dernière, selon les forces de l’ordre. La police nationale a communiqué le chiffre des voitures brûlées lors de la nuit de la Saint-Sylvestre en Ile-de-France.
Ce sont au total 250 voitures qui ont calcinées dans toute la région. C’est à Paris et en petite couronne que le chiffre est le plus élevé: 163 véhicules. En grande banlieue, 87 véhicules ont brûlé.

Au niveau national, ce sont 680 véhicules qui ont été brûles, soit une trentaine de voitures en plus que l’an dernier. L’an passé, 650 véhicules avaient été incendiés dans toute la France. Un chiffre global déjà en hausse.
197 personnes ont, par ailleurs, été placées en garde à vue pour divers motifs et trois policiers ont été blessés.

Mais ce qui s’est passé à Champigny-sur-Marne a retenu plus particulièrement l’attention. Deux policiers ont été violemment agressés par un groupe d’individus dimanche 31 décembre 2017 dans la soirée.

Les deux policiers du commissariat de Chennevières-sur-Marne sont intervenus alors qu’un groupe important de jeunes étaient refoulés d’une soirée privée et tentaient d’en forcer l’entrée.

Les policiers, un homme et une femme, ont été pris à partie à leur arrivée sur les lieux. Ils ont été isolés et roués de coups à terre, à l’extérieur de leur véhicule.
Des images de l’agression ont été largement diffusées sur les réseaux sociaux Je les ai vues. Elles sont particulièrement choquantes et violentes et montrent les coups de pieds et de poings portés au corps et au visage des représentants des forces de l’ordre. Le calme n’est revenu qu’après l’arrivée de renforts.

« Les coupables du lynchage lâche et criminel des policiers faisant leur devoir une nuit de 31 décembre seront retrouvés et punis. Force restera à la loi. Honneur à la police et soutien total à tous les agents bassement agressés », a réagi Emmanuel Macron après l’agression.

A l’opposé à Aulnay-sous-Bois, la cité s’est mobilisée pour éviter de faire partie du palmarès ce matin . Ce sont les mères de famille qui étaient en patrouille toute la nuit. Les membres du collectif nommé « Les femmes capables de la cité de l’Europe » étaient ainsi une vingtaine dehors, le soir du 31 décembre, afin d’éviter le moindre débordement. Demandez vous chaque matin ce que vous pouvez faire pour le pays. Ces femmes exemplaires n’ont pas tardé à prendre au mot le président.

Loi antiterroriste, les pouvoirs du préfet sont accrus !

Loi antiterroriste

Liberticide pour la gauche, laxiste pour la droite, la loi entrera en vigueur dès le mercredi 1er novembre, prenant ainsi le relais de l’état d’urgence.

Vous trouverez ce qui change en cinq points. Ce qui est assoupli par rapport à l’état d’urgence et ce qui ne change pas. je n’ai pas pu m’empêcher d’effecteur quelques extrapolations locales.

  • Les contrôles de sécurité seront plus fréquents.

C’est difficile? sauf à être sur une position idéologique? de s’en plaindre. Match de football, concerts, manifestation… Pour tout événement où les autorités estiment qu’il existe un risque d’attaque terroriste, le préfet pourra mettre en place des périmètres de sécurité avec inspection des bagages et palpations des participants. Les autorités auront ainsi le droit de recaler de l’événement tout participant qui refuse de se plier au contrôle. Cela paraît logique.

  • Les visites domiciliaires posent problème.

En fait, il s’agit de perquisitions de domiciles qui ne se feront plus obligatoirement à l’initiative de la justice mais à la demande de l’autorité administrative, en l’occurrence le préfet. C’était le cas sous l’état d’urgence. C’est cette disposition qui permet à certains de dire, à juste titre, que l’on a intégré des dispositions de l’état d’urgence dans la loi. Comme avant, ces perquisitions ne peuvent avoir lieu que de 6 heures à 21 heures (sauf en cas de danger immédiat).

  • Des lieux de cultes plus simples à fermer.

C’est l’un des points les plus sensibles. Jusqu’ici, seule l’existence de « documents écrits » ou de « propos tenus » incitant ou faisant l’apologie du terrorisme pouvait justifier la fermeture administrative d’un lieu de culte. Dorénavant, cela devient possible pour une durée maximale de six mois si ceux-ci y propagent des « idées et théories » menaçantes. En gros, les preuves matérielles ne seront plus nécessaires pour ordonner une fermeture administrative. Là, la place à l’arbitraire est très dangereuse. On ne peut s’empêcher de penser à la pression que le maire de Nice mettra sur le préfet pour faire fermer la mosquée Ennour par exemple.

  • Des assignations moins contraignantes.

Dans le cadre de l’état d’urgence, un individu pouvait être assigné à domicile. Dorénavant, il pourra être assigné à un territoire plus vaste, comme celui d’une commune, afin qu’il puisse poursuivre ses activités professionnelles et familiales. Il devra aussi se présenter à la police une fois par jour, contre trois sous l’état d’urgence, sauf s’il porte un bracelet électronique. On peut donc considérer à juste titre que la loi antiterroriste assouplit les règles de l’état d’urgence.

  • Des contrôles aux frontières élargis.

Jusqu’ici, la police aux frontières pouvait contrôler l’identité d’un individu uniquement à l’intérieur d’une gare, d’un port ou d’un aéroport. Désormais, elle pourra effectuer ces contrôles dans un rayon de 20 km autour des lieux de transit internationaux. On peut se poser la question de savoir si sur le terrain, cela ne s’appliquera pas aux migrants.

Le retour de la police de proximité !

PoliceProximite

La police de proximité, promise pendant la campagne électorale sera mise en place avant la fin de l’année, vient d’indiquer le Ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb. Cela se fera sous la forme d’une Police de sécurité quotidienne.

C’est incontestablement un marqueur idéologique de gauche par rapport à la droite qui, elle, privilégie toujours la police d’intervention.

C’est le pari de la prévention et, en même temps, une autre manière de travailler, d’infiltrer les quartiers, d’être au plus près sur le terrain des endroits où cela peut déraper tant en matière de délinquance que de radicalisation.

Il ne faut pas céder aux pressions politiques ou syndicales qui ne vont pas manquer de se produire, mais il ne faudra pas mentir non plus.

Avec une feuille de route réclamant au Ministre de l’Intérieur 589 millions d’euros d’économies pour le budget 2018, personne ne pourra faire croire que cette réforme structurelle se fera sans restructurations et sans redéploiements.

Cette réforme a un impératif de réussite. Aussi nous ne sommes pas à trois mois près. Elle nécessite l’adhésion la plus large possible, donc un dialogue de fond avec les organisations syndicales, une large concertation.

L’idée d’une analyse globale de la situation actuelle des quartiers difficiles, également sur le plan socio-économique et pas seulement sécuritaire, me paraît bonne, surtout en y associant les acteurs sociaux et l’Education nationale, et en évaluant les dispositifs tels que les contrats de ville et ou les contrats locaux de sécurité.

Je demeure persuadé que, dans ces quartiers, une présence permanente de la police avec l’installation d’annexes de commissariat à partager par voie de convention avec les communes et les polices municipales, sont la meilleure des réponses.