22h34, et soudain les 86 faisceaux éclairèrent le ciel de la Baie des Anges.

Un soir presque banal sur le trottoir sud de la Promenade des Anglais entre la rue Max Gallo et le Méridien.

Il y avait moins de monde que l’an passé, la faute au Covid19, au temps qui passe et au concert de The Avener sans doute.

Mais lorsqu’à 22h34 les 86 faisceaux s’allument, se rejoignent et se perdent dans la nuit, symbolisant la montée des anges, l’émotion est la même, digne, profonde, et accompagnée par quelques applaudissements.

Chacun se souvient.

C’ était il y a 4 ans déjà, la Baie des Anges devenait en 139 secondes le théâtre d’une boucherie.

C’était la fin du feu d’artifice, des milliers de niçois et de niçoises avaient pris possession de la Promenade des Anglais comme chaque année quand au milieu des clameurs et de la musique le camion fou a surgi.

Qu’on le qualifie d’attentat ou de meurtre de masse, revendiqué ou commandité par Daesh ou pas, ce qui s’est passé ce soir là à Nice demeurera à jamais une des plus grandes tragédies de l’histoire de notre ville.

Par le choix tellement symbolique de la date, elle prive notre ville à jamais de ce moment de communion et de fraternité qu’était notre fête nationale. Désormais, depuis 4 ans, ce sont 86 faisceaux qui s’allument et ce n’est plus le feu d’artifice.

Aujourd’hui je ne peux qu’avoir une pensée pour toutes les victimes, arrachées à la vie en quelque secondes, pour leur famille et pour celles et ceux qui ont survécu mais dont les cœurs et les corps ont été meurtris à vie.

Hommage à Max Barel

Ce matin je serais absent d’une cérémonie à laquelle je suis très attaché, l’hommage à Max Barel, le fils du député communiste niçois Virgile Barel qui se déroule au tout début de la rue Barla.

Mais je ne pouvais pas ne pas rendre hommage à Max Barel, héros de la Résistance.

Arrêté en juillet 1944, Max Barel fut torturé à mort à Lyon par Klaus Barbie et la Gestapo.

Il fut torturé de toutes les façons possibles. Il fut tour à tour flagellé jusqu’au sang ; ce traitement n’ayant pas donné de résultat, il fut baigné dans l’eau glacée ; pendant ce traitement il tenta de se suicider de différentes façons ; ceci n’ayant pas donné de résultat il fut mis dans une baignoire et arrosé d’eau bouillante ce qui occasionna des brûlures du 2e et 3e degré ; cela a été fait par Klaus Barbie. C’est ainsi qu’est mort à tout juste trente et un ans, Max Barel, vraisemblablement le 11 ou le 12 juillet 1944, à Lyon.

Max Barel s’inscrit pleinement dans l’histoire de la Résistance niçoise aux côtés de Séraphin Torrin et d’Ange Grassi, de Jean Baptiste Malausséna et des fusillés de l’Ariane, des fusillés de Saint Julien du Verdon, de Virgil Corbani et de tant d’autres.

Torrin et Grassi

Symboles éternels de la résistance niçoise et alentours, Séraphin Torrin et Ange Grassi, résistants FTP du village de Gattières furent pendus par les Nazis le 7 juillet 1944 et chaque année nous leur rendons hommage.

Chaque année je regarde ces deux réverbères de l’angle de l’avenue de la Victoire (aujourd’hui avenue Jean Médecin) et des rues Hôtel des Postes et rue de la liberté et je pense à cette page de l’histoire de Nice.

Ceux de ma génération ont tous eu dans leur famille des parents ou grands parents qui sont passés ce jour là par ce bout d’avenue où sont restés exposés plusieurs heures ces deux corps inertes.

Désormais les témoins directs se raréfient et il nous appartient de perpétuer leur souvenir.

C’est la journée mondiale des réfugiés.

 

C’était il y a 5 ans, Michel Vauzelle, qui était président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon lançaient une pétition pour interpeller l’Union européenne sur le drame des migrants en Méditerranée. « La Méditerranée n’est pas un cimetière. Elle doit être un symbole de solidarité, de fraternité et de paix. Nous sommes tous méditerranéens. »

Face au scandale de milliers d’enfants, de femmes et d’hommes qui périssent en Méditerranée, fuyant la guerre, les persécutions, la misère et l’extrémisme, cette campagne visait à rappeler les valeurs humanistes qui fondent le projet commun européen.

Cet appel fut signé quasiment pour tous les présidents des régions méditerranéennes .
Il demandait à l’’Europe d’être d’une part, un protagoniste du processus de paix en Méditerranée et lutter contre tous les réseaux du crime organisé (trafic d’armes, etc.) et, d’autre part, de répondre à l’urgence humanitaire posé par les migrants, assurer leur secours en mer et leur accueil dans des conditions dignes.

Michel Vauzelle rappelait que les régions de la Méditerranée était en première ligne sans pour autant disposer de moyens appropriés et qu’elles avaient la responsabilité humaine, financière et technique de sauver des vies et d’accompagner les migrants dans leur insertion économique et sociale. Elles avaient la responsabilité de tendre la main à ces personnes qui risquent leur vie, indépendamment de leur religion, de leur couleur de peau ou de leur origine.

J’ai travaillé à ses côtés logiquement puisque j’avais la délégation aux relations internationales. Ce fut un moment politique passionnant car cette pétition fut une initiative de grande ampleur, inédite car menées par les Régions, avec une portée diplomatique non négligeable.

Mais le temps nous a manqué et il ne fallait pas compter sur le duo Estrosi Muselier pour suivre cette voie.