Oui au statut du conjoint présidentiel !

Brigitte Macron

Il y a des choses à dire sur le démarrage du quinquennat d’Emmanuel Macron, notamment la décision de baisser l’APL de 5 euros par mois, que je désapprouve totalement.

Autant l’attaquer sur le staut de la « premiere dame », c’est lui faire un mauvais procès dans un secteur où la création d’un statut n’amènerait que de la transparence et des règles dans un domaine où l’opacité règne depuis des décennies.

Il y a des décennies que la « première dame » bénéficie :
– d’un chauffeur,
– d’un service de sécurité,
– de secrétaires et collaborateurs,
– de bureaux et locaux à l’Elysée.

Personne ne sait combien ont couté à l’Etat Danielle Mitterrand, Bernadette Chirac, Cecilia Sarkozy, Carla Bruni, Valérie Trieweiller ou Julie Gayet.

Il est stupide d’attaquer une démarche qui vise à mieux encadrer une situation de fait, parce que, qu’on on le veuille ou non, le conjoint présidentiel n’est pas un Français comme les autres.

Seul bémol, je ne suis pas favorable à un statut de « première dame », mais plutôt favorable à un statut de conjoint présidentiel (ou concubin). Élire un homme président de la république n’est pas une fatalité, le tour d’une femme viendra bien un jour.

« Yes la meuf is dead »!

 

Sibeth Ndiaye

 

Ce SMS attribué à Sibeth Ndiaye pour évoquer la mort de Simone Veil déchaîne depuis trois jours la presse.

Cette situation est la conséquence de trois paramètres.

Il y a certainement chez une partie des détracteurs une dimension raciste. Une noire qui réussit, ça en dérange certains. Il suffit de regarder les commentaire sur la toile pour en prendre toute la dimension.

Mais il y a autre chose.

Depuis le début la stratégie de communication de l’Elysée déplait profondément à la presse. Parole présidentielle rare, très cadrée, peu dep off, jamais de réponse sur un autre sujet que l’objet d’une conférence de presse, etc. Il était évident qu’à la première occasion, la presse « se la paierait » car elle est considérée comme la responsable de ces choix de communication.

Et puis il y a tout simplement le changement générationnel. Sibeth Ndiaye est jeune et parle comme les jeunes. C’est tres maladroit pour la circonstance parce que Simone Veil est une icone mais elle n’était pas encore née en 1974. Cela montre peut-être un manque d’émotion, mais pour beaucoup de jeunes, Simone Veil c’est déjà de l’histoire et ça ne les touche pas plus que cela.

Ce n’est pas la dessus que l’on doit juger de ses qualités mais elle doit en tenir compte pour l’avenir dans une société qui poursuit sa dérive préoccupante où la forme prime de plus en plus sur le fond.

La réserve parlementaire, c’est terminé !

Assemblee nationale

Les députés ont voté la suppression de la réserve parlementaire, dans le cadre du projet de loi de confiance dans l’action politique.

C’était une mesure emblématique et attendue.
L’existence de cette enveloppe de 150 millions d’euros que se partagent les membres du Parlement pour accorder des subventions dans leur circonscription fait l’objet de nombreuses critiques.

C’est l’opacité qui a eu raison de cette réserve parlementaire. Le caractère discrétionnaire de sa distribution alimente des soupçons de clientélisme, quand d’autres défendent le fait qu’elle permet de préserver un ancrage local.

Beaucoup d’arguments ont été avancés par ceux qui ont tenté de défendre son principe : le soutien aux petites associations, aux petites communes, à ceux qui ont vu leurs subventions coupées par les mairies FN, etc.

Mais le manque de transparence a tout balayé et ce privilège est tombé le 28 juillet.

Le paradoxe Hamon !

Hamon

La sortie de Benoît Hamon du PS est une surprise. Lui qui, depuis des années, a tout construit patiemment pour pouvoir un jour en prendre le contrôle. Il a su créer des réseaux, empiler des générations de MJS dans les motions successives qu’il a animées, avant de faire une OPA librement consentie sur les amis d’Henri Emmanuelli.

Puis il y eut Frangy, la cuvée du redressement productif et l’organisation méthodique de la fronde pour saper le gouvernement.
Toute cette stratégie devait déboucher sur une défaite du PS à la présidentielle. 2017 devait entériner la fin de la domination du courant social démocrate sur le PS.

J’ai tendance à penser depuis le début que Benoît Hamon a été candidat à la primaire non pas pour être candidat à la présidentielle mais pour faire avancer des idées pour préparer le prochain congrès et sa prise de pouvoir sur le PS où il se serait imposé comme l’alternative après la débâcle.

Hélas pour lui, Benoît avait sous estimé l’impact du travail de sape des frondeurs sur l’électorat de la primaire. Les électeurs de la primaire ont rejeté le Premier Ministre qui défendait le bilan du gouvernement et ont eu envie de sauter une étape.

Et ça, ce n’était pas prévu ! Hamon, programmé pour être 1er secrétaire du PS en novembre 2017 puis candidat à la présidentielle de 2022, s’est retrouvé propulsé candidat en 2017 malgré lui et en totale impréparation. On connaît la suite.

Au moment où le départ de Manuel Valls lui laissait le champ totalement libre, il quitte lui aussi le PS. C’est le paradoxe qui s’explique par le fait qu’il ne croit sans doute plus à la possibilité de le reconstruire.

Simone Veil est morte !

Simone Veil

Elle fait partie de ce cercle fermé de personnes qui appartiennent à notre patrimoine commun et dont on sait que la mort physique ne l’empêchera jamais de vivre en chacun d’entre nous parce pendant 70 ans, elle a incarné les grandes dates de l’histoire contemporaine de la France.

Je connaissais Simone Veil. J’ai eu cet honneur, ce privilège. Je l’ai rencontré à plusieurs reprises, la dernière fois au lycée du Parc Impérial où elle était venue dévoiler la plaque des enfants juifs qui étaient partis en déportation et y étaient morts. C’était Michèle Merowka, la présidente de l’AMEJDAM qui avait organisé cette cérémonie où elle était venue avec son époux Antoine.

Je me souviens de son discours, profond, bouleversant car il mélait le recul historique à des souvenirs personnels. Parlant du lycée Calmette, où son nom figure sur la plaque commémorative des enfants déportés du lycée, elle avait rappelé ce souvenir « À l’époque, ce lycée était également un jardin d’enfants. J’avais 4-5 ans et je jouais au côté d’une petite fille de mon âge. Lorsqu’elle m’a dit : « Ta mère mourra en enfer parce qu’elle est juive. J’ai essayé d’oublier. Je n’y suis jamais arrivée. »

J’ai eu le privilège ce jour là de déjeuner avec elle et je lui avais confié toute mon admiration pour ce parcours si exceptionnel.

Simone Veil, née Jacob, c’est d’abord une déportée, une rescapée de la Shoah. C’était une niçoise née à Nice le 13 juillet 1927. C’est le 13 avril 1944 qu’elle fut arrêtée à Nice avec sa mère et sa soeur et conduite dans des wagons à bestiaux, pendant plus de deux jours jusqu’à la rampe d’Auschwitz-Birkenau. C’est là, sur le quai, au milieu des chiens, qu’ un déporté lui conseilla, alors qu’elle n’avait que 16 ans et demi, de dire qu’elle en avait 18, ce qui lui vaudra d’éviter les chambres à gaz. Elle survivra aux conditions de vie épouvantable d’Auschwitz-Birkenau, puis à la « marche de la mort », ainsi qu’à des transfert à Mauthausen, puis Bergen-Belsen.

Simone Veil, c’est aussi une grande dame pour les droits des femmes et pour la France : le 26 novembre 1974. c’est ce jour là qu’elle monte à la tribune de l’Assemblée Nationale pour défendre son texte autorisant l’IVG, ce qui lui vaudra des milliers de lettres d’insultes.
Le 26 novembre 1974, alors que des militants de Laissez-les vivre égrènent silencieusement leur chapelet devant le Palais-Bourbon, voici un extrait de son texte :
« Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les 300 000 avortements qui, chaque année, mutilent les femmes de ce pays, qui bafouent nos lois et qui humilient ou traumatisent celles qui y ont recours. (…) Je ne suis pas de ceux et de celles qui redoutent l’avenir. Les jeunes générations nous surprennent parfois en ce qu’elles diffèrent de nous ; nous les avons nous-mêmes élevées de façon différente de celle dont nous l’avons été. Mais cette jeunesse est courageuse, capable d’enthousiasme et de sacrifices comme les autres. Sachons lui faire confiance pour conserver à la vie sa valeur suprême. »

Elle a été un des visages de la construction européenne.
Europhile convaincue car elle savait que l’Europe, c’était avant tout la paix. Elle avait mené la liste Union pour la démocratie française (UDF) aux élections européennes de 1979, selon la volonté du président de la République de l’époque, Valéry Giscard d’Estaing. Après sa victoire, l’ancienne ministre remporte dans la foulée la présidence de l’Assemblée européenne, devenant ainsi la première femme à occuper ce poste lors de la première élection du Parlement Européen au suffrage universel. Cette élection portait un symbole très fort, puisque c’est une ancienne déportée qui accèdait à la présidence du nouveau Parlement de Strasbourg.

Enfin dans les années 1990, Simone Veil s’était éloignée du monde politique pour se consacrer au Conseil constitutionnel.