Conseil municipal du 13 octobre 2016 – Premières expressions des élus niçois après l’attentat du 14 juillet à Nice

 

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Intervention de Patrick ALLEMAND sur les délibérations sur l’attentat du 14 juillet à Nice.

Il n’y a pas moins de 25 délibérations qui sont en lien direct avec l’attentat du 14 juillet 2016 dont Nice a été la cible.

Je veux tout d’abord acter le fait que vous ayez accepté sur ces délibérations, comme sur d’autres, d’accroître le temps de parole de l’opposition. Je vous en remercie. Le débat démocratique gagnera.

L’opinion publique comprend qu’il y ait aujourd’hui un débat apaisé, constructif, nourri par la majorité et ses oppositions. Il faut lui adresser ce message de respect, de rassemblement en cette circonstance exceptionnelle. Il ne s’agit pas d’une scène de règlement de comptes.

La justice a été saisie, faisons lui confiance, laissons-la travailler dans la sérénité et nous verrons les conséquences qu’il faudra tirer une fois les responsabilités établies. Dans l’attente, les polémiques politiciennes, d’où qu’elles viennent, ne sont pas de mise. Soyons ensemble à la hauteur de ce drame qui nous a tous atteint.

L’examen de ces 25 délibérations montre l’effort financier accompli par la ville de Nice. Cet effort s’est concentré sur deux axes : L’accompagnement et la sécurité.

L’accompagnement des victimes et de leurs familles, notamment l’exonération de certains frais comme la restauration scolaire et l’aspect mémoire d’abord avec les délibérations 0.1, 1.1, 1.2, 3.2, 10.1, 35.1 et 40.1.
L’accompagnement des blessés économiques de l’attentat ensuite. Le soutien aux acteurs économiques (0.2), l’étalement des taxes de séjour pour les hôtels, des redevances pour les plagistes (3.1 et 5.1).

La sécurité ensuite, avec l’audit de sécurité, la sécurisation des espaces publics, la sécurisation des écoles, des bâtiments publics, de partenariat avec l’Université.

J’aurais aimé poser publiquement des questions sur ces dispositifs, pourquoi la société LOTAN par exemple pour le diagnostic ? Même si j’ai reçu du maire une réponse circonstanciée.
J’aurais aimé vous faire des propositions pour améliorer certaines délibérations. Je pense, par exemple, que la délibération concernant la sécurisation des espaces publics doit intégrer la Gare SNCF et la place du Pin, car on ne peut pas ne pas tirer les conséquences de ce qu’il s’est passé à Orlando. J’aurais pu revenir aussi sur la question du périmètre d’indemnisation pour les commerces touchés dans leur activité, au-delà du boulevard Gambetta.

Je n’ai pas le temps, alors j’ai choisi de parler de ce qu’il n’y a pas dans ces délibérations. Je veux parler de la prévention et du vivre ensemble.

Ce qui me heurte, c’est l’indigence de la délibération 4.1 sur la cohésion sociale et la politique de la ville. Nous sortons d’un attentat qui a fait 86 morts. Depuis il y a eu des dizaines d’arrestations dont plusieurs adolescentes en préparation d’attentat.
Ce n’est pas moi, c’est le Procureur de la République qui le dit. Nous sommes l’une des villes les plus gangrénées par la radicalisation, nous avons, paraît-il, plus de fichés S à Nice qu’à Paris intra-muros et, la seule réponse à ce défi géant, qui doit mobiliser tous les républicains, c’est un partenariat avec les Editions Mémoires Millénaires ! J’attendais autre chose.

J’aurais aimé trouver une délibération sur l’égalité hommes-femmes parce qu’il n’est pas possible que l’intégrisme islamiste porte atteinte à la liberté des femmes. La liberté ! Pour moi, la question n’est pas celle du voile ou pas. Mais aucune jeune fille, aucune jeune femme, aucune femme ne doit être voilée sous la contrainte d’un père, d’un frère ou d’un mari. La collectivité doit construire une réponse de protection parce que la république doit protéger celles qui résistent.

J’aurais aimé trouver une délibération sur la santé, des partenariats avec le Conseil départemental et avec la CPAM pour intensifier l’effort sur la prévention des maladies mentales et des phénomènes dépressifs. Parce que le désespoir n’est plus seulement un drame individuel, c’est désormais un danger pour tous. Faire en sorte que les suivis des chocs post traumatiques, liés à l’attentat, soient identiques, que l’on ait de l’argent ou pas, et être attentifs aux plus fragiles qui n’auront pas les moyens financiers si un suivi psychologique long s’avère nécessaire. J’en profite pour saluer l’effort du gouvernement et de Marisol Touraine qui a mobilisé des moyens supplémentaires pour nos hôpitaux qui les réclamaient. 24 postes supplémentaires.

J’aurais aimé trouver une délibération sur la laïcité et les valeurs républicaines à l’école, et notamment sur la gratuité des Temps d’Accueil Educatifs parce que la fréquentation des TAE est inversement proportionnelle au niveau socio-économique des familles. Vous êtes en train de créer une inégalité de plus. Or, nous avons besoin de TAE à haute valeur ajoutée sociale, faisant la promotion de la citoyenneté et des valeurs de la République.

J’aurais aimé enfin, une grande délibération sur la vie associative dans les quartiers, parce qu’elle est une arme de la reconquête, parce que c’est au cœur des associations que l’on brasse le plus de mixité sociale. J’aurais aimé une annonce d’une hausse de 30 % de l’enveloppe consacrée par la ville à ces associations en droit commun et que ce soit les petites associations, les moins subventionnées, qui en bénéficient en priorité pour diversifier les réponses possibles.

Je n’ai rien trouvé de tout cela.
Certes, la réponse de la ville doit être sécuritaire et vous l’avez fait, mais elle ne peut être uniquement sécuritaire.

Néanmoins, nous voterons pour l’ensemble de ces délibérations. En attendant les suivantes.

Fonds d’aide aux entreprises impactées par l’attentat du 14 juillet : la manipulation d’Estrosi en Conseil métropolitain !

 

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Le fonds d’aide exceptionnel aux entreprises a été voté lors du dernier Conseil métropolitain, vendredi 30 septembre 2016. Comme nous l’avions prévu, nous avons voté « pour » cette délibération.
Néanmoins le projet initial prévoyait de limiter l’éligibilité des demandes aux entreprises impactées dans un périmètre délimité au Nord par la gare SNCF, et à l’Ouest par le boulevard Gambetta. De fait, cela excluait tous les commerces de la rue de France (après Gambetta) et de l’avenue de la Californie, jusqu’à Carras.

Considérant que de très nombreuses entreprises de ce secteur avaient terriblement souffert avec des baisses d’activités pouvant aller jusqu’à moins 60 %, nous avions demandé l’extension de ce périmètre. Embarrassé, Christian Estrosi n’a pas voulu nous donner directement raison, mais a toutefois changé le périmètre, en appliquant au fonds les limites de la zone touristique internationale.

Désormais, la Libération, Garibaldi ou le Port sont explicitement intégrés dans le périmètre et éligibles à des demandes d’aide. Sans notre intervention, ils n’auraient pas non plus été concernés. C’est une bonne chose car tout le monde a souffert. Ce périmètre intègre également la Promenade des Anglais jusqu’à Carras, mais uniquement la Promenade ! Les commerces de la rue de France et de la Californie sont toujours exclus du fonds !

C’est une injustice insupportable pour des commerçants situés à proximité immédiate de l’attentat et qui ont subi directement les 4 jours de fermeture des plages, plus la chute de l’activité commerciale jusqu’à fin août.

C’est une injuste car Estrosi essaie de faire croire que le responsable de cette situation serait l’auteur de la Zone Touristique Internationale, à savoir Emmanuel Macron ! Sauf que le périmêtre délimité par Macron en février concernait les autorisations d’ouverture des commerces le dimanche, pas l’impact d’un attentat ! C’est une manipulation manifeste car le critère pour être eligible au fonds ne devrait pas être le périmètre de la Zone Touristique Internationale, mais tout simplement l’impact de la baisse du tourisme en général, (d’origine niçoise, régionale, française, européenne ou internationale) sur l’activité commerciale.

Il n’y a pas besoin d’être expert pour comprendre qu’aux Bosquets ou à Fabron, un commerce d’articles de plage ou de restauration rapide a subi les conséquences économiques de l’attentat avec autant d’intensité qu’au Port ou à la Libération, peut être même plus.

Il suffit d’être niçois et d’aimer Nice pour comprendre ce phénomène et pour anticiper les dramatiques conséquences pour les commerçants et pour l’animation d’un quartier déjà éprouvé par le tramway. Pour les commerçants de la Rue de France et de l’avenue de la Californie, c’est la triple peine – les travaux du tramway – l’attentat – l’exclusion injuste et arbitraire du Fonds d’aide

Cinq attentats déjoués depuis la 14 juillet à Nice !

 

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C’est le chiffre inquiétant que nous a révélé mercredi le documentaire choc que France 3 a diffusé en seconde partie de soirée pour les téléspectateurs de la région Provence Alpes Côte d’Azur, hélas un peu trop tard.

Cela ne m’arrive pas souvent mais je félicite toute l’équipe de France 3 Côte d’Azur pour la qualité de ce sujet qui révèle Nathalie Layani comme une bonne meneuse de débats et démontre qu’il peut y avoir en province d’excellents professionnels même s’ils sont mis moins en valeur que surs les chaines nationales.

Ce reportage confirme que les quartiers est de la ville sont des foyers de radicalisation très importants et révèle les nombre impressionnant de fichés S que nous avons ici. On voit très nettement « les Chênes » et la cité Roquebillière apparaître sur les images.

Dans ce document consacré à la lutte contre le phénomène de radicalisation dans les Alpes-Maritimes, le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, révèle que plusieurs projets d’attentats ont été déjoués depuis celui, tragique, du 14 juillet qui avait fait 86 morts sur la promenade des Anglais. «Il y a plusieurs dossiers qui ont été transmis au parquet antiterroriste de Paris», indique le magistrat. Cinq projets d’attentats, plus de 70 affaires en lien avec le terrorisme et avec la lutte contre la radicalisation et des procédures diverses pouvant concerner à la fois des actes d’apologie du terrorisme, de menaces ou de consultation de sites Internet.

Ces projets d’attentats, indique M. Prêtre, concernaient des «lieux de culte, des rassemblements, des manifestations sportives, des stades, des écoles bien sûr, des choses assez récurrentes dans toute la littérature, entre guillemets, publiée sur Internet».

Le procureur va même plus loin «On se retrouve avec des personnes qui commencent parfois à articuler des choses assez précises sur un type de cible», détaille encore le représentant du parquet, évoquant également, à demi-mot, des personnes qui auraient pu être plus directement ciblées. C’est la première fois.

Tout cela doit nous amener tous à la plus grande vigilance et à faire preuve de citoyenneté. A chaque fois que vous avez un doute, ne pensez pas que vous êtes une « balance », n’hésitez pas à en informer les autorités. Il vaut mieux une erreur, qu’un doute gardé pour soir, avec un drame derrière. Chacun d’entre nous peut sauver ainsi des vies.

Attentat du 14 juillet : Les oubliés de l indemnisation !

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Ce matin nous avons tenu avec Paul Cuturello une conférence de presse à ce sujet en nous appuyant sur des vidéo tournées chez les commerçants.

Nous voterons demain matin la délibération 0.1 du conseil métropolitain portant création d’un fonds exceptionnel d’aide aux entreprises suite à l’attentat du 14 juillet 2016.

On ne peut que se féliciter de cette initiative de solidarité qui mobilise outre la Métropole (552.000 €), le Conseil régional (600.000 €), le Conseil départemental (247.000 €), la CCI métropolitaine (300.000 €) et la CCI régionale (200.000 €) pour un fonds d’un total de 2 millions d’euros.

La cible choisie paraît juste. Oui, les entreprises de moins de 20 salariés ont été directement impactées au niveau économique, notamment les restaurants, les snacks, les hôtels, les commerces de souvenirs et autres établissements.

L’attentat du 14 juillet a impacté l’activité, notamment durant la période allant du 15 juillet 2016 au 15 septembre 2016, soit deux mois, et pour de nombreux commerces la perte du chiffre d’affaires a été d’au moins 20 %.

Si nous avons organisé, c’est parce que, si elle est votée en l’état, cette délibération serait profondément injuste.

En effet, dans son sixième considérant, la délibération précise que, pour être éligible au fonds, le commerce devra être situé dans le périmètre géographique de la zone touristique limitée à l’ouest par le boulevard Gambetta et au nord par l’avenue Thiers.

Or, à l’ouest du boulevard Gambetta, rue de France, rue Dante, avenue de la Californie, à Magnan, aux Bosquets et jusqu’à Carras, les commerces ont souffert.

La Promenade des Anglais a été fermée pendant 72 heures, les plages ont été fermées pendant quatre jours. Il y a eu un impact évident sur les commerces de la rue de France et de la Californie.
D’une façon générale, les flux financiers liés à l’activité touristique, qui n’est pas négligeable entre Gambetta et les Bosquets, comme l’attestent les nombreux hôtels classiques, appart-hôtel ou meublés, ont été impactés.

Les commerces particulièrement touchés sont les commerces :

– Articles de plage
– Boulangerie / restauration rapide et à emporter
– Restauration

Ces derniers ont subi le contrecoup des départs précipités des touristes des hôtels de secteur.

Comment exclure du périmètre, un secteur avec des hôtels emblématiques comme le Radisson ou l’Ibis, à forte capacité d’accueil, dont les clients font travailler les sandwicheries ?
Pour les commerçants de la rue de France et de l’avenue de la Californie, c’est la triple peine : les travaux de la ligne 2 du tramway, le préjudice attentat et l’exclusion du périmètre d’indemnisation.
Le périmètre est d’autant plus curieux qu’il est limité à l’ouest par Gambetta, mais sans limite à l’est. Les commerçants du Port seraient donc éligibles, mais pas ceux de la Californie ? Pourtant, les commerçants du Port n’ont pas été impactés directement mais indirectement. Ils ont plus souffert de l’annulation de la fête de l’Assomption et de la fête du Port.

Tout le monde sait que l’activité sur la « Prom » a été quasi nulle pendant plusieurs jours, notamment vers Magnan. Je rappelle que le quartier de la Madeleine, avec neuf décès, a payé un lourd tribut à cet attentat.

Le périmètre privilégie les commerces de la zone principale au détriment des petits commerces périphériques, pourtant plus fragiles. A la Californie, un commerce qui ferme, c’est tout le quartier qui s’appauvrit.

Demain matin, je vais tout faire pour obtenir l’extension du périmètre d’indemnisation jusqu’à Carras, sans esprit polémique mais avec pour seule exigence la justice.