La fin des géants du transport

 

S’il est un secteur que le Covid19 aura bouleversé c’est bien celui des transports.

Air France KLM vient d’annoncer la fin de service de l’airbus A380. Le transporteur franco-néerlandais avait déjà expliqué en juillet 2019 que, pour des raisons de rentabilité de l’appareil, plus gourmand en kérosène et plus polluant que les dernières générations d’avions long-courriers, il allait cesser de faire voler le géant des airs à la fin de 2022.

La crise du Covid19 a accéléré le processus. La compagnie française doit réduire de 50 % les émissions de CO2 sur ses vols intérieurs d’ici à 2024 et engager une réflexion sur son réseau en France quand des alternatives ferroviaires de moins de deux heures et demie existent.

Il en est de même dans le secteur des croisières pour les « géants des mers »,ces navires immenses, très polluants que trois grandes compagnies exploitent et qui sont percutées par la crise. Carnival, Royal Caribbean Cruises Et Norwegian ont vu leurs actions chuter de plus de 70 %.

Ces navires géants ont montré qu’ils pouvaient s’avérer dangereux en cas de pandémie. La promiscuité dictée par les critères de rentabilité rend le confinement inefficace. Aucun port ne veut les accueillir. La croisière s’amuse se transforme en prisons flottantes.

Le Diamond Princess restera dans les annales de l’épidémiologie ce navire de croisière qui aura hébergé les premières études sur la contamination par la CoViD-19, avec quelque 700 passagers touchés.

Actuellement 104 navires de croisières sont à l’arrêt dans les eaux americaines, retenant plus de 71000 membres d’équipage. Les compagnies annoncent un redémarrage en juillet mais la clientèle suivra t’elle ? Rien n’est moins sûr.

Restaurants : le casse tête de la distanciation sociale

Autorisée sans doute le 2 juin, la réouverture des restaurants sera un symbole de la résilience pour Nice.

Mais derrière ce symbole se cachent bien des difficultés.

Il y a ceux qui vont parvenir à appliquer la distanciation sociale : sens de circulation dans le restaurant, croisement des personnes, suppression des menus, plexiglas, gestion du propre et du sale, etc. Chaque restaurant va tenter de rassurer au maximum sa clientèle car il faut faire revenir un client qui a encore peur.
Mais ceux qui ont de la surface intérieure ou en terrasse vont négocier des extensions d’occupation du domaine public et parviendront à remplir les critères.

Il y a ceux, et ils sont nombreux, qui vont faire semblant. Ce sera distribution de masques, gel hydroalcoolique à disposition et à volonté, éventuellement suppression des menus à table. Mais que peuvent ils faire d’autre. Il leur manque le nerf de la guerre : la surface. Je pense notamment à tous ces petits restaurants de quartier qui ciblent les salariés avec une formule plat du jour à 10-12 euros. Ils mettront peut être une ou deux tables sur le trottoir pour gagner un peu d’espace, si la mairie est bienveillante mais à l’intérieur il n’y arriveront pas. Ou alors ce sera tellement au détriment de la rentabilité que la question de la pérennité de l’activité se posera.

Enfin, il y a ceux, et il y en aura pas mal, qui ne repartiront pas car les frais fixes ayant continué de courir, les dettes se sont accumulées. On parle d’un tiers de dépôt de bilan au niveau national. J’ai tendance à penser qu’il y en aura moins chez nous mais j’avoue n’avoir aucune donnée objective pour l’affirmer.

Proximité et solidarité sortiront gagnantes de cette crise sanitaire

Les niçois.e.s ont répondu présents dans cette circonstance exceptionnelle.

Le premier champ de bataille fut le chantier de la protection des plus vulnérables.

il y a eu les gestes barrière pour endiguer la propagation du virus. Il y a aussi les gestes solidaires pour démultiplier les gestes de solidarité.

Les gestes les plus simples (téléphoner, prendre des nouvelles, proposer de l’aide à ses voisins) sont devenus monnaie courante et nous avons fait preuve d’une attention à l’autre exemplaire.
Il n y a qu’à voir les nombreuses actions de solidarité qui ont été engagées aussi bien à titre individuel que de l’associatif ou du professionnel

Il faut profiter de ce recul de l’individualisme, de cette volonté de faire ensemble pour agir avec responsabilité et aborder l’autre défi.

Car le second champ de bataille sera celui du sauvetage du petit commerce. Certes les commerces ont été aidés par les collectivités locales et territoriales et les chambres consulaires.

Mais la puissance publique pourra tout faire : fonds d’urgence, exonération des redevances d’occupation du domaine public, exonération temporaire des loyers des locaux appartenant à la commune ou à la métropole, stationnement gratuit jusqu’au 30 juin, bons cadeaux de la ville pour tout achat d’au moins 50 euros.

Rien en sera suffisant s’il manque l’essentiel qui consiste à faire revenir les clients dans les magasins et les boutiques malgré les contraintes sanitaires et la peur du Covid19.
Il nous faut également favoriser par tous les moyens la consommation locale, et valoriser l’agriculture locale en développant les filières courtes.

Cette crise sanitaire arrive à un moment où le débat sur le « consommer autrement » prend de plus en plus de place dans le débat public et où les consomma-teurs-trices font le lien entre la santé et la qualité de la consommation

Comme quoi il peut germer au cœur des crises les plus terribles un espoir pour l’avenir.

Ce tweet qui met le feu à l’aéroport

 

J’ai tweeté il y a deux heures que des dizaines d’emplois, peut-être plus, étaient menacés à l’aéroport de Nice Côte d’Azur.

Voici ce tweet.

Il se prépare sur la plate-forme de l’aéroport #NiceCôtedAzur des dizaines de licenciements. Seul le recours à un allongement du chomage partiel pourrait endiguer ce qui deviendra inévitable si l’activité ne reprend pas. Ce sera un choc social de plus pour notre département. https://t.co/hcwSAGqpMF

J’assume.

Cela fait plusieurs jours que je reçois des alertes provenant de salariés inquiets de la tournure prise par les événements mais c’est un long message qui m’est parvenu ce matin qui m’a décidé à intervenir publiquement.

Voici ce message :

« bonjour,

Je fais appel à vous pour nous aider dans cette crise sanitaire et économique sans précédent.

Je travaille comme agent d’escale au sein d’une entreprise de l’aéroport Nice Côte d’Azur qui est spécialisée dans les services aéroportuaires d’assistance.

Cette société emploie un peu moins de 400 salariés sur Nice. Nous ne possédons pas d’avions mais nous faisons la sous traitance de plus d’une quarantaine de compagnies (agents de billetterie, agents d’enregistrement et d’embarquement des passagers, agents des litiges bagages, coordinateurs de vol et nois traitons également beaucoup de vols de l’aviation privée.

Nous sommes des dizaines et des dizaines d’entreprises ou de sociétés de services sur l’aéroport à vivre du tourisme (sous-traitants aéroportuaires, magasins, loueurs de voitures, sociétés de sécurité, sociétés de nettoyage, sociétés de catering, pompiers, policiers, médecins).

C’est une ville dans la ville.

Suite à cette crise, cette ville s’est éteinte. Le terminal 1 est fermé depuis la mi-mars car il fallait réduire les coûts d’exploitation. Seul le terminal 2 est ouvert actuellement avec tout au plus 3 ou 4 vols par jour.

C’est une désolation

Et dans chaque aéroport français, c’est la même situation. Aujourd’hui nous avons l’impression d’être les oubliés de l’État.

En effet l’État à rallongé le chômage partiel jusqu’en septembre 2020 pour les secteurs d’activité touristique (Hôtels, restaurants, compagnies aériennes) mais visiblement il ne mentionne pas les sociétés aéroportuaires qui en dépendent.

L’État parle de maintenir le chômage partiel pour les entreprises complètement à l’arrêt, mais quid des entreprises dépendantes du tourisme qui travaillent très peu et où 9/10eme du personnel est en chômage partiel comme nous.

En mai 2019, notre société a traité un peu plus de 2100 vols alors qu’en mai 2020, seulement 20 vols sont prévus. Nous ne sommes pas à l’arrêt mais c’est tout comme.

Comment le gouvernement peut il imaginer une participation des employeurs pour le paiement du chômage partiel alors que l’activité est au plus bas.

Nos entreprises, déjà fragilisées ne pourront pas supporter ce poids économique supplémentaire et ne pourront pas éviter de procéder à des licenciements.

Nous vous sollicitons afin que vous puissiez faire entendre nos voix, la voix de ces milliers d’emplois du secteur aérien qui sont en danger.

Il faut préserver ce chômage partiel en totalité jusqu’à la reprise d’activité. « 

Se rajoutent à ce texte à la fois précis et prenant d’autres éléments.

Les compagnies du Terminal 1 au niveau enregistrement se font sous traiter par Aviapartner au niveau de l’enregistrement et de la piste. Pour la soute Aviapartner elle même sou-traite à GSF. Pour la sécurité du Terminal 1, c’est la société Securitas.

Pour la sûreté du Terminal 2, c’est la société Samsic. C’est le terminal que la société aéroportuaire va exploiter au maximum pour rouvrir le T1 au premier trimestre 2021.

Ce scenario mettrait tous les sous traitant du Terminal 1 Securitas, Aviapartner, GSF, dans l’obligation de licencier massivement.

Voici ce qui se prépare et dont personne ne parle.

Au delà d’exprimer notre solidarité et notre soutien à tous ces salariés et à leur famille, il me parait essentiel de peser par tous les moyens et au delà des clivages politiques pour que le chômage partiel de ces entreprises soit aligné sur celui des professionnels du tourisme.

L’Italie va rouvrir ses frontières le 3 juin

 

Le gouvernement de Giuseppe Conte à annoncé que les frontières seraient rouvertes à compter du 3 juin et que les quarantaines obligatoires pour les étrangers sont annulées.

Cette décision intervient à un moment opportun car les italiens ont besoin de l’Europe et l’Europe a besoin de l’Italie. Or le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Europe n’a pas été très présente aux côtés de l’Italie au moment où la crise sanitaire du coronavirus a éclaté chez nos amis transalpins. Aujourd’hui ils sont seulement 34% à approuver l’attitude de l’Europe vis à vis de leur pays.

Même les 540 milliards d’aide attribuées par l’Europe, dont 240 millions au titre du MES, le mécanisme européen de stabilité, n’ont pas restauré la confiance.

Il faut dire que le classe politique italienne régulièrement, quand une mesure est impopulaire, n’hésite pas à mettre en avant l’Europe comme bouc, émissaire.

Déjà livrée à elle même lors de la crise des migrants qui a porté au pouvoir Matteo Salvini et l’êxtreme droite, l’Italie doit faire l’objet de la plus grande attention en matière de solidarité, faute de quoi Salvini pourrait à nouveau en profiter.

En tout cas c’est une bonne nouvelle aussi bien pour la Côte d’Azur que pour la Riviera Italienne, et pour tous nos amis italiens de Nice. Laura Albanese, Elena Sanfilippo