Le SAMU social ne répond plus !

Il y a deux semaines, Xavier Emmanuelli démissionnait de la présidence du SAMU Social en affirmant que la situation budgétaire n’était plus gérable. Aujourd’hui 2 août, les professionnels de l’urgence sociale sont en grève pour dénoncer les restrictions budgétaires décidées par l’État puisque les crédits ont été ramenés de 110 millions d’euros en 2010, à 90 millions d’euros en 2011. Le financement de l’hébergement en hôtel a été diminué de 25%. Cet appel à faire la grève et à manifester dans toute la France s’adresse aux personnels du numéro d’urgence 115 et aux équipes mobiles qui vont à la rencontre des SDF. Il a été lancé par la Coordination Nationale des Professionnels de l’urgence sociale.

Cette grève est symbolique. Elle intervient à une période où elle n’est pas cruciale ce qui démontre le grand esprit de responsabilité du secteur. La même action pourrait avoir des conséquences humaines dramatiques en hiver. C’est donc le bon moment pour interpeler une opinion publique, certes en vacances, mais qui reste sensible à ce type d’enjeu. En fait, cette situation n’est que l’un des reflets des conséquences de la politique du gouvernement dont certains choix ont aggravé la profondeur de la crise.

En effet, non seulement l’État réduit ses moyens en 2011 pour l’hébergement des SDF, mais dans le même temps, il y a de plus en plus de SDF.

Le numéro d’appel 115 est saturé, les urgences des hôpitaux sont saturées et, dans le même temps, des places d’hébergements sont supprimées ! Une enquête menée par la FNARS* révèle que les trois quart des parents avec enfants qui sollicitent le 115 reçoivent une réponse négative à leur demande : plusieurs centaines d’enfants se retrouvent ainsi à la rue. C’est en Ile de France et en région Provence Alpes Côte d’Azur que la situation est la plus difficile. Pendant ce temps, le gouvernement indique que le droit opposable au logement est appliqué dans 90% des départements …

Face à cette situation, le gouvernement plaide pour une réorientation de sa politique. L’idée est une priorité à l’accès à long terme des SDF à un véritable logement. Cela rappelle étrangement et que nous sommes dans un contexte pré-électoral présidentiel et une fameuse formule de Sarkozy en 2007 : « zéro SDF en France » !

Même si l’objectif est louable à long terme, était-ce vraiment le moment de supprimer 4500 places d’hébergement ? Le gouvernement dénonce l’hébergement d’urgence comme étant très coûteux. Mais c’est la société qui l’a rendu si coûteux en accablant de normes même le plus modeste des gîtes. Là aussi, peut-être faudrait-il raisonner autrement et hiérarchiser les priorités car l’essentiel ne reste-t-il pas : « un toit pour tous » ?

*FNARS : Fédération Nationale des Associations d’Accueil et de Réinsertion Sociale

La folle remontée du chômage

En un mois, le chômage vient d’augmenter de 36300 demandeurs d’emploi. Ce mauvais chiffre arrive après quatre mois de baisse consécutive sur lesquels le gouvernement avait abondamment communiqué. On en était presque arrivé au point d’oublier que le chômage avait augmenté de 158 100 demandeurs d’emploi en un an et de 483 000 en deux ans !

La situation continue donc de se dégrader trois ans après le début de la crise financière et cela, contrairement à ce qu’il se passe chez nos voisins européens. C’est donc bien qu’il y a un problème national.

Quel est ce problème national ? Simplement, la politique économique et sociale de Nicolas Sarkozy et de François Fillon. A ce stade, la crise ne peut raisonnablement être tenue pour responsable de tout.

Paradoxalement, le plan de relance du gouvernement a été un plan de relance typiquement keynésien, étonnant pour un gouvernement libéral. Il n’a été orienté que vers l’État et les collectivités locales. Il n’a absolument pas concerné les entreprises, ni les banques. Pourtant, le gouvernement qui avait renfloué les banques, aurait pu exiger, en retour, un assouplissement des conditions d’accès au crédit pour les investissements des entreprises.

En pleine économie frappée par une baisse d’activité, l’autre choix calamiteux a été de décider la suppression de 100 000 postes de fonctionnaires. Un choix qui est en ce moment précis un non-sens économique alors qu’il aurait justement fallu soutenir la consommation.

Il en est de même pour le choix stratégique du développement des heures supplémentaires. Je n’y suis pas favorable, mais on peut économiquement le concevoir dans une économie en croissance voire en surchauffe. Mais certainement pas dans la situation actuelle de la France où les heures supplémentaires ont freiné l’embauche.

C’est cette succession de mauvaises analyses qui a contribué à la situation actuelle en matière d’emploi, ce problème n’ayant jamais été, il faut le dire, la priorité du gouvernement.

La règle d’or


S’il y a une règle d’or que s’applique Nicolas Sarkozy, c’est d’être capable de tout oser.
Après quelques semaines d’accalmie, de travail sur son image présidentielle  (il serait temps), ne vient-il pas d’écrire à l’ensemble des parlementaires pour les inviter à voter la soi-disant règle d’or ?
Le recours à cette procédure inhabituelle, contraire au principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs, révèle deux objectifs : sa volonté de faire de cet enjeu une question prioritaire de la future campagne présidentielle et, en même temps, réaliser une opération de pure communication qu’il espère efficace.
Il est quand même fort de café que, reprenant une idée de François Bayrou de la dernière élection présidentielle, il ose une telle stratégie ! En effet, et selon la cour des comptes, sur les 150 milliards d’euros de déficit de l’année dernière, 50 milliards sont imputables à la crise et 100 milliards à la seule politique du gouvernement.
Cette majorité a systématiquement contribué à creuser les déficits et continue à le faire en baissant les recettes de l’ISF au bénéfice des plus aisés des français et ceci, même si elle a dit se résoudre à supprimer le bouclier fiscal.
Bien entendu, il ne faut pas que les socialistes, qui ont toujours eu une vision dynamique de la dépense publique, votent cette règle d’or.
C’est d’une vraie réforme fiscale dont la France a besoin, qui soit juste, efficace et centrée sur l’investissement et l’emploi. Faire du déficit pour créer la croissance du lendemain n’est pas un problème en soi.
Il ne faut surtout pas se priver de cette possibilité.

La cour des comptes sceptique sur la vidéosurveillance

Il est bien dommage que les deux derniers conseils municipaux, les 11 et 22 juillet derniers, n’aient eu à l’ordre du jour aucune délibération sur la vidéosurveillance.

Tout le monde connaît, depuis le départ de ce mandat, notre opposition à la politique du maire en matière de vidéosurveillance. Elle est efficace dans la résolution des délits, mais pas dans la prévention des délits. Elle peut être un complément à une politique de sécurité mais en aucun cas son fer de lance pour compenser la présence humaine.

Une visite très complète du centre de vidéosurveillance a conforté ma position. J’y ai passé plus d’une heure, j’ai visionné plusieurs interventions et je le  confirme : ceux qui nient son efficacité pour arrêter les délinquants ont une position idéologique. Mais, précisément pour avoir visionné plusieurs délits, parmi lesquels des atteintes aux personnes parfois très violentes (le tabassage d’une jeune femme par exemple, avenue Malausséna), je vous l’affirme clairement : il n’y a aucun effet dissuasif car le délinquant pense toujours être plus malin que la caméra.

La Cour des comptes vient dans un récent rapport de donner son sentiment sur la vidéosurveillance. Le diagnostic est sans complaisance.

Si Claude Guéant a réagi aussi violemment, en dénonçant un certain nombre d’inexactitudes, d’oublis et d’appréciations supposés manquer d’objectivité, c’est qu’il a compris que la légitimité de la cour des comptes dans l’opinion publique était un danger.
Or ce rapport entérine en fait des constats que des professionnels et des chercheurs font depuis des années. En plus, ceux-ci sont fondés sur des données fournies par les services de police et de gendarmerie.

Le développement de la vidéosurveillance a un coût évalué à 300 millions d’euros pour l’État et autant pour les collectivités. La cour s’étonne, compte tenu des sommes engagées, du faible intérêt des collectivités pour l’évaluation. Seulement 30% des collectivités concernées par le dispositif financé par le Fonds Interministériel de Prévention de la Délinquance initient une démarche d’évaluation. 70% d’entre elles ne font rien !

Parmi les exemples cités, Nice et ses 624 caméras (1 pour 500 habitants) où il n’y a pas d’évaluation.

La cour indique ce que j’affirme depuis le début,  » la vidéosurveillance peut être efficace pour repérer les délits violents (atteinte aux personnes) mais ne peut pas prévenir la commission des délits ».
Enfin la Cour des Comptes évoque des installations ayant fait de la part des préfets, l’objet d’autorisations tout a fait contestables, en infraction avec le code général des collectivités territoriales et à l’article 10 de la loi du 21 janvier 1995, lequel était pourtant … une loi Pasqua !