Le groupe Hersant au bord du gouffre !

 

J’ai préside cette semaine une table ronde à la Région avec les présidents de groupe de la majorité lors de laquelle nous avons reçu l’intersyndicale du groupe Hersant.

La situation s’aggrave dangereusement au sein du Groupe Hersant Media dont le pôle Sud regroupe les trois titres historiques de la presse quotidienne régionale (La Provence, Var-Matin et Nice-Matin). Outre l’aspect social, le Conseil Régional ne peut se désintéresser d’un groupe de presse aussi influent sur son territoire.

GHM, qui avait racheté ces titres en 2007 à Lagardère avec le soutien politique de Jean-Claude GAUDIN et Christian ESTROSI, n’a jamais pu rembourser les emprunts contractés alors avec le pool bancaire pour mener cette opération et se retrouve aujourd’hui endetté à hauteur d’environ 225 millions d’euros.

Placé sous le contrôle d’un mandataire ad hoc depuis novembre 2010, GHM négocie officiellement depuis octobre 2011 un projet de rapprochement avec le groupe belge Rossel, déjà propriétaire en France de « La Voix du Nord » (Lille). Ce rapprochement doit théoriquement se traduire par la création d’une holding détenue à parité par GHM et Rossel à laquelle les différents actifs seraient apportés.

Le problème est dû au fait que notre presse quotidienne régionale est la seule qui gagne de l’argent dans ce groupe. Aussi les dirigeants de Rossel demandent que ce pôle sud  contribue au remboursement de la dette à hauteur de 50 millions, ce qui ne peut se traduire que par une réduction importante des effectifs.

D’après les chiffres avancés par les syndicats, 200 emplois sont menacés sur dix-huit mois pour Nice et Var-Matin, ce qui représente plus d’un tiers de l’effectif. Pour « La Provence », le titre qui affiche la meilleure santé,  est évoquée la perte de 60 emplois environ, aucun départ volontaire n’étant remplacé.

Globalement, les organisations syndicales sont favorables au « mariage » avec le groupe Rossel dans la mesure où c’est un industriel solide de la presse, qui plus est indépendant. De plus, les personnels savent combien la situation financière d’Hersant, qui n’avait déjà pas les moyens de ses ambitions au moment du rachat de 2007, est dramatique.

Il ne faut pas oublier que Philippe Hersant a  laisse couler l’an dernier le journal gratuit d’annonces classées « Paru-Vendu » et ses 1650 salariés !

Une rencontre a eu lieu le 24 mai au Ministère du Travail de Michel SAPIN et des contacts établis avec les cabinets d’Arnaud MONTEBOURG et d’Aurélie FILIPETTI. Marie-Arlette CARLOTTI a également été saisie du dossier. Le Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI) est par ailleurs en contact avec les dirigeants des deux groupes.

La stratégie adoptée est de parvenir à ce que cette reprise soit la moins douloureuse possible sur le plan social pour les trois titres de la Région.

Les personnels de ces journaux ont en effet le sentiment de faire les frais, avec l’hypothèse de 260 suppressions d’emploi globalement, d’une mutualisation des pertes essuyées par le pôle Nord de GHM.

Aussi la Région a décidé d’apporter son soutien aux salariés du groupe.