Ayrault decontracté chez les jeunes socialistes

 

   

Samedi après-midi, étant présent à La Rochelle, je suis bien entendu allé écouter Jean-Marc Ayrault. Il est peut-être en chute libre dans les sondages, toujours est-il que la salle plénière de l’Encan était bondée, que l’auditorium où l’intervention était retransmise sur écran géant inaccessible. Ainsi l’organisation a dû mettre des enceintes à l’extérieur où se massaient encore des centaines de recalés.

Le chef du gouvernement, dont l’intervention devant le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) constituait le moment fort de la deuxième journée de l’université d’été du PS, a soigné son entrée. Que  Jean Marc Ayrault ne soit pas François Hollande, tout le monde le sait. Il a néanmoins pris du temps à serrer pas mal de mains dans la salle de l’Encan, et est arrivé à pieds tranquille croisant des dizaines de badauds, étonnés, et de militants, ravis.

Sur le fond, il a voulu faire preuve de pédagogie et a défendu sa méthode de gouvernement, pourtant décriée par l’opposition mais aussi une partie de la majorité qui s’inquiètent de la lenteur des réformes. L’exercice du pouvoir est toujours difficile. Le problème est que nous sortons d’une période agitée et le simple respect et la concertation sont aujourd’hui vécus comme une forme d’immobilisme.

« Nous avons une double responsabilité a rappelé Jean Marc : faire face aux urgences et en même temps, engager le changement en profondeur pour inscrire notre action dans la durée ». »Je défends une gauche durable », a lancé l’ancien patron des députés socialistes, qui « ne veut pas multiplier les décisions à la hâte sans avoir réfléchi ».

Face aux jeunes du MJS, parmi lesquels Mélanie, notre animatrice fédérale, qui a un sacré sens du placement, a pu poser une question,  il a assuré qu’il ne se « résignait pas » et que les promesses de la campagne seraient bel et bien tenues. Le non-cumul entre un mandat parlementaire et un poste dans un exécutif local fera ainsi l’objet d’un projet de loi à l’automne. D’ici là, les élus socialistes devront se conformer à cette pratique, imposée en 2009 par référendum par les militants. « Le vote des militants est quelque chose d’important, il doit être respecté ».

Sur l’énergie, «où l’on nous impose des hausses mécaniques, on ne va pas se résigner!». Il annonce le dépôt rapide d’une proposition de loi sur un nouveau système de tarification du gaz et de l’électricité. Une mesure très attendue car vraiment juste.

Sur la question du traité budgétaire européen qui divise les socialistes. «Je sais que ça soulève des interrogations, que certains disent que le compte n’y est pas. Mais toute la construction européenne a été une question de compromis successifs. Avons-nous obtenu tout ce que nous voulions,  à l’évidence non. Est-ce que les lignes ont bougé? Oui et c’est cela qu’il faut considérer». Il veut que, sur ce dossier, «la majorité soit consolidée».«Ce n’est pas l’alpha et l’oméga de notre politique, il faut qu’il y ait d’autres étapes pour qu’on réussisse notre combat pour la réorientation de l’Europe», plaide-t-il encore.

Enfin à une question d’un jeune militant sur le lien entre la police et les jeunes, le Premier ministre reste sur le même terrain que Manuel Valls. «La question de la sécurité, il ne faut pas que la gauche la porte toujours en s’excusant, c’est un droit des citoyens, dans la déclaration des droits de l’Homme de 1789. On va lutter contre toutes ces formes de délinquance», promet-il. Et avant de quitter ses «camarades», le Premier ministre demande aux militants de s’impliquer, d’expliquer l’action du gouvernement. «Pour réussir le changement, nous ne le ferons pas tout seul en haut, c’est toute la société qu’il faut mettre en mouvement», réclame-t-il. Il est clair qu’Hollande et Ayrault ont un vrai projet politique : transformer la France en un pays social démocrate, ce que la génération Mitterrand n’a pas su faire.