Le mémorial du Camp des Milles enfin inauguré

 

A Marseille pour une importante réunion matinale de préparation du prochain budget, je suis resté pour inaugurer  le Mémorial du camp des Milles à Aix-en-Provence avec entre autres Jean Marc Ayrault et Michel Vauzelle. Etaient également presents  les amis Vincent Peillon, Kader Arif, Aurelie Felipetti, et Marie Arlette Carlotti. Une représentation de l’Etat à son plus haut niveau, un vrai symbole.

Même si tout le monde s’attribue cette realisation, je peux attester que sans la determination de Michel Vauzelle, elle n’aurait pas vu le jour.

Au moment où les derniers survivants disparaissent, il est primordial que des familles, des enseignants, des associations, des jeunes franchissent à nouveau les portes du camp des Milles.

Des jeunes, semblables à ceux de l’époque découvriront quel sort fut ici réservé à d’autres.

Le camp des Milles restitue, par son état de conservation exceptionnel une histoire d’hommes, que notre génération, première non temoin direct de la période, a le devoir de transmettre aux autres générations.

L’histoire du camp des Milles est une histoire française. En septembre 1939, la tuilerie des Milles, située en zone libre, était réquisitionnée sous commandement militaire français. Ce camp a toujours été sous commandement français, d’abord sous la 3ème Republique finissante, puis sous le gouvernement de Vichy.

C’est aussi une histoire europeenne. Parmi les 10000 internés, il y avait 30 nationalités. Beaucoup étaient venus se réfugier et la France a trahi leur confiance. Rien, pas même la guerre ne pouvait justifier l’internement de tous les antifacistes qui avaient fui les régimes que la France combattait. C’est pendant cette periode, la premiere que ce camp d’internement fut un lieu d’animation culturelle, artistique, intellectuelle.  Ici, des anonymes et des artistes de renom, Max Ernst, Hans Bellmer et Karl Bodek, notamment, ont peint et gravé sur la pierre des oeuvres que l’on cachait.

Après 1940, cela vira au tragique sous le regime de Vichy, un véritable antisémitisme d’Etat. Au mépris de nos valeurs les plus fondamentales, les juifs furent fichés spoliés arrêtés.

Parce qu’ils étaient différents d’origines, de religions, de moeurs ou d’opinions politiques, 10 000 personnes connurent l’enfermement au camp. En 1942, 2000 d’entre eux, femmes et enfants confondus, juifs, furent déportés vers Auschwitz pour se voir appliquer la solution finale.

Il s agit d’un parcours éducatif innovant destiné à faire comprendre a tous les visiteurs, mais notamment aux jeunes  comment  une  usine banale, une tuilerie,  dans un village paisible, est devenue un des rouages du plus grand crime universel.

Au mémorial du camp des Milles, c’est cet engrenage tout entier que l’on peut retracer. Il permet de comprendre comment une idéologie totalitaire, fondée sur l’intolérance, la xénophobie et la haine, aboutit à programmer la disparition totale d’un peuple, la shoah.

Rien ne remplacera  une visiste à Auschwitz-Birkenau mais les contraintes budgetaires ne nous permettront  jamais d’envoyer la bas tous les lycéens de PACA. Le memorial du camp des Milles peut avoir cette vocation car son histoire est régionale. De nombreux niçois de confession juive y transitèrent. Je suis semble-t-il d’ailleurs le seul élu des Alpes-Maritimes, c’est surprenant et incompréhensible.

Cette inauguration était bien sûr malgré son caractere solennel, empreinte d’émotion. Elle s’est  deroulée sous une chaleur étouffante, un soleil de plomb et devant des milliers de personnes, debout. C’est dans ce contexte qu’une adolescente égrena une liste longue, bien trop longue, au point de me surprendre a ne plus l’écouter des enfants juifs partis des Milles pour les camps d’extermination.

Ce camp est désormais un lieu de mémoire. Aux Milles le sort des déportes et internés a ému aussi des français qui n’ont pas cédé à l’infamie, et au péril de leur propre vie ont sauvé des juifs. 17 d’entre eux ont été reconnu Justes parmi les Nations.

Il ressort de ce memorial que notre mission, en tant qu’élus de la Republique est de transmettre un message de confiance et ne jamais oublier. C’est en substance le message qu’a fait passer Jean Marc Ayrault, avant d’annoncer un prochain plan de lutte contre le racisme et l’antisemitisme.