Assemblee générale de rentrée des militants

 

Intervention de Patrick Allemand, Premier Secrétaire Fédéral

5 septembre 2013

(sous réserve du prononcé)

 

Je remercie les élus, les militants, et le MJS qui a ouvert cette Assemblée générale de rentrée et je veux dire aux jeunes qu’ils sont la génération du changement comme la mienne fut la génération Mitterrand.

Nous avons pris le pouvoir dans la situation calamiteuse que je me permets de vous rappeler brièvement. Augmentation de la dette publique de 650 milliards  en 5 ans, 70 milliards de déficit du commerce extérieur, 3 millions de chômeurs, une RGPP aveugle, systématique, qui a décimé l’Education Nationale (-80 000 postes en 5ans), affaibli la sécurité publique (-10000 postes), un déficit record de + de 5% du PIB, la menace constante d’une crise de l’Euro. Rappelez-vous la succession de sommets de la dernière chance…

Je me rappelle toujours les paroles de François Hollande, à la Mutualité, venant dire au revoir aux socialistes, une fois élu président de la République. « Ayez conscience que c’est parce que c’est difficile que nous avons gagné ». C’était difficile en 1981, c’était difficile en 1997, ça l’est encore plus aujourd’hui.

Ce chaos économique et social nous a conduit à mener une politique de redressement du pays dans toutes les directions tant les urgences étaient nombreuses. C’est pour cela que parfois ce qui a été fait a paru manquer de visibilité, de cohérence, de perspective.

Ma tâche ce soir, c’est de vous montrer ce qui a été fait, afin que vous soyez fiers de ce bilan et que vous le portiez, le défendiez.

Nous étions confrontés à trois défis.

Le premier défi, c’était celui de faire maitriser la finance par l’Europe.

L’urgence c’était l’Europe, il y avait un couple franco-allemand idéologiquement soudé mais Sarkozy était devenu le « toutou » de Merckel. Il a fallu redonner à la France, toute sa place et toute son influence. Car l’Europe ce sont des réalités partagées à 28. On ne fait pas ce que l’on veut mais François Hollande a beaucoup fait depuis son arrivée pour freiner les politiques d’austérité.

Qui a obtenu de Merckel le pacte de croissance ?

Qui a pu imposer avec l’aide des italiens la nouvelle doctrine de la BCE ?

Qui a jeté les bases de l’union bancaire ?

C’est notre président François Hollande, tout comme il est à l’origine du lancement d’une communauté européenne de l’énergie.

Nous devons persévérer dans cette voie. Sinon à terme ce sera la désintégration de l’Europe appuyée par la montée de populismes de tout poil.

Le deuxième défi, il fallait redonner confiance dans la république sociale.

Nous sortions d’une période calamiteuse avec un pouvoir miné par les affaires Béthencourt-Woerth, Takiedine, Karachi, et tant d’autres. Tout cela a été partiellement effacé par l’affaire Cahuzac, énorme, qui a éclaboussé toute la gauche et rappelé que ce qui est banalisé à droite est proscrit à gauche. Nous avons à gauche un devoir d’exemplarité.

Nous nous sommes donné une démocratie plus transparente. Il y a eu de nouvelles règles de transparence pour la publication du patrimoine des élus, la limitation des situations de conflits d’intérêt et le non cumul des mandats qui est désormais inscrit dans le marbre. On ne pourra plus cumuler un mandat de parlementaire avec un exécutif.

Nous nous sommes donné une république plus égalitaire.

Le combat féministe a repris. Il y aura la parité dans les futurs conseils départementaux car elle n’existe aujourd’hui que dans les Mairies et Conseils régionaux.

C’est aussi la loi sur l’égalité des salaires hommes-femmes portée par Najat Vallaud Belkacem.

C’est enfin le mariage pour tous, qui au regard de l’histoire sera une fierté pour la gauche comme le fut en son temps l’abolition de la peine de mort. Je marierai samedi un couple d’homosexuels et je suis fier que Nice soit la 2ème ville de France en nombre de mariage homos alors que l’ensemble de ses parlementaires de cette ville et son maire ont combattu cette loi.

La république est une promesse. Lorsqu’elle n’est pas tenue partout, dans certains endroits, le doute s’installe et quand le doute s’installe, c’est l’Etat qui recule, qui déserte, qui abandonne des territoires où se substituent aux lois de la république, celles de l’économie souterraine ou du fondamentaliste religieux. C’est la situation que nous avons trouvé, à Marseille bien sur, mais y compris dans certaines cités à Nice. Et c’est cette reconquête qui est en cours et nous avons besoin de tout le monde pour la réussir, de Manuel Vals, de Christiane Taubira et aussi de François Lamy, et on ne peut que se féliciter que Nice ait pi obtenir deux Zones Prioritaires de Sécurité.

Il est autant inacceptable qu’une crèche soit incendiée aux Moulins, un acte lamentable qui doit être sévèrement sanctionné, qu’il est inacceptable de voir le maire, dans un excès de populisme, en demander le remboursement à l’Etat. Mais on ne parle jamais des jeunes des Moulins, qui avec les associations, vont nettoyer les berges du Var et participer ainsi à une action collective qui va dans le sens de l’intérêt général. Ceux-là ne sont jamais valorisés médiatiquement.

La république c’est enfin la laïcité. C’est-à-dire une conception de la vie en société où les forces religieuses peuvent débattre mais où aucune d’entre  elles n’a le droit d’imposer sa vision à ceux qui ne la partagent pas. Le vivre ensemble ne peut être pris en otage par les extrémismes religieux d’où qu’ils viennent. La force de la France, c’est précisément d’avoir su conjuguer et intégrer toutes ces identités dans l’identité républicaine.

Le troisième défi, c’était d’entamer le redressement du pays.

Le redressement de l’Education Nationale tout d’abord.

C’est l’année de la refondation de l’école, c’est un choix historique.

Nous allons remobiliser une nouvelle génération de hussards noirs, pas ceux de la troisième république, les temps changent mais ceux du 21eme siècle dont nous avons tant besoin, et nous y mettons les moyens.

C’est 7000 postes de professeurs dont 1000 dans le dispositif « + de maitres que de classes ».

C’est à nouveau le développement de la scolarisation des moins de 3 ans.

C’est 6000 emplois d’avenirs de professeurs supplémentaires pour mieux encadrer les enfants.

C’est l’embauche de 8000 contractuels pour accompagner les élèves en situation de handicap.

C’est la charte de la laïcité affichée dans tous les établissements scolaires.

C’est le rétablissement de la formation initiale des enseignants.

C’est l’enseignement de la morale laïque du primaire à la terminale pour apprendre les valeurs de la république.

Ce sont les nouveaux rythmes éducatifs pour ¼ des écoliers dès cette année.

« L’objectif de la refondation consiste à rebâtir une école à la fois juste pour tous et exigeante pour chacun » Vincent Peillon.

–      Le redressement de l’économie, de l’innovation et de l’emploi.

Un pays miné par le chômage, une absence de vision industrielle, une résignation économique devant les plans sociaux. Voilà ce qu’a coûté à la France 10 années de droite. Il faut tout mettre en œuvre pour inverser la courbe du chômage.

Nous avons beaucoup fait, les emplois d’avenir … les premiers résultats arrivent, -0,6% du nombre de chômeurs de – de 25 ans en juillet. Il est certain que ce n’est pas grâce aux collectivités locales des Alpes Maritimes ! Les emplois francs, les contrats de génération, le CICE, la BPI, le nouveau pacte productif qui sera présenté le 12 septembre sous forme de filière d’avenir, le plan d’investissements d’avenir dans lequel figure la Nouvelle Ligne Provence Côte d’Azur, l’industrialisation de la transition écologique et énergétique portée par Philippe Martin, la grande loi sur l’économie sociale et solidaire portée par Benoit Hamon, , la loi sur la sécurisation de l’emploi, dite loi Sapin. Aucune négociation de cette ampleur n’avait abouti depuis des décennies, avec de nouveaux droits. La complémentaire santé pour tous, les droits rechargeables à la Formation Professionnelle, le salarié qui ne sera plus la seule variable d’ajustement.

–        Le redressement des comptes de la nation

La seule question qui vaille n’a pas de réponse facile parce qu’elle nous projette dans l’avenir alors que tant d’urgences sont immédiates. Quel pays voulons-nous laisser aux générations futures ? Parce que si la dette continue de filer, c’est la souveraineté de la France qui sera en cause.

Il faut donc un effort juste qui ne pénalise pas trop le pouvoir d’achat des ménages, ni trop la compétitivité des entreprises. Cette politique, sur la ligne de crête n’est pas facile à tenir, entre l’option de la droite qui veut toujours plus d’austérité pour les salariés (la suppression des 35 heures, la suppression du RSA) et la gauche de la gauche qui veut toujours plus financement par le capital.

Les mesures fiscales sont justes. La création d’une tranche à 45%, la suppression du bouclier fiscal, le rétablissement de l’ISF, le capital désormais taxé autant que le travail en France, c’était l’un des engagements de Président de la République.

Il fallait aussi réformer le financement des retraites. Nous avons eu une position claire. Il fallait défendre le principe de la retraite par répartition et le niveau des pensions.

Le choix qui a été fait, c’est avant tout le choix de la confiance dans notre dynamisme démographique de notre pays. Alors oui il faudra payer un peu plus et un peu plus longtemps, mais il y aura aussi des avancées : le compte pénibilité financé par les entreprises qui concernera 1 salarié sur 5, une meilleure retraite pour les femmes aussi.

–      Redressement politique enfin

Le climat politique est détestable dans ce pays .La droite décomplexée, ce concept porté par Nicolas Sarkozy n’en finit pas de faire des dégâts. C’est un ultralibéralisme économique, mais aussi social, sociétal, le règne du chacun pour soi et si possible l’un contre l’autre.

C’est sur ce terrain que l’extrême droite ronge le pacte républicain. La droite devient poreuse, elle n’a plus de colonne vertébrale, les républicains de droite sont aujourd’hui minoritaires au sein de la droite.

Elle est obsédée par sa défaite, elle veut l’échec de Hollande, l’échec de la France pour alimenter les peurs et revenir au pouvoir.

Les pains au chocolat de Copé, c’est cela.

Le mode d’emploi d’expulsion des Roms d’Estrosi, c’est cela aussi.

La république est menacée dans ces principes. Certains élus de droite n’ont pas hésité à manifester à côté du Front National, voire même à appeler à la désobéissance après le vote du mariage pour tous. Mais la loi votée, une fois promulguée c’est la loi de la république, elle doit être respectée.

Il ne faut pas accepter que l’extrême droite attaque les partis politiques, les réseaux sociaux. Le combat contre le FN doit rester une priorité du redressement politique du pays.

Jean-Marc Ayrault a eu cette formule tellement juste à la Rochelle. Il a dit «  le FN a changé de masque sans changer de visage. Mais ce qui distingue la fille, du père, c’est sa volonté de conquérir le pouvoir ».

Alors il faut dénoncer sans relâche les impostures même si de plus en plus de français ont envie de les croire. Le FN c’est le déremboursement de l’IVG, de nombreux reculs sociaux.

Prétendre fermer les frontières est un leurre.

Mais la plus grave des impostures, c’est cette tentative de se réapproprier la laïcité mais non pas pour fédérer et rassembler, mais pour fracturer, diviser, exclure.

Partout où ils ont géré des villes, cela s’est terminé par des débacles financières et devant les prétoires.

Malgré cela, un homme est prêt à se servir de l’extrême droite, Jean-François Copé.

Tant que la droite n’aura pas levé cette ambiguïté, le barrage au FN n’aura plus d’efficacité électorale.

Alors me direz-vous, comment faire ?

Il faut renouer avec cette belle formule de campagne de François Hollande, il faut réenchanter le rêve français.

Sans vous avoir fait rêver, je vous ai montré une cohérence.

Désormais se profilent devant nous les élections municipales.

Elles peuvent être difficiles. A nous de nous les rendre plus faciles. Elles demandent l’unité.

L’unité des socialistes d’abord. Dans le département, elle sera acquise.

Derrière Valbonne et Marc Daunis bien sûr, derrière les autres maires de gauche où les socialistes sont en coalition municipale, derrière Nice, derrière tous nos têtes de listes.

Il faut aussi, et dans ce département, dans cette ville de Nice, plus qu’ailleurs, l’unité de la gauche et ce rassemblement doit s’opérer dès le premier tour sur des bases strictement locales.

La Syrie n’a rien à voir avec le milliard de dettes de la Métropole. Les retraites rien n’ont plus avec le souterrain de la ligne 2 du tram.

Les socialistes sont ouverts à toutes les discussions avec tous les partenaires de gauche sans exclusive.

Qui faut-il affaiblir dans ce département quand on est un électeur de gauche ?

Estrosi et ses soutiens ou le PS ?

J’appelle donc le PCF à changer son logiciel puisque c’est avec eux que les discussions sont les plus difficiles.

Soit il s’arqueboute sur les positions nationales, mais c’est la population de notre département qui en subira les conséquences, mais alors les arguments nationaux seront valables partout.

A Cagnes sur Mer comme à Nice, à Saint Laurent du var comme à la Trinité. Il ne peut pas y avoir d’union là où ça les arrange et de désunion ailleurs. Ce sera l’union, rien que l’union, toute l’union ou pas d’union.

Mes chers camarades, la fermeté n’exclut pas la confiance.

Je fais confiance à la conscience de gauche pour que les rassemblements s’opèrent et nous permettent des victoires.

Ici peut être plus qu’ailleurs, c’est l’esprit du Conseil national de la Résistance qui nous anime.

Cet esprit tellement présent hier à Oradour sur Glane où s’est peut être produit pour l’Histoire le dernier acte symbolique de la réconciliation franco-allemande.

Depuis la France a beaucoup changé. Mais ce qu’il faut retenir, ce que nous enseigne l’Histoire c’est que les idéologies extrémistes, politiques ou religieuses, hier comme aujourd’hui, peuvent obtenir des victoires éphémères mais sur le long terme, les forces de la démocratie, des républiques et de la liberté triomphent toujours.

Ce n’est pas une nation ou une ville repliée sur elle-même qui feront gagner la France au 21eme siècle, c’est la France métissée et ouverte sur le monde qui se redressera grâce à tous ces citoyens.

Le chemin est encore long mais soyons fiers de ce qui a déjà été accompli au service de notre pays.