Notre 11 septembre. La caravelle Ajaccio-Nice

 

La date du 11 septembre est désormais mondialement préemptée par la commémoration  des attentats contre le World Trade Center, mais il existe un autre 11 septembre, qui, 45 ans après perpétue un autre souvenir, celui du crash de la caravelle Ajaccio-Nice, ce vol qui s’est achevé prématurément en pleine Méditerranée, au large du Cap d’Antibes, faisant 95 morts. L’enquête officielle a conclu en 1972 à un « incendie d’origine indéterminé dans la cabine », dans la partie arrière droite de l’appareil, peut-être dû à une cigarette jetée dans les toilettes.

Chaque année, je me rend à cette commémoration, moment émouvant où se retrouvent élus de Nice et d’Ajaccio, autour de la stèle de Ferber, mais aussi les familles des victimes. Depuis quarante cinq ans la version officielle des causes de la catastrophe est contestée et des familles se battent pour que soit rouverte l’enquête, malgré le secret défense et la prescription des faits depuis 1983. Elles ont créé un Collectif des familles des victimes (CFV), qui rassemble 65 % des familles.

Or le CFV pense que la Caravelle a pu être victime d’un tir de missile non armé, ayant touché son réacteur gauche, lors de manœuvres militaires françaises ou de l’Otan. Une hypothèse toujours démentie par le ministère de la Défense, qui affirme qu’aucun exercice n’a eu lieu à ce moment et cet endroit-là, « qu’il s’agisse de la marine, de l’armée de l’air, ou de la Délégation générale de l’armement ou de toute autre force ou unité ».

Cette thèse a été récemment relancée par un témoignage capital celui de Michel Laty 43 ans après les faits, un secrétaire militaire affecté à l’époque à la préfecture maritime de Toulon, affirme avoir « dactylographié une enquête de l’armée, non consultable car classé secret-défense », qui reconnaîtrait qu’un missile aurait abattu par erreur la caravelle.

Selon ce témoin, le rapport en question affirme que « la caravelle a été abattue par un missile parti de la terre, en Méditerranée. Une erreur d’identification de la cible ». Et d’ajouter: « On a abattu un avion civil au lieu d’abattre la cible programmée pour ça! »

Lancé depuis un pas de tir dans le Var, le missile aurait été attiré par la chaleur des réacteurs et aurait percuté la caravelle provoquant un incendie. Le missile était désarmé selon Michel Laty: « S’il avait été armé, la caravelle aurait explosé en vol. » Il est malheureusement décédé le 13 décembre 2011, alors qu’il devait être entendu le lendemain par le procureur Eric de Montgolfier. Car depuis mars 2012, le parquet de Nice a ouvert une nouvelle enquête. A suivre…