Hier la commune de Saint Martin Vésubie est devenue membre des communes membres des « Villes et Villages des justes de France » et ce n’est que justice. Les 10 Justes de Saint-Martin-Vésubie (c’est très important pour un village) ont joué un rôle majeur dans la protection d’une partie de la communauté juive de la ville de Nice. De nombreuses familles juives étaient hébergées dans ce village qui est l’une des fiertés de notre département tant il s’est inscrit dans l’Histoire.
Jean-Marie Gustave Le Clézio dans « Etoile errante », a rendu public cet épisode alors peu connu de l’histoire de Saint-Martin-Vésubie et de la vallée de la Vésubie. Alfred Hart également dans son roman historique » Sur le pont du Var ». Je vous recommande ces deux lectures.
Mais en août 1943, les Allemands étaient arrivés à Nice, désertée par les Italiens qui avaient toujours protégé les Juifs. Et le 9 septembre 1943, Aloïs Brunner avait donné pour instruction d’aller chercher les Juifs à Saint Martin Vésubie. Heureusement ils furent prévenus et purent espérer quelques heures, quelques jours de plus, en fuyant avant l’arrivée des troupes allemandes vers l’Italie par les cols de Cerise et de Fenestre.
Beaucoup, les plus âgés notamment, revinrent vers la vallée, épuisés, certains furent arrêtés. Les plus vaillants eurent la force de franchir la frontière et d’espérer la protection des Italiens dans le Piemont, mais ils furent rattrapés par les SS à Borgo San Dalmazzo et à Valdieri. Au final tous connurent le même destin funeste et furent déportés vers Auschwitz-Birkenau dont ils ne revinrent pas.
Mais certains (hélas les moins nombreux) eurent la chance d’être cachés et sauvés par des Saint-Martinois. Ces 10 justes ont eu un courage exemplaire. Parmi eux, deux étaient gendarmes. Sous le gouvernement de Vichy, être gendarme et protéger des juifs était insensé. Ils l’ont fait. Ils ont risqué la cour martiale et le peloton d’exécution pour avoir accompli ce geste. Surtout que dans un village, tout se sait. C’est ce que j’avais dit publiquement le jour où j’ai rencontré leurs familles à Saint Martin Vésubie.
Désormais, pour la 1ère fois en France, sont dévoilées côte à côte la stèle portant les noms des Justes et celle portant les noms des déportés qui ne sont jamais revenus des camps de la mort et n’ont jamais eu de sépulture.