Prison de Nice : Rencontre avec Nordine Souab, délégué UFAP UNSA justice.

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Hier soir, nous avons reçu Nordine Souab, délégué UFAP UNSA justice, pour évoquer avec lui le dossier de la prison de Nice. Une heure trente d’échanges passionnants où tous les sujets ont été abordés : la vie en détention, le quartier des femmes, les conditions de travail des surveillants, la drogue en prison.

L’occasion aussi de mettre un terme à certaines idées reçues en 10 points. Une soirée vraiment très intéressante.

1. La surpopulation de la prison de Nice est une réalité. Il y a 680 détenus pour 356 places. La situation est encore pire au quartier des femmes où cet été, on est monté jusqu’à 82 détenues pour 37 places.

2. Il y a beaucoup d’activités pour les détenus en prison. La promenade bien sûr, le sport, les soins. certains détenus travaillent, d’autres vont au centre scolaire (un bachelier avec mention cette année), à la musicothérapie, au dessin. La doctrine est d’essayer de faire en sorte que le détenu passe le moins de temps possible en cellule.

3. Les surveillants ont interdiction de fouiller les détenus depuis une loi de 2009 et son article 57. Une loi votée sous Sarkozy et son gouvernement de droite. Et après cela, certains parlent de laxisme.

4. Depuis deux ans, le nombre d’indigents en prison a considérablement augmenté. C’est dû à l’augmentation d’incarcérations concernant des ressortissants de pays de l’est (Roumanie et Ukraine notamment).

5. La drogue circule dans la prison de Nice malgré l’étroite surveillance. C’est un vrai problème. Dernièrement, il y a eu une prise de 500 grammes de « shit », puis une autre de 220 grammes. Selon une estimation, 550 détenus sur 680 seraient consommateurs de stupéfiants.

6. Contrairement aux idées répandues, un tiers des détenus de la maison d’arrêt de Nice sont des musulmans. On est bien loin des chiffres fantaisistes annoncés par le FN.

7. Le culte est omniprésent à la prison de Nice, mais là aussi, surprise. La prison reçoit de nombreux aumôniers catholiques, des rabbins, parfois des pasteurs et même des témoins de Jéhovah. Il n’y a plus eu de visite d’imams depuis le mois de juin 2015.

8. Tout est fait pour maintenir les liens familiaux. Il y a 420 parloirs par semaine. Un parloir dure 45 minutes au maximum. Seuls les détenus punis reçoivent à un parloir équipé d’hygiaphone.

9. Les conditions de travail des surveillants sont très difficiles. Il y a surpopulation de détenus, 680 au lieu de 357 et sous effectif de surveillants 143 pour 161 postes. Résultat, cela fait un surveillant pour 90 détenus.

10. Enfin, il n’y a pas de gros problèmes de radicalisation dans la prison de Nice. Actuellement 30 détenus dont une femme font l’objet d’une surveillance, dont 15 pour apologie d’actes terroristes.

L’usage d’AirBnB et des autres plateformes va être régulé.

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Cette nouvelle était attendue :

  • Par les particuliers, nombreux à Nice, qui louent des bien immobiliers pour de courts séjours de vacances, se constituant ainsi un revenu d’appoint.
  • Par les professionnels de l’hôtellerie, persuadés qu’il y a là une forme de concurrence déloyale, ce que je ne pense pas.

En tout cas, la voie était étroite pour les députés qui viennent de trancher cette question par le biais d’un amendement.

L’Assemblée a approuvé jeudi le principe de faire payer des cotisations sociales aux particuliers louant des biens via des plateformes collaboratives au-delà d’un certain seuil de revenus.

L’article prévoit que pour la location d’appartements, par exemple par une plateforme du type Airbnb, un particulier devra, au-delà de 23.000 euros de revenus annuels, s’affilier au Régime social des indépendants (RSI) et s’acquitter des cotisations sociales afférentes.

Je salue cette décision qui me paraît équitable.

Rebondissement au Théâtre de la Photographie et de l’Image !

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Tout le monde se souvient de la brutalité avec laquelle l’annonce avait été faite par Christian Estrosi lui-même. Il rendait publique sa décision d’installer une école de théâtre dirigée par Francis Huster en lieu et place du Théâtre de la Photographie et de l’Image, anciennement Théâtre de l’Artistique, boulevard Dubouchage à Nice.

Nous nous étions ému de cette décision hâtive et à l’initiative de « Nice au Cœur », un appel de plus de 100 personnalités de la culture à Nice (photographes, artistes, plasticiens, etc.) s’était réalisé en 48 heures pour le maintien du Théâtre de la Photographie et de l’Image dans son écrin actuel. Cet appel avait été ensuite relayé par une pétition citoyenne contre le déménagement du TPI , qui a recueilli plus 6.250 signatures.

Il ne s’agissait absolument pas d’un démarche politicienne mais simplement d’acter le succès programmatique du Théâtre de la Photographie et de l’Image, qui , au fil des années s’était imposé comme un lieu de référence pour la photographie, avec des expositions bénéficiant d’une forte notoriété tant à Nice qu’en France ou même à l’étranger et qui connaissait une fréquentation croissante de la part d’un public niçois et non niçois.

Tout le monde a en mémoire le jeu de chaises musicales que j’avais dénoncé car le déménagement du TPI dans un autre lieu et la transformation du TPI en lieu de résidence et de création avait un impact financier très important.

Le groupe « Un Autre Avenir pour Nice » avait présenté un vœu lors du Conseil Municipal du 30 mai 2016 pour maintenir le TPI, vœu rejeté par Christian Estrosi et sa majorité. Pourtant il était déjà évoqué sous le manteau, cette histoire de règlement de copropriété qui interdisait l’affectation de ce lieu à toute école de formation. Et il semble bien que ce soit là dessus que le projet se « casse la figure ».

Un communiqué de la Ville de Nice relaté dans le Nice Matin du vendredi 7 octobre 2016, affirme que finalement l’activité de l’association « Petit Palais Francis Huster », « serait centrée autour de la création théâtrale et de la promotion du Théâtre » et que « Il ne s’agit en aucun d’une école ou d’un établissement d’enseignement ». Ce même article précise qu’un porte parole de Francis Huster avait confirmé «qu’il ne s’agit pas d’une école mais d’un lieu de résidence et création pour la Troupe de France ».

Cela change tout et cela relance la perspective d’une possible implantation de ce lieu de création aux Abattoirs !

En effet il serait incohérent d’avoir un lieu de création et de résidence en centre ville par rapport à la stratégie culturelle de la Ville et notamment sa volonté de réaliser aux Abattoirs un lieu de résidence et de création culturelle, correspondant très précisément au projet de la Troupe de France dirigée par France Huster et de l’association Petit palais Francis Huster.

Je demande donc au maire de Nice de maintenir le Théâtre de la Photographie et de l’Image dans son lieu actuel (l’ancien Théâtre de l’Artistique) et de proposer à la Troupe de France , dirigée par Francis Huster d’installer son pôle niçois de création et de résidence aux Abattoirs.

Voila encore un dossier mal ficelé qui pourrait coûter cher au contribuable niçois si l’entêtement l’emportait sur la raison !

N’hésitez pas à partager !

Forum de l’Egalité républicaine – Discours de clôture

 

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Tout d’abord je voulais vous remercier tous de vous être engagé pour cette journée, en pleine rentrée scolaire. Et plus particulièrement les modérateurs et les intervenants des tables rondes. Si vous avez répondu à cet appel, c’est qu’en conscience, les uns et les autres,  vous avez considéré qu’il fallait passer au dessus de nos différences. Si  toute la gauche est là, cet après-midi, si la société civile a répondu dans toute sa diversité ce matin, c’est que nous avons tous, militants associatifs, citoyens, responsables politiques, senti l’importance du moment. Les sujets n’étaient pas faciles mais nous avons beaucoup appris les uns des autres. C’est cela faire de la politique différemment, c’est cela une véritable plateforme citoyenne.

Le 14 juillet, après le feu d’artifice, Nice a été frappée par un attentat épouvantable, qui a fait 86 morts et près de 400 blessés. Un traumatisme pour notre ville touchée en plein cœur dans un lieu mondialement connu, la Promenade des Anglais. La ville est meurtrie. Contrairement à l’unité nationale qui s’était exprimée après les attentats des 6 janvier et 13 novembre 2015, à Paris,  ici, dès le 15 juillet, les polémiques ont fait rage. Je ne reviendrai pas dessus, cela ne le mérite pas. Mais  nous avons dû supporter une assez longue séquence indigne du moment que nous vivions, indigne de tous ceux qui en quelques secondes avaient perdu la vie, indigne de la douleur des familles.

Tous ceux qui se sont servi  de cet attentat pour en faire une tribune politicienne ne sortiront pas grandis de la période. Sans s’être franchement concerté, car la période n’était pas propice, et parce que de toute manière, nous ne nous parlons pas souvent, tous ensemble, depuis longtemps, aucun d’entre nous n’est entré dans ce jeu là. Je pense que nous devons collectivement en être fiers et c’est ce qui fait que même s’il y a des cousins plus éloignés que d’autres, nous avons un socle qui nous est commun. Cela s’appelle l’éthique républicaine.

Mais nous ne pouvions pas être totalement absents de cette période. Cela n’aurait pas été compris. Il fallait envoyer à l’opinion un message de rassemblement dans une circonstance exceptionnelle. C’est ce qui a conduit toute l’équipe de Nice au Cœur à proposer ce Forum sur l’Egalité républicaine et à poser la question à laquelle vous avez tenté de répondre : « comment renforcer la République ? ». Nous étions au début août et personne n’imaginait encore la déferlante Burkini  qui s’est répandue sur la Côte d’Azur. Ce qui s’est passé depuis cette date n’a, à mon sens, fait qu’amplifier le besoin de cette journée.

Mes chers amis, que l’on soit bien clair, ici, dans cette salle, nous voulons tous combattre les intégristes islamistes, les salafistes, tous ceux qui ne reconnaissent pas la République et qui veulent établir un Etat fondé sur les principes de l’Islam.

Il  faut être conscient que lorsque la parole raciste se libère, quand la laïcité est entamée, ce sont les valeurs de la République qui sont en danger.

C’est la raison pour laquelle, il est de notre responsabilité de porter un discours offensif sur la laïcité et sur la République, sans céder à la tentation de la tweeterisation, de la réaction à court terme. Tout ce qui relève du court terme quand on est sur un sujet de société d’une telle ampleur, comporte nécessairement des limites.

Bien sûr,  il est indispensable de rassurer les parents d’élèves en cette période de rentrée, de prendre des mesures pour la sécurité des écoles. En même temps on ne peut se satisfaire d’une société certes sécurisée mais anxiogène.  Nous devons travailler sur le long terme.

C’est d’ailleurs pour cela que c’est dur pour un responsable politique de répondre à la question posée. Tout simplement parce qu’elle renvoie au temps. Et le temps sociétal est beaucoup plus lent que le temps politique qui n’a que la durée du mandat. C’est en cela que le logiciel de nombreux élus locaux est en panne et qu’une nouvelle génération de pensée doit émerger. On ne va plus demander à un élu local, une piscine, un rond point. Tous les élus locaux savent le faire. Tout simplement, parce que l’amélioration de la vie quotidienne ne passe plus par de meilleurs équipements publics, elle passe par le mieux vivre ensemble et que cela n’est pas quantifiable, pas visible. L’élu local est confronté à des enjeux qui dépassent la proximité.  Plus que jamais la somme des intérêts individuels ne fait pas l’intérêt général. Voilà la contradiction qui  fait « turbuler » tout le système depuis un moment, nous sommes dans cette mutation. Et la République a du mal à trouver la réplique. Ce qui semblait aller de soi, le respect des différences, la liberté d’expression,  et le vivre ensemble, tout cela apparaît désormais fragile.

Ici, nous ne sommes pas en campagne électorale. Ce n’est ni le lieu de défendre un bilan, ni celui de faire un procès.

Et concernant la question qui nous occupe, si la République est aujourd’hui affaiblie, elle le doit à sa classe politique et les responsabilités sont partagées, même si elles ne sont pas à parts égales.

Parce qu’à droite, le premier quinquennat de Nicolas Sarkozy a affaibli la République en trois discours : le discours de Latran, Philippe Pellegrini y faisait allusion à l’instant ; le discours de Grenoble sur l’identité nationale ; le discours de Dakar sur l’homme africain.

A l’inverse, à gauche, les problèmes ont été pointés très tôt par ce que j’appelai la troïka de François Mitterrand. Hubert Dubedout, le maire de Grenoble, le père de la politique de la ville, Gilbert Bonnemaison, à l’origine de la création des Comités de prévention de la délinquance et Bertrand Schwartz, l’homme des missions locales, mais les alternances politiques ont provoqué trop de ruptures, trop de discontinuités. A chaque fois la vision libérale s’est traduite par un désengagement de ces politiques. A chaque fois la vision républicaine s’est traduite par de nouveaux efforts pour réinvestir les quartiers et ainsi de suite, mais les crises économiques successives n’ont plus permis de mettre tous les moyens nécessaires.

Cette ghettoïsation progressive, je l’ai dénoncée depuis des années. Depuis que, élu conseiller général entre 1998 et 2009, j’ai vu le processus progresser sous mes yeux ! Ce qu’il nous faut,  c’est nous donner les moyens de renforcer la République, et interdire, ne peut être la  seule solution. Bien sûr, il faut parfois le faire. Cela signifie que la République ne présente pas suffisamment d’attrait  pour logiquement s’imposer comme un système de valeurs supérieur à tout autre. Le constat est affligeant. Il y a eu lentement, mais inexorablement, ces 30 dernières années, un affaiblissement de la promesse républicaine dans les quartiers. Et ce recul de l’Etat, cet abandon pourrait-on dire, a laissé un vide que la religion, surfant sur les difficultés économiques et sociales,  s’est empressée de combler.

Alors comment la renforcer la République ?

Nous avons évoqué quatre questions : santé, vie associative, égalité homme-femme, laïcité. Nous aurions pu en évoquer d’autres : la culture, l’économie, les transports, la sécurité.

Commençons par l’égalité homme-femme ! Renforcer la République, c’est ne rien céder sur le principe de l’égalité homme-femme. J’avoue être consterné quand je vois des procès en sorcellerie montés contre certains d’entre nous. Ceux qui ne condamneraient pas le burkini seraient des anti-féministes. Convenez que la question est moins binaire que cela. Mis à part la loi Veil pour la légalisation de l’avortement, toutes les grandes avancées des combats féministes ont été obtenues sous des gouvernements de gauche. Dans ce département, j’ai trouvé courageuse la position de Jean Leonetti, qui n’a pas cédé à la pression de ses amis politiques. Par contre, là où il faut être intransigeant, parce que c’est là que commence l’intégrisme islamiste, c’est sur le respect de la liberté. Aucune jeune fille, aucune jeune femme, aucune femme ne doit être voilée sous la contrainte d’un père, d’un frère ou d’un mari. Je fais, vous l’aurez tous compris, allusion au cas de la jeune Samira, qui ne trouvant aucune aide, veut adhérer au FN parce qu’elle pense que seule l’extrême droite la sortira de sa situation. Mais quel échec pour la République ! C’est la République qui doit prendre ses responsabilités et lui venir en aide.

Voilà une question qui mérite qu’on légifère et qu’on crée un délit. Légiférer, non pas pour interdire mais pour émanciper.  La République a su trouver la solution pour libérer la parole des enfants victimes d’actes de pédophilie,  des femmes victimes de violences conjugales, elle doit maintenant faire sauter cette ultime chape de plomb que l’on peut assimiler à une violence faite à la femme. Et dans l’attente, il faut apporter des réponses de proximité. Nous allons travailler sur l’idée de ce fameux système de parrainage qui permettrait  à une femme dans cette situation de parler et d’être mise sous protection d’un parrainage civil, voire, sous protection policière si nécessaire. Et il faut aussi prendre en compte ce qui a été dit à la table ronde. Des associations doivent se mobiliser pour travailler aussi sur les garçons et les jeunes hommes.

Continuons avec la santé. C’est l’un des indicateurs les plus révélateurs des manquements à l’égalité républicaine parce qu’il est clair que tout le monde n’a pas le même niveau d’information. Ce ne sont pas tant les soins proprement dits qui sont inégaux, mais il y a les enjeux en terme de prévention, la santé bucco dentaire des jeunes, la prévention de l’obésité, l’inégal accès à la complémentaire santé, le tabagisme, la consommation de stupéfiants et les phénomènes dépressifs. Il faut développer les maisons de santé sur le modèle de celle des Moulins. Mais, nous allons proposer d’intensifier l’effort sur la prévention des maladies mentales. La violence de l’exclusion sociale, le chômage de longue durée, les échecs familiaux, l’absence de perspective positive, poussent  un certain nombre de personnes au plus profond du désespoir. Le terroriste de Nice avait un peu ce profil. Nous devons développer les permanences de psychiatres et de psychologues sur le terrain, sensibiliser les populations dans un but, non pas de sanctionner, mais de prévenir comme le disait ce matin Huidaide. Il faut mieux coordonner les interventions. C’est là-dessus qu’a insisté Ladislas.

Poursuivons avec la laïcité. Il nous faut promouvoir la laïcité parce qu’elle est le meilleur rempart contre tous les intégrismes. Mais la laïcité ne doit pas se transformer en arme contre les musulmans. L’intégrisme puise sa force dans l’ignorance, lit-on souvent. Eh bien, agissons et mettons le paquet sur l’éducation. Et je rejoins complètement Xavier Garcia. Nous allons proposer à nouveau un accès gratuit pour les Temps d’Accueil  Educatifs, parce que la fréquentation des TAE est inversement proportionnelle au niveau socio économique des familles. Plus la famille est fragile économiquement et moins les enfants participent aux TAE, les statistiques sont édifiantes. Or, ce sont eux qui en ont le plus besoin. Nous devons au minimum faire l’effort sur les quartiers défavorisés. La majorité municipale doit absolument prendre en compte cette demande, sa seule réponse aux enjeux de l’après 14 juillet ne peut être que sécuritaire. Il faut construire des TAE qui, par des systèmes attractifs, par des jeux, fassent la promotion de la citoyenneté et des valeurs de la République. Faire comprendre , dès le plus jeune âge, qu’ensemble, on est plus fort que seul, faire comprendre qu’un fille vaut autant qu’un garçon, même si elle est différente, faire comprendre que le masculin et le féminin se complètent sans que l’un ne domine l’autre, faire des initiations à la démocratie, les faire voter, choisir, leur faire prendre conscience que  quelle que soit leur couleur, leur religion, leur origine et leur sexe, chacun a une voix qui compte autant que l’autre, n’est-ce pas cela l’égalité républicaine ?

Chacun doit prendre ses responsabilités. Mais je peux vous dire que le temps perdu sur ce terrain ne se rattrape jamais. Je suis allé, en tant que 1er vice président de la région, parler de la charte de la laïcité dans des classes de 1ères en lycée professionnel. J’ai lu la colère dans certains regards. Pour de nombreux jeunes, parce qu’ils n’ont pas été formé et éduqué à la laïcité, celle-ci est assimilée à des restrictions de liberté alors qu’au contraire, elle protège la liberté de chacun.

Enfin la vie associative. Nous disposons d’une autre arme dans la mobilisation de moyens pour participer à cette reconquête, la loi de 1901, la vie associative. Là encore, je ne veux faire le procès de personne mais le totalitarisme n’est pas la bonne réponse. Le tissu associatif doit être libre et totalement indépendant du pouvoir municipal quel qu’il soit. Les salariés du monde associatif qui travaillent dans la politique de la ville ont toute notre gratitude parce que ce n’est pas facile, parce qu’il faut avoir la foi républicaine chevillée au corps. Jean-Claude Poirier rappelait ce matin que c’était au cœur des associations que l’on brassait le plus de mixité sociale. Les crédits consacrés à la politique de la ville doivent être augmentés de 30 % en trois ans (10 % par an et ce sont les associations les moins subventionnées actuellement qui doivent en bénéficier prioritairement, afin de diversifier les réponses possibles, et mieux soutenir les initiatives partant du terrain, proposant des méthodes innovantes.  L’association sera de plus en plus l’interface entre ceux qui participent, entre autre, les élus, et ceux qui ne participent pas.  C’est elle qui favorisera la participation des habitants, qui fera entendre la voix des « sans voix ». Il en est de même pour les clubs sportifs dont la majorité des adhérents sont issus des zones sensibles. Les clubs qui ont des difficultés à faire appliquer la laïcité  pendant les activités sportives doivent être aidés. L’exclusion d’un jeune doit être vue comme un échec et non comme une solution. Tout doit être mis en œuvre pour ne pas en arriver là, y compris un dialogue sur la laïcité dans les familles. Mais ce n’est pas aux bénévoles des clubs que cette tâche incombe. Ce point précis fera l’objet d’une proposition pour que des acteurs formés à la pédagogie de la laïcité puissent être mis à disposition de clubs qui auraient besoin d’une intervention ponctuelle. Jean-Baptiste Clerico a insisté sur ce point.

Comme on a pu le voir tout au long de la journée, l’Egalité républicaine, c’est un combat permanent. Elle n’est pas toujours respectée. C’est la raison pour laquelle nous mettrons en place un observatoire de l’Egalité républicaine. Il aura pour mission de recenser les manquements, les discriminations, les injustices et nous savons qu’elles existent, en matière d’emploi, de logement, d’éducation, de conditions de vie, de culture, de santé, de loisirs. Le 14 juillet a placé Nice au cœur de la question terroriste. C’est un enjeu international, c’est un enjeu national mais c’est aussi un enjeu local, compte tenu des enjeux spécifiques niçois.

Nous avons, grâce à la société civile, aux responsables associatifs, syndicaux, aux militants politiques, commencé à construire un diagnostic sans concession de l’état de notre République dans notre ville. Des propositions ont émergé. Elles ont recueilli de l’intérêt, parfois l’assentiment. Nous allons les porter publiquement, travailler, voir ce qu’il est possible de mettre en place et nous nous retrouverons l’an prochain, à la même époque, pour la 2ème édition du Forum de l’Egalité républicaine.

Vive la République !

La mort de Michel Rocard !

 
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C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris le décès de Michel ROCARD. Désormais, nous sommes nombreux à nous sentir politiquement orphelin. Beaucoup le disent. Et je sais ce qu’ils ressentent. Notre génération était trop jeune pour avoir connu le PSU d’où était issu Michel ROCARD.  Nous sommes toute une clique (VALLS, CASTANER, TERRASSE aussi, et tant d’autres, à avoir adhéré au PS entre 1982 et 1988 pour lui, pour qu’il soit Président de la République.

Vous trouverez ici la vidéo de l’appel de Conflans, le 19 octobre 1980. J’ai choisi cet extrait parce que c’est en l’écoutant que j’ai décidé de faire de la politique. Quelques jours après, j’adhérais au syndicat étudiant UNEF-ID et un peu plus tard à Paris je rencontrais Manuel VALLS. C’est lui qui me confia la tâche d’organiser les jeunes rocardiens dans notre département

 

 

J’avais choisi ROCARD parce qu’il incarnait la modernité, le réformisme avant… l’heure alors que pour moi MITTERAND incarnait l’archaïsme, la façon de faire de la politique que j’ai toujours détesté. Michel ROCARD était l’homme de la 2ème gauche avec Edmond MAIRE et la CFDT. Cette gauche qui ne fait pas d’idéologie mais qui transforme et réforme.

Je l’avais aussi choisi parce que c’était l’homme du parler vrai ! Et c’est ce qui me plaisait. Nous étions tous de jeunes économistes et nous savions pertinemment que le programme économique de François MITTERAND, fait pour permettre un accord avec le PCF, était totalement irréaliste. Nous savions tous que les nationalisations à 100% étaient une erreur magistrale alors que Michel ROCARD préconisait des nationalisations à 51%. Nous savions tous que l’économie ne résisterait pas aux promesses du candidat MITTERAND, que le franc courait à la dévaluation. Nous avions tous prévu que cela se terminerait mal, ce qui fut le cas avec le tournant de la rigueur, qui à mon sens est plus fondamental que ce que l’on reproche à HOLLANDE aujourd’hui. Cette confrontation du socialisme avec le réel, c’était nous qui la maîtrisions.

C’est ce que j’ai retenu pour toute mon action politique. Je me suis toujours évertué à m’appliquer à moi-même l’exigence d’éthique qu’il nous apportait. Je n’ai jamais tenu au cours de mes campagnes électorales, des promesses irréalistes. Parce que j’ai toujours respecté les gens. C’est tellement facile de les abuser vu le décalage de quantité d’informations qu’il peut y avoir entre un citoyen normal et un responsable politique. Et il m’est arrivé quelques fois, au Conseil Régional de tirer la sonnette d’alarme par rapport à des mesures trop coûteuses. Et parfois d’être entendu. La vraie générosité, ce n’est pas celle de l’instant mais celle qui s’inscrit dans la durée, ce n’est pas celle qui se finance par l’emprunt parce qu’elle pénalise les générations futures. C’est cela aussi l’éthique en politique.

Cette manière de se confronter au réel, alors que d’autres évitent de l’intégrer dans leur raisonnement, a structuré cette époque et mon engagement. Les gens qui adhéraient à ce moment là au PS pour suivre ROCARD, à l’instar de ceux qui sont venus voter pour Ségolène ROYAL en 2006, n’étaient pas forcément socialistes.

D’ailleurs la violence de certains débats en a fait fuir plus d’un.

Tant d’années après, ce débat semble aujourd’hui encore d’actualité. Le débat qu’il y a aujourd’hui entre les frondeurs et la majorité du parti est le même qu’à l’époque mais il est inversé. Aujourd’hui, le PS est devenu un parti social démocrate et n’est plus un parti socialiste au sens originel du terme. Et les frondeurs incarnent ce passé et souhaitent cette revanche

Michel ROCARD fut tout de même le  Premier Ministre de François MITTERAND avec quelques belles réussites : le RMI voté à l’unanimité, la CSG qui finance une partie de notre protection sociale, passée par le 49-3, la loi sur la transparence financière des partis politiques, mais ce qui compte encore plus à mes yeux, les accords Matignon sur la Nouvelle Calédonie. 30 ans après la guerre d’Algérie, les circonstances de l’histoire lui permirent de démontrer son savoir faire, lui qui avait toujours été hostile à la guerre d’Algérie.

Ce Parti Socialiste social démocrate  et réformiste dont Rocard rêvait, c’est finalement HOLLANDE qui l’a fait muter et transformer.

De même que c’est Hollande, qui, avec le pacte de compétitivité que Michel ROCARD a toujours approuvé, a mis en œuvre ce fameux réformisme de gauche. Michel Rocard ne reprochait rien à François HOLLANDE de la pertinence de ses choix économiques et sociaux qu’il trouvait justes et courageux. Il lui reprochait de ne pas en avoir suffisamment averti les français avant 2012. Mais, aurait-il été élu face à SARKOZY sur la seule promesse de sang et de larmes. Michel ROCARD l’aurait certainement fait et il aurait probablement dit, après sa défaite, que c’était son honneur.

C’est une perte majeure pour la Gauche et même s’il n’a pas été Président de la République, il laissera une trace dans l’histoire à l’instar de Pierre MENDES FRANCE dont il fut proche. Il était en avance sur son temps.

J’étais rocardien et je le suis toujours resté. Parce qu’être rocardien cela signifie quelque chose. C’est lui qui m’a donné la passion de la belle politique, celle que j’essaie de pratiquer aujourd’hui au quotidien dans les responsabilités qui sont les miennes.