Gare du Sud : Pourquoi nous sommes contre l’appel à projet !

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Lors du dernier conseil municipal, nous avions quitté la salle du conseil suite à un incident de séance et nous n’avons pas pu expliquer notre position sur ce dossier.

Il est pourtant très important pour l’avenir de tout le quartier de la Libération.

L’appel à projet concerne l’exploitation de la Halle de la Gare du Sud qui sera reconstituée. C’est un lieu emblématique de l’histoire de Nice et le classement de cette Halle a été une bataille politique importante.

C’est un enjeu stratégique majeur qui doit s’inscrire à la fois dans la requalification de tout l’axe Nord Sud (avec les projets de la gare Thiers et du Ray), dans la nécessaire redynamisation du marché de la Libération qui décline malgré son affluence le dimanche, en fin de matinée.

Dans le projet initial, ce devait être une halle marchande occupée par les maraîchers et commerçants de la Libération. Toutes les villes de la Riviera ont un marché ouvert, Cannes, Menton, Vintimille, San Remo. Nice avait l’occasion unique, dans ce cadre exceptionnel de devenir la plus belle halle marchande de toute la Riviera. Il semble que ce soit les tarifs de location, prohibitifs, qui aient effrayé les maraîchers. Car, il est très clair que la ville veut faire une bonne opération financière avant toute chose.

Cet appel à projet démontre en tout cas l’absence de vision alternative de la majorité municipale pour l’utilisation de la halle, alors que le projet date de plusieurs années. C’est un aveu d’échec. A défaut de projet, la ville cherche tout bonnement un locataire, en se contentant de lui demander son projet d’utilisation.

Il y a une absence totale de consultation des commerçants et de la population et nous le regrettons ! C’est dommage. La destination de cet équipement emblématique se prêtait parfaitement à une consultation citoyenne. Mais on paie la situation financière de la ville qui n’a plus les moyens de financer quoi que ce soit et qui évite de réfléchir à un équipement public.

Dans un souci de rentabilisation, c’est donc au futur locataire de définir ce qu’il y fera car quasiment tout est permis : Activités commerciales, culturelles, événementielles, halle gourmande.

L’imprécision du cahier des charges ne donne aucune garantie.

Ainsi, un opérateur de galerie commerciale peut, in fine, être choisi avec quelques enseignes d’habillement. La seule contrainte imposée est de rendre la halle vivante le soir. Et encore cet objectif est formulé au conditionnel, « il serait donc souhaitable ».

Autrement dit, le critère de sélection sera l’argent, le loyer, avec ce risque de voir des enseignes commerciales prêtes à payer plus cher que des activités culturelles. Les Niçois ne pourraient donc avoir qu’une vulgaire galerie commerciale de plus.

Je rêvais d’excellence, d’exceptionnel, d’une ambition à hauteur des enjeux pour ce merveilleux écrin que sera la Halle de la Gare du Sud. Au final, les Niçois n’aurons que de l’ordinaire, ou pire, du médiocre.

Conseil Municipal : pourquoi nous avons voté contre l’application de la loi Macron ?

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C’est la deuxième année que cette délibération est proposée. Elle nous présente concernant l’application de la loi Macron et le passage de cinq à douze dimanches.

J’avais déjà expliqué l’an dernier que cette délibération nous posait problème non pas sur un plan idéologique mais sur la manière dont vous elle était organisée ici. Je rappelle qu’on ne parle pas du périmètre touristique, qui lui relève d’autres procédés dérogatoires, mais du reste de la ville. Il y avait l’an passé six secteurs : l’ameublement, l’équipement des personnes, le bricolage, les bijouteries, les magasins populaires et le centre commercial Lingostière

Cette année on a rajouté cette année un 7ème secteur et ça ne manque pas de saveur, puisqu’il il s’agit de Nice One, le centre commercial où personne ne va les jours d’ouverture ordinaire.

Vu que les 5 branches et les deux centres commerciaux concernés ne choisissent pas les mêmes 12 dimanches, ce ne sont pas plus 12 dimanches qui sont impactés par l’application de cette loi dans Nice, mais 29 !

Nous sommes hors périmètre touristique, donc dans des « quartiers ». c’est véritablement un problème pour les consommateurs qui ont une intention d’achat un dimanche. Vont-ils savoir, dans leur quartier, si c’est le dimanche d’ouverture du bijoutier ou du magasin de bricolage ou tout autre commerce ? Il y a une absence de lisibilité totale.

Conseil municipal du 13 octobre 2016 – Premières expressions des élus niçois après l’attentat du 14 juillet à Nice

 

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Intervention de Patrick ALLEMAND sur les délibérations sur l’attentat du 14 juillet à Nice.

Il n’y a pas moins de 25 délibérations qui sont en lien direct avec l’attentat du 14 juillet 2016 dont Nice a été la cible.

Je veux tout d’abord acter le fait que vous ayez accepté sur ces délibérations, comme sur d’autres, d’accroître le temps de parole de l’opposition. Je vous en remercie. Le débat démocratique gagnera.

L’opinion publique comprend qu’il y ait aujourd’hui un débat apaisé, constructif, nourri par la majorité et ses oppositions. Il faut lui adresser ce message de respect, de rassemblement en cette circonstance exceptionnelle. Il ne s’agit pas d’une scène de règlement de comptes.

La justice a été saisie, faisons lui confiance, laissons-la travailler dans la sérénité et nous verrons les conséquences qu’il faudra tirer une fois les responsabilités établies. Dans l’attente, les polémiques politiciennes, d’où qu’elles viennent, ne sont pas de mise. Soyons ensemble à la hauteur de ce drame qui nous a tous atteint.

L’examen de ces 25 délibérations montre l’effort financier accompli par la ville de Nice. Cet effort s’est concentré sur deux axes : L’accompagnement et la sécurité.

L’accompagnement des victimes et de leurs familles, notamment l’exonération de certains frais comme la restauration scolaire et l’aspect mémoire d’abord avec les délibérations 0.1, 1.1, 1.2, 3.2, 10.1, 35.1 et 40.1.
L’accompagnement des blessés économiques de l’attentat ensuite. Le soutien aux acteurs économiques (0.2), l’étalement des taxes de séjour pour les hôtels, des redevances pour les plagistes (3.1 et 5.1).

La sécurité ensuite, avec l’audit de sécurité, la sécurisation des espaces publics, la sécurisation des écoles, des bâtiments publics, de partenariat avec l’Université.

J’aurais aimé poser publiquement des questions sur ces dispositifs, pourquoi la société LOTAN par exemple pour le diagnostic ? Même si j’ai reçu du maire une réponse circonstanciée.
J’aurais aimé vous faire des propositions pour améliorer certaines délibérations. Je pense, par exemple, que la délibération concernant la sécurisation des espaces publics doit intégrer la Gare SNCF et la place du Pin, car on ne peut pas ne pas tirer les conséquences de ce qu’il s’est passé à Orlando. J’aurais pu revenir aussi sur la question du périmètre d’indemnisation pour les commerces touchés dans leur activité, au-delà du boulevard Gambetta.

Je n’ai pas le temps, alors j’ai choisi de parler de ce qu’il n’y a pas dans ces délibérations. Je veux parler de la prévention et du vivre ensemble.

Ce qui me heurte, c’est l’indigence de la délibération 4.1 sur la cohésion sociale et la politique de la ville. Nous sortons d’un attentat qui a fait 86 morts. Depuis il y a eu des dizaines d’arrestations dont plusieurs adolescentes en préparation d’attentat.
Ce n’est pas moi, c’est le Procureur de la République qui le dit. Nous sommes l’une des villes les plus gangrénées par la radicalisation, nous avons, paraît-il, plus de fichés S à Nice qu’à Paris intra-muros et, la seule réponse à ce défi géant, qui doit mobiliser tous les républicains, c’est un partenariat avec les Editions Mémoires Millénaires ! J’attendais autre chose.

J’aurais aimé trouver une délibération sur l’égalité hommes-femmes parce qu’il n’est pas possible que l’intégrisme islamiste porte atteinte à la liberté des femmes. La liberté ! Pour moi, la question n’est pas celle du voile ou pas. Mais aucune jeune fille, aucune jeune femme, aucune femme ne doit être voilée sous la contrainte d’un père, d’un frère ou d’un mari. La collectivité doit construire une réponse de protection parce que la république doit protéger celles qui résistent.

J’aurais aimé trouver une délibération sur la santé, des partenariats avec le Conseil départemental et avec la CPAM pour intensifier l’effort sur la prévention des maladies mentales et des phénomènes dépressifs. Parce que le désespoir n’est plus seulement un drame individuel, c’est désormais un danger pour tous. Faire en sorte que les suivis des chocs post traumatiques, liés à l’attentat, soient identiques, que l’on ait de l’argent ou pas, et être attentifs aux plus fragiles qui n’auront pas les moyens financiers si un suivi psychologique long s’avère nécessaire. J’en profite pour saluer l’effort du gouvernement et de Marisol Touraine qui a mobilisé des moyens supplémentaires pour nos hôpitaux qui les réclamaient. 24 postes supplémentaires.

J’aurais aimé trouver une délibération sur la laïcité et les valeurs républicaines à l’école, et notamment sur la gratuité des Temps d’Accueil Educatifs parce que la fréquentation des TAE est inversement proportionnelle au niveau socio-économique des familles. Vous êtes en train de créer une inégalité de plus. Or, nous avons besoin de TAE à haute valeur ajoutée sociale, faisant la promotion de la citoyenneté et des valeurs de la République.

J’aurais aimé enfin, une grande délibération sur la vie associative dans les quartiers, parce qu’elle est une arme de la reconquête, parce que c’est au cœur des associations que l’on brasse le plus de mixité sociale. J’aurais aimé une annonce d’une hausse de 30 % de l’enveloppe consacrée par la ville à ces associations en droit commun et que ce soit les petites associations, les moins subventionnées, qui en bénéficient en priorité pour diversifier les réponses possibles.

Je n’ai rien trouvé de tout cela.
Certes, la réponse de la ville doit être sécuritaire et vous l’avez fait, mais elle ne peut être uniquement sécuritaire.

Néanmoins, nous voterons pour l’ensemble de ces délibérations. En attendant les suivantes.

« Le conseil municipal, ce n’est pas Twitter ».

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Le vrai problème, c’était le déroulement de la totalité du conseil municipal. Les temps de parole proposés ne tenaient pas compte de la nature des dossiers.

Il y a dans un conseil municipal des tas de dossiers où il n’y a rien de particulier à dire. Par contre; sur les dossiers qui nécessitent des remarques, des questions, des contre propositions éventuellement, nous n’avions pas de temps de parole suffisant pour nous exprimer correctement.

Il a donc fallu faire une conférence de presse pour faire reculer la majorité et obtenir des temps de paroles décents.

C’est chose faite depuis la conférence des présidents de groupe qui s’est tenue cet après-midi. L’ ensemble des groupes béneficiera d’une rallonge de 11 mns chacun gràce à notre action mais au final c’est le débat démocratique qui y gagnera.

Un Conseil municipal extraordinaire convoqué pour évoquer la question des mosquées et de l’islam à Nice

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Je veux commencer par affirmer que le principe même de la tenue de ce conseil municipal extraordinaire convoqué pour évoquer la question des mosquées et de l’islam à Nice est une triple  faute :

– Une faute politique parce que vous nourrissez le populisme et que vous chassez à nouveau sur les terres du Front national. Je pensais pourtant que vous aviez retenu la leçon des élections régionales, au moment où vous aviez déclaré : « J’ai changé ». J’ai compris qu’il ne fallait pas nourrir le discours de la surenchère à droite, parce qu’en fin de compte il fait monter l’extrême droite. Ces bonnes résolutions ne semblent pas avoir survécu au delà des élections internes aux Républicains et des conclusions que vous en avez tirées.

– Une faute administrative volontaire puisque sur les 5 délibérations, une seule est juridiquement nécessaire, la 0.2, peut être la 0.3. Les 3 autres sont inutiles. Vous auriez pu mettre en œuvre les mesures proposées sans délibération. Cela démontre votre désir de les afficher politiquement. Au lieu de faire délibérer le Conseil municipal sur des délibérations qui ne servent à rien, vous feriez mieux de remplir vos obligations légales en inscrivant à l’ordre du jour la discussion sur le rapport de la chambre régionale des comptes sur la SEMIACS.

– Une faute morale enfin, parce que son caractère extraordinaire révèle une démarche sciemment stigmatisante. Vous montrez du doigt une communauté. Or votre responsabilité en tant que maire de la ville doit être au contraire de rassembler, de faciliter le vivre ensemble. Et non de dresser les gens les uns contre les autres, ou d’alimenter les peurs.

Mes collègues interviendront sur la 0.1, et la 0.3 essentiellement, les 0.4 et 5 relevant de la responsabilité de l’Etat qui a la pouvoir de fermer les salles de prières notamment en période d’état d’urgence au vu d’éléments tangibles (Ripert : délibération 0.4) autres que vos allégations infondées (Pégurier : délibération 0.5).

J’en viens donc à la 0.2

Bien entendu vous auriez souhaité que le préfet suive l’avis du commissaire enquêteur, car en effet, c’est sans surprise que celui-ci, chargé du rapport sur la DUP pour la création d’une crèche rue Pontremoli, a conclu à un avis favorable. La procédure d’instruction de la DUP ne pouvait qu’aboutir à ce résultat puisqu’il s’agissait de déterminer si ce besoin était d’intérêt général
Toutefois je rappelle que l’avis du commissaire enquêteur n’est que consultatif et que le préfet n’est pas tenu de le suivre et il ne l’a pas suivi. D’ailleurs, s’il le suivait, il reste des voies de recours et c’est une longue bataille juridique qui s’annoncerait.
Par ailleurs, le préfet a un an pour signer la DUP et il n’a pas dit qu’il ne la signerait pas puisqu’il y a deux conditions à remplir, un legs de la part du propriétaire et l’entrée au conseil d’administration des deux autres sensibilités représentant le culte musulman sur la ville. Pourquoi cet empressement. Laissons du temps au temps.

Le legs, vous savez qu’il va intervenir puisqu’il n’y a plus aucun obstacle juridique. Tant que l’association était culturelle donc régie par la loi de 1901, il ne pouvait y avoir ce legs tout simplement parce que vous auriez pu le préempter. Désormais c’est une association cultuelle loi de 1905, ce qui veut dire que vous ne pouvez plus préempter le legs.

Quant à la seconde condition, je ne sais pas qui fait parler qui. Je fais référence au courrier que vous avez adressé au Préfet des AM où vous dites avoir rencontré messieurs Bekri et Aïssaoui et avoir constaté qu’à ce jour ces conditions ne sont pas remplies. Mais je sais par contre qui écrit quoi et j’ai là en main un courrier signé par quatre responsables religieux dont messieurs Aïssaoui et Bekri, mais également messieurs Chatti et Magmadov daté du 12 janvier 2016 où ils disent notamment « nous tenons solennellement à vous dire que nous ne nous sommes jamais prononcés contre votre projet », dénonçant unanimement le sous dimensionnement des lieux de prières à Nice. Je n’ai bien entendu pas le temps de la lire.

Ce qui choque dans cette affaire, c’est que la mairie a donné une autorisation de travaux, que plusieurs centaines de milliers d’euros de travaux ont été fait et que cette mosquée est prête à ouvrir.

Ce qui choque dans cette affaire, c’est que vous ne pouvez pas nier l’antériorité du projet de la mosquée par rapport au projet de la crèche, ce que vous rappelez au 31ème considérant en citant le Préfet. Empêcher la construction d’un lieu de culte musulman, les maires successifs ont démontré leur savoir-faire, et dans les faits, il n’y a aucune différence entre un Peyrat qui préempte un local pour en faire un local à poubelle et un Estrosi qui en préempte un autre pour en faire autre chose.
Mais cette fois-ci, il ne s’agit pas d’empêcher la construction, il s’agit d’empêcher une ouverture et donc de détruire. La symbolique n’est pas la même.

Ce qui choque dans cette affaire, c’est qu’elle est strictement politique. D’ailleurs, vous l’avez clairement exprimé le 20 octobre 2012 : « J’utiliserai tous les moyens juridiques en ma possession et chacun sait que chaque fois que j’ai voulu m’opposer à un lieu de culte, j’ai trouvé les moyens juridiques ». Déclaration publique ô combien précieuse si demain s’ouvrait une procédure contentieuse. Car la jurisprudence du Conseil d’Etat, enfin pourrais-je dire, est claire. Le rôle d’un maire n’est ni d’entraver la liberté de culte, ni de mettre un culte sous tutelle. C’est un abus de pouvoir.
C’est en persistant dans cette voie de l’humiliation et en refusant une reconnaissance légitime à nos concitoyens de confession musulmane que l’on alimente l’islam des caves et des garages, la clandestinité avec au final la radicalisation des jeunes, nombreux à Nice, à avoir rejoint la Syrie.
C’est pour toutes ces raisons que nous voterons contre cette délibération.