Lorsque je pense à Carrefour, deux souvenirs précis me reviennent.
En 2009, j’accompagnais une délégation de chefs d’entreprises à Sao Paulo et un chiffre m’interpella immédiatement ? Carrefour et son partenaire brésilien, discounter Atacadao, avait 17 hypermarchés dans Sao Paulo. Et, c’est sur ce réseau de distribution-là, que notre région s’est appuyée pour ouvrir le marché brésilien aux Rosés de Provence, un vin méconnu au Brésil.
En 2010, je me trouvais à Schenzen, au fin fond de la zone économique spéciale de Chine et je visitais l’entreprise française Oberthur Technologies, leader mondial de la sécurité digitale. Au bout d’un couloir, il y avait une table avec des prospectus, et l’un d’entre eux attira mon attention parce qu’il y avait dessus le logo de Carrefour. je l’ai pris et j’ai lu « Carrefour Nice-Lingostière, paiement sans contact. et le chef d’entreprise me confirma que pour ce carrefour, les puces électroniques étaient fabriquées ici. Voilà comment parfois la mondialisation vous gifle.
A l’époque, Carrefour était au faîte de sa puissance. C’était le numéro 2 mondial de la grande distribution. Aujourd’hui, le groupe n’est plus que 9ème.
Confronté à un modèle en perte de vitesse, Carrefour a dévoilé un plan de transformation pour s’adapter aux nouveaux modes de production et de consommation. Si vous êtes courageux, voici le détail de ce plan que j’ai pu trouver.
Ce sont les principales mesures prévues jusqu’en 2022.
Réorganisation structurelle :
– Suppression de 2.400 postes dans les 12 sites du siège du groupe en France sur 10.500, via un plan de départ volontaires.
– Fermeture du siège social du groupe situé à Boulogne (Hauts-de-Seine).
– Installation du siège mondial à Massy (Essonne) au 1er janvier 2019.
– Abandon du projet de construction d’un nouveau siège de 30.000 m² prévu en Essonne.
– « Il faut mettre fin à la lourdeur de l’entreprise » et à une « organisation trop compartimentée » (Alexandre Bompard, PDG).
Réduction des coûts :
– Plan de réduction de coûts de 2 milliards d’euros réalisé dès 2020 en année pleine, via des économies sur la logistique et les coûts de structure.
– 273 magasins ex-Dia vont être cédés ou fermés. Un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) va être mis en place avec l’objectif de reclasser la moitié de ces 2.100 salariés et de trouver des repreneurs pour ces magasins.
– Cession de 500 millions d’euros d’actifs immobiliers « non stratégiques » dans les trois prochaines années.
Investissements mieux ciblés :
– Une enveloppe annuelle de 2 milliards d’euros est prévue dès 2018. Les budgets consacrés aux investissements seront désormais « ajustés au potentiel des magasins » et donneront la priorité à l’informatique et au numérique.
– Ouverture d’au moins 2.000 magasins de proximité dans les 5 prochaines années en mettant l’accent sur les grandes métropoles européennes.
– Ouverture de 20 magasins Atacadao, enseigne d’hypers maxidiscompte rachetée en 2007 par Carrefour, au Brésil.
– Investissement massif dans le numérique: 2,8 milliard d’euros sur 5 ans, « soit six fois plus que les investissements actuellement consentis ». Lancement en 2018 d’un site unique en France, Carrefour.fr, qui aura vocation à être généralisé à toutes les zones géographiques.
Les grands axes e-commerce et bio :
– Objectif de 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans le commerce en ligne alimentaire et part de marché supérieure à 20% en France d’ici à 2022 sur ce créneau.
– Carrefour veut quasiment quadrupler son chiffre d’affaires dans le bio, de 1,3 milliard d’euros actuellement à 5 milliards d’euros en 2022. Il met en oeuvre un plan de soutien à la conversion au bio des agriculteurs. Il va accroître sa gamme de produits bio et généraliser les zones de produits bio dans les magasins en France.
Deux nouveaux partenaires en Chine
Carrefour, confronté à un repli de ses ventes et à des pertes en Chine, va ouvrir le capital de sa filiale chinoise au géant de l’internet chinois Tencent et à la chaîne chinoise de supermarchés Yonghui mais le groupe entend cependant rester le premier actionnaire de sa filiale chinoise.
Grâce au projet de partenariat stratégique avec Tencent sur le partage des données, la numérisation des magasins, les solutions de paiement mobile et l’exploitation de données, Carrefour veut « améliorer sa visibilité sur internet ».
Voici les enjeux auxquels se trouvent confrontés notre carrefour de Gassin-Pasteur et notre intersyndicale à laquelle je réaffirme tout mon soutien après les avoir rencontré à Lingostière.