Des Tunisiennes ont défilé pour que les hommes cessent d’hériter le double des femmes.

S’il y a un autre combat intéressant actuellement au nom de l’égalité hommes-femmes c’est celui qui concerne
l’égalité en matière d’héritage qui est « un droit, pas une faveur ». Plusieurs milliers de femmes ont défilé pour réclamer l’égalité des sexes dans l’héritage. C’est un des derniers bastions du patriarcat dans la loi tunisienne.

En août dernier, le président tunisien Béji Caïd Essebsi a prononcé un discours très important à l’occasion de la journée des femmes et relancé le débat sur cette question sensible, jugeant que la Tunisie se dirigeait inexorablement vers l’égalité « dans tous les domaines ».

Ce président, dernier des barons du bourguibisme, agé de plus de 90 ans s’inscrit dans cette tradition, très attachée aux progrès sociétaux, qui a légalisé l’avortement en Tunisie en 1973, soit un an avant la France.

Les propos tenus par le Président Tunisien tendraient à vouloir modifier le code successoral afin que les hommes n’héritent plus systématiquement du double de ce qui est légué aux femmes. Une mesure, fondée sur le droit islamique, qu’une majorité de Tunisiens ne souhaitent pas voir réformer, selon plusieurs sondages. La vigueur des contre-manifestations l’a démontré.

Le dossier sur l’égalité dans l’héritage a été confié à la commission pour les libertés individuelles, mise sur pied par la présidence pour réformer lois, directives et autres textes entravant les libertés.

A priori, vu les nombreuses résistances, on s’orienterait vers une demi-mesure (qui serait déjà un grand pas).  Il s’agirait de proposer aux familles qui le souhaitent de pouvoir choisir de répartir « également » l’héritage entre fils et filles, sans imposer cette égalité dans la loi.

C’est sans aucun doute ce qui motive les manifestations de femmes de ces derniers jours. C’est en tout cas une actualité intéressante à suivre dans un pays qui, une fois de plus, nous étonne.

Le vent de la Liberté souffle à nouveau sur Mossoul !

Mossoul

La reconquête de Mossoul, dont l’Etat islamique (EI) avait fait son principal bastion en Irak, est la victoire la plus importante de l’armée irakienne face à l’EI. L’offensive, lancée en octobre 2016 contre les djihadistes du groupe État islamique, a été menée par les forces armées irakiennes soutenues par la coalition menée par les États-Unis, à laquelle la France participait.

Cette victoire militaire, déterminante, ne doit cependant pas faire oublier une crise humanitaire majeure, marquée par l’exode de centaines de milliers de civils selon l’ONU. Mossoul avait une dimension très symbolique pour l’EI : son chef Abou Bakr al-Baghdadi y avait fait en juillet 2014 son unique apparition publique après avoir proclamé le « califat », au nom duquel tant d’atrocités ont été commises.

Désormais, il reste Racca où doit se trouver Al Baghdadi s’il n’est pas déja mort comme le revendiquent les russes.

Nous devons rendre hommage à nos soldats qui ont contribué, aux côtés d’autres, au sein de la coalition, à ce que le vent de la liberté souffle à nouveau sur Mossoul.

Emmanuel Macron a d’ailleurs déclaré que « les pensées de la France vont aujourd’hui vers tous ceux qui, en Irak, ont fait le sacrifice de leur vie pour défendre la liberté face à l’horreur terroriste : membres des forces de sécurité irakiennes, peshmergas, volontaires. Elles vont aussi vers les populations civiles qui ont eu à endurer le joug de Daesh et la violence des combats ».

Mais, a souligné le chef de l’État, « la campagne de la Coalition internationale n’est pas achevée et la lutte contre Daesh doit être poursuivie avec détermination. La libération de tout le territoire irakien est en cours, tout comme l’anéantissement des bastions de Daesh en Syrie, en particulier à Raqqa et dans la vallée de l’Euphrate ».

Révolution du Jasmin : neuf mois après …

 

Neuf mois après la Révolution du Jasmin qui a chassé l’ex-président Ben Ali et donné le coup d’envoi du printemps arabe, les Tunisiens se sont rendus aux urnes lors du premier scrutin libre de leur histoire. « Sur les 4,1 millions de personnes inscrites, plus de 90 % ont voté », a notamment déclaré le secrétaire général de l’ISIE, la commission électorale indépendante.

Le Président de la commission, Kamel Jendoubi, a toutefois fait état à la mi-journée de certaines « irrégularités » dans le déroulement du scrutin, citant notamment des « pressions sur les électeurs analphabètes » et des « SMS envoyés pour influencer le vote », sans citer aucun parti. Certes, ces pratiques sont critiquables. Mais au fait,  l’UMP n’est-elle pas tout autant la championne des SMS, voir des coups de fil directement au domicile des gens ? Nous n’avons pas beaucoup de leçons à donner de ce côté-là!

Les 8000 bureaux de vote ont ouvert leurs portes à 7 h  et ont les ont fermées à 19 h. Au petit matin, jeunes et moins jeunes formaient déjà de longues files d’attente. La majorité d’entre eux votaient pour la première fois. «Avant, je ne faisais aucun effort pour venir voter, c’était une mascarade », raconte Salma Cherif, un médecin de 48 ans, en quittant le bureau de Mutuelleville, un quartier chic de la capitale, Tunis. Son index était couvert d’encre bleue, la marque indélébile que vont porter tous les votants pendant 48 heures.

« C’est un instant que nous attendions depuis longtemps », témoignait Ahmed, 50 ans, rencontré dans la file d’attente longue de plusieurs centaines de mètres devant un centre électoral de Tunis. «Comment aurais-je pu le manquer ? Dans quelques instants, nous allons entrer dans l’histoire », avait-il ajouté.

C’est bien cela la première leçon qu’il faut retenir de ce scrutin. Il a été une réussite au plan de son organisation, du taux de participation et chaque tunisien peut aujourd’hui exprimer une légitime fierté, celle d’avoir fait basculer son pays dans le cercle des états démocratique et d’être le premier pays du monde arabo-musulman à avoir poussé si loin la démocratie, puisqu’il s’agit d’une constituante. C’est à dire que ce sont les représentants du peuple, 217 au total, élus par le peuple qui vont écrire la constitution de leur pays.

Quelque 42 000 militaires et policiers ont été déployés pour assurer la sécurité du vote. Plus de 13 500 observateurs locaux et internationaux ont surveillé le déroulement du scrutin et environ 1500 journalistes, venus des quatre coins du monde, ont couvert l’événement. Les élections libres en Tunisie sont devenues un évènement planétaire.

Venons en maintenant au résultat !

Le vent de liberté qui a soufflé sur la Tunisie, premier pays du monde arabe à s’être émancipé d’un pouvoir autocratique, a incontestablement profité aux islamistes du parti Ennahda (Renaissance). Interdit sous Ben Ali, et durement réprimé sous l’ancien régime, Ennahda a été légalisé en mars. Durant la campagne, son chef, Rached Ghannouchi, a cherché à rassurer. Il s’est réclamé d’un islam modéré proche du parti islamo-conservateur au pouvoir en Turquie, l’AKP. Il a aussi promis de ne pas toucher au statut de la femme et prôné un gouvernement de large union. Malgré les promesses de Ghannouchi, le camp laïc demeure inquiet. Il craint qu’en cas de large victoire, Ennahda puisse imposer des bouleversements sociétaux remettant en cause les valeurs laïques de la Tunisie.

La démocratie ne s’apprend pas du jour au lendemain. La structuration de la vie politique a également besoin de temps. Or il est incontestable que la chute de Ben Ali a pris de cours ses opposants. Les seuls à être immédiatement opérationnels étaient ceux qui s’étaient structurés dans la clandestinité tel, justement, le parti Ennahda. Ceux-là ont entamé cette élection avec une bonne longueur d’avance. En ayant pour slogan principal, la promesse du paradis, il n’est pas difficile de faire des voix dans un contexte économique et social très difficile où le taux de chômage est très important et où personne ne décèle, dans les différents programmes, le moindre échappatoire à la crise ou à la pauvreté.

Il faut également avoir conscience que le résultat des partis islamistes est beaucoup plus fort dans les régions du Sud pauvres, où il avoisine parfois les 50% – dans la région de Kasserine notamment – qu’à Tunis, capitale, moteur économique et culturel du pays, ou ce score est bien moins important.

Ce qui m’inquiète le plus est le résultat d’Ennahda en France : il est supérieur de 5 points à ce qu’il est en Tunisie ! 37% contre 32%. En toute logique, il aurait du être moindre pour des gens vivant sur notre sol, et évoluant dans une République laïque. C’est le témoignage d’un terrible échec pour notre société. Pour la première fois, on peut le quantifier et mesurer ainsi à quel point les capacités intégratrices de notre République ont failli.

Journée de rencontres avec les ministres tunisiens

 

Le matin, les tâches étaient réparties. Michel Vauzelle avait un rendez-vous institutionnel très important chez le premier ministre. Quand à moi, je devais rencontrer l’association SINBAD avec laquelle nous avons une action de coopération décentralisée, un centre de télétravail avec 14 postes pour handicapés- moteur. Ce centre, financé par la région, était abrité dans des locaux du gouvernorat de Tunis. Comme beaucoup de bâtiments appartenant à l’État, il a été incendié et dévasté pendant la révolution. J’ai visité les lieux et acté le fait que l’état des locaux rendait impossible tout redémarrage de l’activité. J’ai visité également le lieu que le gouvernorat comptait mettre à notre disposition, une ancienne église de quartier, assez centrale.

 Ensuite, direction le gouvernorat où j’avais deux rendez-vous. Le premier avec l’équivalent d’une sous-préfète, pour avaliser le choix du lieu de reconstruction. Mais cette rencontre a largement dépassé ce simple cadre parce que nous avons évoqué la révolution et l’ambiance actuelle à Tunis. Puis, j’ai eu un entretien de 45mns avec le nouveau gouverneur, nommé le 4 février 2011, Adel Bem Hassen. Un moment très riche aussi qui m’a permis de mieux comprendre le processus révolutionnaire. Car la période est très intéressante. Pour tout dire, le gouvernorat est encore protégé par l’armée et par des barbelés ! Moi qui ai connu ce lieu si calme, je n’en revenais pas. Le gouvernorat est devenu une ruche, les escaliers grouillent de citoyens venant interpeler le staff du gouverneur pour des demandes, des promesses non tenues! Dehors, des dizaines de jeunes discutent entre escaliers et barbelés, surveillés par des militaires. C’est aussi cela la révolution tunisienne. Un gouverneur séquestré pendant 48 heures par 11 femmes dans son bureau. Les attentes sont immenses et le chemin vers la liberté et la démocratie n’est pas facile.

A midi, j’ai retrouvé Michel Vauzelle pour un déjeuner au Dar el Jed, avec l’ambassadeur de France et Abderrazak Zaouri, ministre du développement régional, ainsi que Said Haidi, ministre de la formation professionnelle et de l’emploi. Au menu, une réflexion géostratégique sur la place de la France et de la Tunisie dans la construction du monde de demain. L’après-midi notre président a signé un protocole d’intention sur le développement de la coopération décentralisée avec les deux ministres précités, avant de tenir une conférence de presse. Nous avions ensuite une rencontre avec des associations de jeunes demandeurs d’emploi, durant laquelle, répondant à tour de röle, Michel et moi avons pu constater le formidable degré de maturité politique d’une jeunesse, actrice majeure de la révolution.

Cette journée-marathon s’est poursuivie par un rendez vous à Carthage avec le ministre de la culture. Il nous a reçu dans une demeure d’État chargée d’histoire, puisqu’il s’agissait du dernier palais du Bey. J’ai ainsi pu visité la salle où Pierre Mendes France prononça en 1954, son discours sur l’autonomie intérieure de la Tunisie. Le ministre de la culture nous a ensuite fait découvrir à Sidi Bou Said, le Palais du Baron d’Erlanger, un endroit extraordinaire, devenu propriété de l’Etat et maintenant haut lieu des musiques arabes et méditerranéennes. Le dîner qui suivit fut consacré aux coopérations culturelles entre la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et les régions de Tunis et de Kasserine.

Signature d’un protocole d’intention avec le gouvernorat de Kasserine

 

Cette signature était la mission que m’avait confiée Michel Vauzelle. J’avais donc retrouvé notre Président tard dans la soirée à Tunis pour faire un point avant la journée d’aujourd’hui qui s’annonçait également importante.

Je suis très satisfait de la qualité de la délégation que j’ai conduite à Kasserine. Elle est venue me rappeler que nous avons un formidable réseau associatif. La journée fut intense avec quatre tables rondes consistant en des échanges avec le réseau associatif du gouvernorat afin de cerner, au mieux, leurs besoins.Je considère que la qualité des réponses apportées par ceux qui m’accompagnaient laisse présager des échanges fructueux.

Un planning chargé donc avec quatre tables rondes au ‘menu’ desquelles :

– Le développement local et régional
– La formation professionnelle et l’emploi
– La santé et l’humanitaire
– L’économie sociale et solidaire

Nous avons aussi beaucoup évoqué le patrimoine touristique et culturel de la région.

Le SDIS des Boûches-du-Rhône a remis une ambulance pour l’hôpital de Kasserine et nous avons également livrés 60 ordinateurs.