Selon l’enquête Eurobaromètre que la Commission publie aujourd’hui, la corruption demeure un problème de premier plan dans les pays de l’Union européenne, et le niveau de corruption aurait augmenté au cours des trois dernières années. Les données recueillies indiquent que près de troisquarts des Européens continuent de considérer la corruption comme un problème majeur et pensent qu’elle existe à tous les niveaux de pouvoir. 8 % des personnes interrogées ont déclaré avoir été explicitement ou implicitement invitées à verser un potdevin au cours de l’année écoulée.
«Il est décevant de constater que les résultats concrets de la lutte contre la corruption à travers l’Union européenne demeurent insuffisants. Combien de fois avons-nous dit qu’il était grand temps d’agir? Les Européens attendent des gouvernements nationaux qu’ils prennent des mesures décisives. Il est temps qu’ils le fassent», a affirmé Mme Cecilia Malmström, membre de la Commission européenne chargée des affaires intérieures.
La corruption continue de constituer l’un des plus grands défis auxquels l’Europe est confrontée. Si sa nature et son ampleur varient d’un État membre à l’autre, elle porte préjudice à l’ensemble de l’UE, en diminuant les niveaux d’investissement, en entravant le bon fonctionnement du marché intérieur et en ayant des retombées négatives sur les finances publiques. Selon les estimations, le coût économique de la corruption dans l’UE s’élève à quelque 120 milliards d’EUR par an.
«La corruption est un mal qui détruit un pays de l’intérieur, en sapant la confiance dans les institutions démocratiques, en affaiblissant le sens des responsabilités des dirigeants politiques et en faisant le jeu des groupes criminels organisés. La corruption ne peut être combattue efficacement que grâce à la volonté et à l’engagement des dirigeants et des décideurs à tous les niveaux», a indiqué Mme Malmström.
La Commission proposera bientôt de nouvelles mesures législatives, concernant notamment la confiscation des avoirs d’origine criminelle, la réforme des règles relatives aux marchés publics, l’amélioration des statistiques sur la criminalité et le renforcement de la politique antifraude au niveau européen.
Contexte
L’enquête Eurobaromètre s’est déroulée dans les 27 États membres de l’UE en septembre 2011. Ses principales conclusions sont les suivantes:
- La majorité des Européens (74 %) estiment que la corruption est un problème de premier plan dans leur pays. Près de la moitié de l’ensemble des Européens (47 %) pensent que le niveau de corruption dans leur pays a augmenté au cours des trois dernières années.
- La plupart des Européens sont d’avis que la corruption existe au sein des institutions locales (76 %), régionales (75 %) et nationales (79 %).
- Selon les Européens, la corruption et l’abus de pouvoir surviennent dans tous les secteurs du service public. Les responsables politiques nationaux (57 %) et les fonctionnaires qui attribuent des marchés publics (47 %) sont les plus susceptibles d’être considérés comme impliqués dans ce type d’activités.
- 40 % des Européens estiment qu’une relation trop étroite entre les entreprises et la sphère politique contribue à la corruption. L’inaction des responsables politiques (36 %) et le manque de transparence quant à la manière dont les deniers publics sont dépensés (33 %) sont cités comme des éléments qui contribuent à la corruption. La majorité (68 %) ne pensent pas que la transparence et le contrôle en matière de financement des partis politiques sont suffisants.
- La majorité des Européens (70 %) estiment que la corruption est inévitable et qu’elle a toujours existé. Deux Européens sur trois (67 %) pensent que la corruption fait partie de la culture d’entreprise de leur pays.
- La majorité des Européens (67 %) estiment qu’ils ne sont pas personnellement touchés par la corruption dans leur vie quotidienne. Seule une minorité des personnes interrogées (29 %) indiquent qu’elles sont personnellement concernées. Un pourcentage encore plus faible des personnes interrogées (8 %) ont déclaré avoir été explicitement ou implicitement invitées à payer un potdevin au cours de l’année écoulée.
- En matière de corruption, les Européens sont plus enclins à faire confiance à la police (42 %) et au système judiciaire (41 %), et moins enclins à faire confiance aux représentants politiques (6 %) pour les aider.