Il est bien dommage que les deux derniers conseils municipaux, les 11 et 22 juillet derniers, n’aient eu à l’ordre du jour aucune délibération sur la vidéosurveillance.
Tout le monde connaît, depuis le départ de ce mandat, notre opposition à la politique du maire en matière de vidéosurveillance. Elle est efficace dans la résolution des délits, mais pas dans la prévention des délits. Elle peut être un complément à une politique de sécurité mais en aucun cas son fer de lance pour compenser la présence humaine.
Une visite très complète du centre de vidéosurveillance a conforté ma position. J’y ai passé plus d’une heure, j’ai visionné plusieurs interventions et je le confirme : ceux qui nient son efficacité pour arrêter les délinquants ont une position idéologique. Mais, précisément pour avoir visionné plusieurs délits, parmi lesquels des atteintes aux personnes parfois très violentes (le tabassage d’une jeune femme par exemple, avenue Malausséna), je vous l’affirme clairement : il n’y a aucun effet dissuasif car le délinquant pense toujours être plus malin que la caméra.
La Cour des comptes vient dans un récent rapport de donner son sentiment sur la vidéosurveillance. Le diagnostic est sans complaisance.
Si Claude Guéant a réagi aussi violemment, en dénonçant un certain nombre d’inexactitudes, d’oublis et d’appréciations supposés manquer d’objectivité, c’est qu’il a compris que la légitimité de la cour des comptes dans l’opinion publique était un danger.
Or ce rapport entérine en fait des constats que des professionnels et des chercheurs font depuis des années. En plus, ceux-ci sont fondés sur des données fournies par les services de police et de gendarmerie.
Le développement de la vidéosurveillance a un coût évalué à 300 millions d’euros pour l’État et autant pour les collectivités. La cour s’étonne, compte tenu des sommes engagées, du faible intérêt des collectivités pour l’évaluation. Seulement 30% des collectivités concernées par le dispositif financé par le Fonds Interministériel de Prévention de la Délinquance initient une démarche d’évaluation. 70% d’entre elles ne font rien !
Parmi les exemples cités, Nice et ses 624 caméras (1 pour 500 habitants) où il n’y a pas d’évaluation.
La cour indique ce que j’affirme depuis le début, » la vidéosurveillance peut être efficace pour repérer les délits violents (atteinte aux personnes) mais ne peut pas prévenir la commission des délits ».
Enfin la Cour des Comptes évoque des installations ayant fait de la part des préfets, l’objet d’autorisations tout a fait contestables, en infraction avec le code général des collectivités territoriales et à l’article 10 de la loi du 21 janvier 1995, lequel était pourtant … une loi Pasqua !