Le rugby niçois, depuis la fusion intervenue entre le Nice Université Club (N.U.C.) et le Racing Rugby Club de Nice (R.R.C.N.) pour donner naissance au Rugby Nice Côte d’Azur (R.N.C.A.), va de soubresauts en soubresauts. Il y a eu tout d’abord la S.A.R.L. de Gilbert Stellardo qui s’est soldée par un échec avec la dissolution de la société au bout de deux ans. Ensuite, une S.A.S.P. financée par l’homme d’affaires anglo-monégasque Paul White, via une société basée à Chypre. Là encore, au bout de deux ans et demi, la société a été liquidée par le tribunal de commerce avec un passif de plus de 800 000 euros. Il s’agissait là du rugby semi professionnel.
Parallèlement, l’association présidée par Christian Baldacchino a continué à s’occuper de la formation des jeunes. Elle qui a tout fait pour sauver son équipe première, qui évolue en fédérale 1.
Le tournant s’est situé en avril 2011, au moment de la cooptation de Jeff Tordo au Comité Directeur, proposée par l’opposition au président Baldacchino. Il y a eu ensuite une opposition au sein du Comité Directeur, car il y a eu des erreurs de gestion et l’attente du versement d’une subvention municipale.
Au début du mois de juin, il y a eu une première intervention de la mairie. Le Président Baldacchino a été convoqué par l’Adjoint aux Sport Gilles Veissière qui lui a demandé explicitement de démissionner, les résultats de l’audit financier étant mauvais, le maire retirant sa confiance. Le 17 juin, dans ce contexte, une assemblée générale s’est tenue. A cette l’occasion la liste Baldacchino a remporté 80 % de voix contre 20 % pour ses opposants.
Un courrier du club a été adressé à la Mairie pour demander le solde de 330 000 euros du financement exceptionnel de 1 100 000 euros voté à la suite de la liquidation de la S.A.S.P. pour faire face aux besoins de trésorerie. La conclusion de l’audit de la Mairie « en tout état de cause l’essentiel des charges de l’association pour la saison a été engagé non pas par elle-même mais par la S.A.S.P. L’association a été efficace à l’occasion de sa substitution à la S.A.S.P. conformément à la destination prévue » (extrait), reconnaît que l’association a sauvé la S.A.S.P.
A ce moment là, Pascal Coste (les salons de coiffure), grand chef d’entreprise niçois qui a réussi et qui est un passionné de rugby, s’est déclaré intéressé par la reprise. Il était accompagné d’un pool d’investisseurs. Pourtant, l’Adjoint aux sports, Gilles Veissière, lui a clairement signifié qu’il n’était pas le bienvenu. Compte-tenu du désastre actuel, le maire et son adjoint doivent rendre des comptes aux amateurs de rugby et aux contribuables niçois. Pourquoi ont-ils refusé l’offre de services de Pascal Coste ? En quoi l’entrée dans l’arène sportive locale d’un chef d’entreprise niçois est-elle si gênante que cela ?
C’est à ce moment là qu’est entré en scène le duo Philippe Deffins-Jeff Tordo.
En juillet, au Midi Olympique et le 10 août à Nice-Matin, Jeff Tordo a donné des interviews dans lesquelles il a déclaré avoir été mandaté par le Maire de Nice pour trouver une solution à la situation du club et avoir ouvert et crédité un compte courant bancaire.
Le 9 août, la Direction Générale des Services de la Mairie de Nice a annoncé par un courrier au club que la tranche des 330 000 euros serait versée mais que d’autres financements n’étaient pas à prévoir dans le futur. Le 16 août, le Président du club, Monsieur Baldacchino a écrit à la Mairie pour signaler une prise de contacts avec Monsieur Deffins, personne présentée par Monsieur Tordo. Le 30 août, il a de nouveau écrit à la Mairie pour faire état des difficultés de trésorerie, la tranche de 330 000 € de la subvention exceptionnelle n’ayant toujours pas été versée par la Ville de Nice.
Fin août, Monsieur Gilles Veissière, Adjoint aux sports, a reçu une délégation de joueurs et la Mairie a adressé un courrier à la Fédération Française de Rugby pour signifier qu’elle ne soutiendrait plus le club financièrement. Le 12 septembre, le projet Deffins a été présenté au Comité Directeur parrainé par Jeff Tordo comme garant de la mairie avec un apport de fonds propres pour 1 100 000 euros et à condition que l’équipe dirigeante en place démissionne. Le 14 septembre, Christian Baldacchino et 22 des membres du Comité Directeur démissionnaient. Comme par hasard, le 15 septembre, le versement des 330 000 euros intervenait.
Début octobre, après modification des statuts, Monsieur Deffins est devenu Président du club. C’est-à-dire que la mairie a contraint à la démission une équipe dirigeante élue à 80% de ses membres lors de la réunion du conseil d’administration.
C’est donc bien Christian Estrosi et Gilles Veissière qui ont imposé le duo Tordo-Deffins à la tête du Rugby Nice Côte d’Azur.
Or, le maire, son adjoint et leurs conseillers ne pouvaient ignorer qui était Philippe Deffins. Il suffit de consulter Google pour constater qu’il est référencé et pas toujours à son avantage. Son passage à Montpellier est référencé (www.parlonsrugby.com 2009/01) dont voici un extrait :« 14 janvier 2009 : coup de théâtre à Montpellier. Trois semaines et quatre jours après son arrivée à la tête du club, Philippe Deffins a démissionné ». Son passage à l’A.S. Béziers le 2 mai 2009 ne restera pas non plus dans les mémoires. Il avait été un temps associé à la gestion du club avec Alain Egea.
Son parcours de chef d’entreprise est également un échec. Monsieur Deffins est le Président de la société Belmonte. Le 25 janvier 2012, la Préfecture de l’Hérault examinait le dossier Belmonte pour trouver un éventuel repreneur. En effet, le tribunal de commerce a rejeté le plan de redressement de Belmonte, fixant au 5 mars la date limite de dépôt des candidatures à la reprise. Un coup de semonce pour l’actuel patron : « Le type qui reprendra la boîte le fera pour rien, alors qu’elle est de nouveau bénéficiaire. C’est le jackpot ! », se désole Philippe Deffins. Belmonte avait été placé en redressement judiciaire début 2011 et le Président Directeur Général avait un an pour trouver les 5 millions d’euros nécessaires au fonds de roulement.
Comment le P.D.G. Deffins, sachant qu’il avait début 2011 un an pour trouver les 5 millions d’euros nécessaires aux fonds de roulement de son entreprise pour la redresser, a-t-il pu promettre un apport de fonds propres de 1,1 million d’euros pour construire un projet sportif au R.N.C.A. devant le conduire en Pro D2 en 3 ans, puis au top 14 ?
Mais, plus grave, pourquoi Christian Estrosi et Gilles Veissière qui ne pouvaient pas ignorer cette situation ont-ils cautionné et soutenu ce duo Deffins-Tordo ?
Ils doivent aujourd’hui rendre des comptes car pendant ce temps, entre 2008 et 2012, ce sont 3 205 615 millions d’euros que le contribuable niçois a englouti dans le R.N.C.A., dont une subvention exceptionnelle de 1,1 millions d’euros en 2011. Car bien entendu, Monsieur Deffins n’a pas versé le moindre euro. De ce fait, le déficit se montait au 31 décembre dernier à 383 000 euros.
A ce jour , le mandataire du Tribunal de Commerce, suite à la Procédure de Conciliation demandée par le club le 15 décembre 2011, acte dans son rapport du 89 février : « l’incapacité à faire face à ses obligations financières avec un passif présumé de plus d’1 million d’euros dû au non respect des engagements de la part de Monsieur Deffins (500 000 euros) et d’un investisseur anglais représenté par Andrew Knox et qui, finalement, n’était autre que le même Paul White qui s’était engagé à la hauteur de 600 000 euros sans donner suite ».
En conséquence, la D.N.A.G.C. qui a demandé des explications, a pris la décision de rétrograder le club azuréen en F3.
Voilà la conclusion de la lettre qu’écrivait le 16 septembre Monsieur Baldacchino eux jours après sa démission : « Nous avons par notre travail acharné pendant plusieurs mois, couplé de votre engagement financier, permis au Club de passer sans encombre la débâcle de la S.A.S.P., qui seule a laissé un gouffre financier qui aurait pu faire disparaître le rugby à Nice. Nous sommes heureux que le résultat obtenu puisse permettre à de nouvelles personnes de franchir un nouveau pallier à notre Club, même si nous aurions préféré un contexte différent. Nous souhaitons bien évidemment, la pleine et entière réussite à la nouvelle équipe et à ce projet sportif, qui a toujours été également le nôtre ».
Voilà où nous en sommes aujourd’hui.
– Pourquoi Christian Estrosi et Gilles Veissière ont-ils soutenu le projet de Tordo-Deffins en étant parfaitement informé des états de service de Monsieur Deffins qui conduit le rugby niçois en fédérale 3, malgré une débauche d’argent du contribuable ?
– Pourquoi Gilles Veissière a-t-il repoussé l’offre de reprise de Pascal Coste, chef d’entreprise niçois, passionné de rugby, qui lui avait réussi à Montauban en faisant remonter le club dans le Top 14, qui présentait des garanties, et qui, lui, est à la tête d’une entreprise en pleine expansion, et amenant un pool d’investisseurs ?
Christian Estrosi et Gilles Veissière doivent des explications aux contribuables niçois.