Elections européennes : ma part de vérité

 

En décidant de sanctionner une seconde fois en 8 semaines les socialistes, les français sont tombés dans le piège simpliste tendu par l ensemble des autres partis. En effet le discours était assez simple. Vous n’êtes pas contents de Hollande, montrez le en votant pour moi, chacun espérant se partager un peu de la dépouille.

Or quelle est l’origine de ce mécontentement? La première tentative de mener une véritable politique de redressement des comptes publics dans notre pays. Cela implique des sacrifices et encore nous y allons sur des œufs… Nous sommes sur une politique de rigueur mais pas d’austérité. Le point d indice des fonctionnaires est gelé mais les retraites ne sont pas baissées de 15% comme en Grèce. Le SMIC n’a été relevé que de 2% mais il est un tiers supérieur à celui dont les allemands vont se doter. Je pourrai continuer longtemps sur le thème quand je me lève je suis inquiet, quand je me compare, je me rassure. Pour résumer la France obtient de moins bons résultats que d’autres pays mais les français sont mieux lotis que bien d’autres européens. cela peut paraître irréel dans un pays dont le moral collectif est inférieur à celui de l’Afghanistan mais c’est pourtant la vérité.

La réalité est très simple, les français sont bien conscients de l’ampleur de la dette, de la nécessité de la rembourser, mais refusent de faire le moindre effort maintenant. Ils préfèrent ne pas faire de sacrifices et laisser ce soin à leurs enfants, à la génération suivante, se moquant des dangers que cette dette fait peser à terme sur la souveraineté de notre pays.

Partant de ce constat le seul vote utile qu’ils avaient à faire était le vote PS. Pourquoi? Parce que la victoire des sociaux démocrates et l’arrivée de Martin Schulz à la tête de la commission, c’était tout de même l’espoir de voir certaines contraintes assouplies, notamment le délai pour revenir à 3% de déficit du PIB, car c’est ce calendrier imposé par l’Europe qui oblige à reformer vite, très vite. C’était cela dont avait besoin Hollande pour moins faire souffrir chacun d’entre nous. Avoir une écoute plus compréhensive d’une nouvelle commission moins libérale.

Par le vote qu’ils ont effectué hier, ils ont privé Hollande de cet appui. Ils ont donc voté allègrement contre ce qu’ils souhaitent. Car la nouvelle majorité issue des urnes, libérale, pourrait porter à la tête de la commission un certain Juncker, ancien premier ministre luxembourgeois, le candidat de la droite qui s’inscrira tout à fait dans le prolongement de la politique de Barroso, peut être en pire.
En mettant le PS à 14% ils ont voulu dire, on veut moins de rigueur. En faisant cela, ils risquent plus d’austérité, pendant que la droite, tapie, prépare son super plan d’austérité de 130 milliards d’euros d’économie, soit une purge dans les dépenses publiques deux fois et demie plus importante que le plan Valls qui tente de redresser le pays en faisant souffrir individuellement le moins possible les français.

Quand au FN, il faut absolument y faire barrage, tout simplement parce que l’extrême droite porte en elle des germes sociétaux trop dangereux, la xénophobie, l’antisémitisme et au bout le danger de la dictature. S’il n’y avait pas eu ces dangers terribles, j’en suis à me dire que sur le plan économique, chiche. Quand je pense que l’on reproche à Hollande de ne pas tenir tout ces engagements, alors la nous serions servis. Entre la sortie de l’Europe, le rejet de l’euro, et tant d’autres stupidités, il ne faudrait que quelques mois pour démasquer cette imposture politique qui empoisonne la vie politique française depuis 30 ans en maintenant ce leurre. Il a fallu passer en Tunisie par une expérience Ennahda au pouvoir pour s’en débarrasser. Le FN est à la France ce qu’Ennahda était à la Tunisie, une imposture.

Mais une grande démocratie comme la France ne peut se permettre ce genre d’expérience, pas le pays du siècle des Lumières, pas le pays des droits de l’homme, pas le pays de la résistance. C’est la raison pour laquelle, il va falloir que les républicains se rappellent qu’ils sont républicains avant d’être de droite, du centre ou de gauche. Car je n ai entendu aucun élu de gauche pointer la responsabilité de la droite dans cette affaire. J ai entendu Copé et plusieurs leaders UMP dire : le FN n’est jamais aussi haut que quand la gauche est au pouvoir. Mais personne à gauche dire : quand on met sur un même pied les républicains socialistes et le FN comme l’a fait la droite avec son discours sur le ni ni, on prend la terrible responsabilité de banaliser le parti après avoir déjà légitimé ses idées et on decomplexifie le vote FN. Pour moi, l’UMP porte cette lourde responsabilité. le résultat est celui d’hier soir. Cette stratégie irresponsable de l’UMP lui revient en pleine figure comme un boomerang car on oublie de dire que cette élection hier est aussi un échec cuisant pour l’UMP. Ce matin, je suis inquiet comme jamais pour la France.