Il y a 70 ans, le 28 aout 1944, Nice se libérait !

 

C’est le jour de faire un peu d’histoire.

C’est à 6 heures du matin que les combats ont éclaté simultanément en plusieurs points de la ville.

Une première barricade est dressé au passage à niveau pour stopper les Allemands des collines de Gairaut. Une mitrailleuse est installée à l’angle des boulevards Auguste Raynaud et Joseph Garnier. Les mar…aîchers de l’avenue Malausséna sont informés de la situation et partent vite.

Un autre groupe s’occupe du centre-ville. Ils partent du PC à Pasteur. une équipe libère le lycée Félix Faure où les policiers rejoignent les insurgés puis la préfecture. Des détachements occupent la Bourse du travail, l’imprimerie de L’Éclaireur, les locaux du Petit Niçois sont occupés par les pompiers résistants. Les combattants-traminots au dépôt TNL à Nice-Riquier s’organisent. . Les agents de police aident les FFI à organiser la défense. L’ordre est donné de contrôler les petites rues du Vieux-Nice, d’interdire toute circulation des Allemands sur le boulevard des Italiens (actuel boulevard Jean-Jaurès) et la place Garibaldi. la mairie puis la caserne Filley sont occupées à leur tour.

Vers 6h00, les F.F.I. se regroupent à leur QG au dépôt de journaux de l’avenue de la Californie. Ils décident d’occuper le central téléphonique de Fabron, ce qui est fait sans difficultés. Les résistants des CFL les rejoignent pour occuper le transformateur du quartier de la Vallière. Des combats ont lieu

Vers 6 heures, une voiture montée par des gradés allemands arrive de la place Gambetta et se heurte aux groupes de résistants postés autour du passage à niveau. Elle est immobilisée par une grenade à l’angle du boulevard Auguste-Raynaud. Bilan : 3 morts et un commandant blessé et prisonnier chez les Allemands.

Vers 6h30, à Nice-Nord, une camionnette allemande descend le boulevard de Cessole vers le passage à niveau. Les sentinelles lâchent une rafale de mitrailleuse. Le chauffeur qui est seul se rend27. L’alerte est donnée dans le quartier. Des habitants se lèvent et rejoignent les résistants pour combattre.

Vers 7h00, trois camions allemands avec remorques débouchent dans le boulevard Joseph Garnier et sont immobilisés. Les camions transportent un trésor : deux mitrailleuses lourdes, un fusil-mitrailleur, une mitraillette, des fusils, des munitions. Des barricades sont érigées au débouché des rues avoisinantes.

Vers 7h15, un des responsables des Milices Patriotiques au dépôt SNCF de Nice Saint-Roch a pu rassembler 350 hommes. La défense du dépôt est organisée.

À 7h30, un camion allemand tractant une arme lourde arrive par le boulevard Joseph Garnier et est lui aussi attaqué à la grenade.
Toujours vers 7h30, les FFI attaquent la batterie de Saint-Pierre-de-Féric sur les collines à l’ouest de Nice.

Plus au sud de la ville, une opération L’opération vise le siège du P.P.F., partie collaborationniste, situé rue Dalpozzo.

Les F.F.I. contrôlent d’abord les immeubles environnants, rue de la Buffa et rue Maréchal Joffre. Un fusil-mitrailleur est braqué sur l’immeuble du siège du PPF.

Plusieurs positions stratégiques sont aux mains de la Résistance : le Lycée de garçons, la Préfecture, l’Hôtel de Ville mais aussi la Poste Thiers, la gare SNCF, les Entreprises Michel, le siège de la police, puis la Gendarmerie, l’Usine à Gaz, le siège de la Milice française, le dépôt des TNL, la gare Saint-Roch, la caserne Filley. Les locaux du journal L’Éclaireur sont investis ainsi que les principales imprimeries, où l’on imprime immédiatement tracts et affiches appelant à l’insurrection.

À partir de 8h15, la Feldkommandantur est progressivement mise au courant des événements.

Aperçu des hostilités près de la gare des chemins de fer de Provence, le 28 août 1944, à la Libération de Nice.
À Nice-Nord, une troupe allemande remonte le boulevard Gambetta d’arbre en arbre pour reprendre le contrôle du passage à niveau à 8h30. La fusillade dure jusqu’à 10h30. Les Allemands ne réussissent pas à passer. Plusieurs d’entre eux sont tués et blessés.

La fusillade éclate également devant le garage Renault dans le boulevard Gambetta. Les Allemands attaquent à la grenade mais doivent se retirer.

Vers 9h00, la Feldkommandantur appelle la préfecture pour qu’elle fasse cesser les attaques sur les soldats allemands et pour savoir s’il est vrai qu’elle est sous le contrôle des résistants.

À 10h00, le général Nickelmann, commandant les forces allemandes stationnées à Nice, téléphone à la préfecture occupée par les F.F.I.. . Nickelmann fait savoir que si l’insurrection ne cesse pas immédiatement, il fera bombarder la ville, qu’il la mettra à feu et à sang et que tous les combattants pris seront traités en franc-tireurs et fusillés sur place. Le Comité insurrectionnel lance un ordre du jour appelant à intensifier le combat contre les Allemands, à développer une insurrection populaire et à commencer une « épuration énergique de tous les salopards connus

À 10h00, la plupart des gardiens de la Paix ont rejoint les insurgés.

Vers 10h00 à Nice-Centre, des combats ont lieu place Masséna.

À 11h00, les Allemands avancent rue Cassini. Une fusillade se poursuit pendant deux heures.

Un peu plus tard, l’artillerie du Château commence à arroser le bâtiment de la préfecture avec des obus de petit calibre et ce jusqu’au soir.. Comprenant en effet que l’insurrection s’étend, le général Nickelmann a mis ses menaces à exécution. De ses retranchements de Gairaut, du Mont-Alban de la caserne Auvare et du col de Villefranche, l’occupant canonne la ville, mitraillant le Vieux-Nice depuis le Château.
Les Allemands commencent à bombarder le quartier du passage à niveau. Le poste du passage à niveau est touché.

Vers 11 heures, le général Fretter-Pico ordonne aux unités de retraiter mais de prendre des otages pour traverser la ville ainsi que le désarmement des policiers.

À Nice-Est, les F.F.I. ont transformé le dépôt des TNL en véritable forteresse. À 11h45, les Allemands attaquent par la rue Auguste Gal. Les résistants ouvrent le feu. Trois Allemands sont abattus mais d’autres attaquent à la grenade. L
Dans la journée les rangs des combattants augmentent pour atteindre plusieurs centaines, avec peu d’armes et de munitions.

Vers 11h30, le général Fretter-Pico autorise la Feldkommandtur à évacuer la ville.

Vers midi, Barker Odadjian reçoit l’ordre d’évacuer les locaux de L’Éclaireur et de se replier sur le lycée. À 12h30, il est sur place avec ses hommes qui s’installent sur les tours en direction de l’esplanade du Paillon. Vers 13h30, les Allemands, installés sur les toits et aux fenêtres voisines, balaient par ses tirs les fenêtres et les galeries. Des automitrailleuses passent dans les rues et mitraillent le lycée. Les résistants sont à court de munitions mais ripostent comme ils le peuvent.

La Feldkommandatur reçoit à 13h50 l’ordre d’instaurer l’état de siège dans la ville.

Vers 15 heures, un accrochage a lieu à Sainte-Marguerite entre les F.T.P. – M.O.I. et une patrouille allemande venant de Saint-Isidore.

À Nice-Lingostière, dans la plaine du Var, une unité allemande composée de Polonais stationne à la Maison rouge, vallon de Saint-Laurent. Les soldats ont tué leur commandant dans la journée. Les ouvriers de l’usine de Lingostière signalent la situation aux FFI. Les Polonais décident de se rendre aux F.F.I.. U

Vers 17h00, la Feldkommandantur apprend qu’elle doit se joindre au mouvement de retraite des troupes qui abandonnent la ligne de front de la rive est du Var. Le mouvement de retraite est prévu entre 20 et 21h00.

Vers 17h00, le dépôt Saint-Roch est sous le tir des pièces allemandes situées l’une à la caserne Auvare, l’autre boulevard de l’Armée des Alpes. L’observatoire aménagé par les résistants, le bâtiment des mécaniciens et l’entrée sont touchés. Des unités d’infanterie attaquent vers 18h00 depuis les pentes du Mont-Alban.

Quartier Riquier, les Allemands mitraillent les rues. Ils fuient à pieds et en voiture par la rue Barla du Centre-ville vers la Moyenne Corniche. Ils sont sous le feu des résistants depuis les toits et les fenêtres.

L’après-midi vers 18h00, après d’âpres combats, les blockhaus du boulevard Gambetta, de l’avenue de la Victoire et de la place Saluzzo sont pris d’assaut. mais la lutte se poursuit autour de certaines positions. Les Allemands comprennent en fin de journée qu’ils ne pourront faire face au soulèvement, et la Kriegsmarine évacue en hâte le Château, tandis que le général Nickelman informe son état-major général qu’il évacue la ville, selon lui « infestée de quatre mille terroristes »

Dans la soirée, dans le Vieux-Nice, place Garibaldi, un groupe de F.F.I. est attaqué par deux nids de mitrailleuses.

Vers 19h00 les artificiers allemands font sauter le port de Nice, deux môles, le phare, les grues, et coulent plusieurs navires à quai. C’est la Kriegsmarine qui évacue le port et le château qu’elle avait commencé à fortifier.

Toutes les unités reçoivent vers 19h00 l’ordre de rejoindre la Feldkommandantur avec leurs bagages. Une colonne de 7 camions et 14 voitures est formée. Sur chaque camion est montée une mitrailleuse. La colonne part à 19h50 et subit des tirs en provenance de l’intendance de police située avenue maréchal Foch. Les Allemands ripostent de toutes leurs armes et tirent sur toutes les fenêtres des maisons qui bordent la rue de la caserne. La colonne mitraille systématiquement les façades des habitations et grâce à sa supériorité de puissance de feu, elle parvient à quitter la ville sans pertes. La colonne arrive à Menton à 20h40.

Toutes les forces allemandes se replient, mitraillant la ville au passage. Les dernières unités allemandes stationnées sur les collines de Gairaut, Cimiez et Fabron ou en retraite depuis Levens quittent leurs positions vers 23h00..

Vers minuit, les insurgés niçois, handicapés par la pénurie de munitions, réalisent qu’ils sont maîtres de la ville.

Voilà comment Nice s’est libérée par elle-même. C’était il y a 70 ans.