Je ne me laisserai jamais enfermer dans ce schéma simpliste, binaire, qui convient parfaitement au maire de Nice, mais qui n’est pas à la hauteur de la question qui nous est posée et qui est posée à toute la communauté internationale.
« les Palestiniens ont un droit égal à celui des Israéliens à être indépendants, à avoir leur patrie ; il n’y aura pas de solution tant que cela n’aura pas été clairement compris par tous. » Ainsi s’exprimait en 1976 Pierre Mendès France, grand ami d’Israël. Cette position a été solennellement réaffirmée par François Mitterrand en 1982 à la Knesset. François Hollande a réaffirmé que la coexistence de deux États était la seule solution pour une paix juste et durable dans la région. C’est la ligne constante de la diplomatie française.
Il n’est donc pas étonnant que cela débouche sur ce texte, même si la droite fait semblant de s’en offusquer. C’est la droite qui change constamment de pied sur cette question de politique internationale. N’est ce pas avec l’accord de Nicolas Sarkozy et le vote de la France que la Palestine a accédé au statut de membre de l’UNESCO en 2011 ? En 2012, la Palestine est aussi devenue membre
associé de l’ONU. Ce même Sarkozy qui, aujourd’hui, pour des questions d’opportunité intérieure a appelé à voter contre. Les incohérences, c’est de ce côté qu’il faut les chercher, pas à gauche.
Il faut désormais traduire le droit international dans les faits. Cela fait soixante-sept ans que l’ONU a prévu, dans son plan de partage de la Palestine, l’existence de deux États indépendants. Entre-temps il y a eu quatre guerres, deux intifadas et d’innombrables affrontements, tout le monde a encore en mémoire la tragédie de Gaza l’ été dernier. Quant aux accords d’Oslo de 1993, ils semblent désormais bien loin. De pourparlers inaboutis en médiations inachevées, c’est l’enlisement qui prévaut. Le désespoir, la colère des populations, qui sont les premières à souffrir, monte. Les tirs de roquette sont insupportables aux israëliens et il faut les condamner, les représailles sur Gaza inacceptables dans cette ampleur. Tout cela fait le jeu du camp de la haine, fait clairement le jeu des extrémistes religieux juifs et du Hamas, peut être demain de Daech.
Nous étions en Palestine avec le président Vauzelle, il y a quelques jours. Tous nos interlocuteurs, israëliens ou palestiniens, nous ont alerté sur le fait qu’il ne fallait surtout pas que ce conflit politique et territorial devienne un conflit religieux, et que certains, les adversaires d’un accord, y avaient tout intérêt. Yitzhak Rabin disait, « combattre le terrorisme comme s’il n’y avait pas de processus de paix, et poursuivre le processus de paix, comme s’il n’y avait pas de terrorisme ». Son grand courage lui a couté la vie.
Les palestiniens sont très attentifs à ce mouvement international qui s’est déclenché. Les parlements britannique et espagnol ont eux aussi recommandé la reconnaissance de l’État palestinien, et la Suède l’a officiellement fait le 30 octobre. La France, notre assemblée nationale en tout cas vient de le faire. La France est un pays qui compte sur la scène européenne et beaucoup sur la scène méditerranéenne. Un de nos interlocuteurs nous a dit qu’il y avait certes un tropisme français moins grand que du temps d’Arafat mais que ces derniers temps, nous avions à nouveau une grande écoute chez les palestiniens.
Il faut mobiliser la communauté internationale et notamment l’Europe, c’est notre responsabilité politique en tant que France. J’espère que ce vote sera suivi d’autres dans d’autres pays européens parce que le fait que la France bouge sur cette question est très symbolique.
Notre pays doit ainsi entrainer les Palestiniens et les Israéliens sur la voie d’un règlement négocié. Il existe des alternatives à la guerre. Ces initiatives doivent conforter le camp de la paix, aussi bien parmi les Palestiniens qu’au sein de la société civile israélienne. Ainsi, une pétition favorable à la reconnaissance de la Palestine, lancée par Élie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël à Paris, a été signée par plus de 700 personnalités israéliennes.
Beaucoup de nos interlocuteurs israëliens sont très préoccupés par l’avenir et pense que la politique actuellement menée est une politique de court terme. Beaucoup pensent aussi que Netanyahou n’aura jamais le courage d’affronter les « colons ». Or chaque nouvelle colonie complexifie le problème. Mais ils sont nombreux à nous dire qu’à long terme, sans État palestinien, c’est l’avenir même d’Israël qui est menacé. Un seul chiffre, il y avait à Jérusalem
Est, 40000 palestiniens en 1948, ils sont aujourd’hui, malgré les difficultés, 320000, la population palestinienne a été multipliée par 8 (chiffres de notre consulat). Tout le monde pense que le temps presse et qu’il faut provoquer une négociation sérieuse pour aboutir à deux états, deux peuples, séparés par des frontières reconnues par la communauté internationale.
C’est peut être la dernière chance d’arriver à un accord politique pour aller vers une paix juste et durable.