L’Université d’été du Front National va se tenir à Nice les 10 et 11 septembre prochains.
Christian Estrosi vient d’annoncer à grand renfort de communication qu’il va organiser le 11 septembre une grande réunion de l’UMP face à Marine Le Pen. Il a d’ores et déjà invité Xavier Bertrand et d’autres « poids lourds » de l’UMP.
Comment interpréter cette initiative ?
Tout d’abord, Estrosi n’exclut pas, dans son analyse, un 21 avril à l’envers. Sérieusement, je ne vois pas comment un socialiste pourraient être absent du second tour. Par contre, et compte tenu des marges d’erreurs de 2 à 3 points, la fourchette basse de Sarkozy, même s’il se redresse, flirte dangereusement avec la fourchette haute de Marine Le Pen. Cela, Estrosi le sait.
Ensuite, le Maire de Nice n’a pas renoncé à un plan de carrière … parisien : il veut donc apparaitre comme l’un des fers de lance de Sarkozy contre le F.N. Il crie, à qui veut l’entendre, qu’il est le patron de la deuxième fédération UMP de France et veut « montrer ses muscles ».Cependant, force est de remarquer que l’objectif affiché de 3000 participants reste modeste : cela ne représente même pas la moitié du nombre officiel de militants UMP dans ce département. Il veut montrer ses muscles mais reste dans une posture « petits bras » !
Toute cette stratégie, cette gesticulation pour certains, ont vocation à le repositionner au sein même de son mouvement : semaine après semaine, il apparait comme le chef de file de l’opposition à Jean François Copé.
Enfin, il ne faut pas mésestimer les enjeux locaux. Les élections législatives se profilent. Si nous arrivons à gagner l’élection présidentielle, sa stratégie ne fonctionnera pas mais pour l’instant, celle-ci est claire : il veut bipolariser le débat entre lui et l’extrême droite sous toute ses formes – F.N. et Identitaires – pour essayer d’étouffer une gauche qui demeure son véritable adversaire et qu’il redoute.
En conclusion, à moins que la presse ne déclenche une véritable bulle médiatique sur cette affaire, ce meeting apparaitra comme une réponse faible, partielle et certainement pas à la hauteur des enjeux actuels. L’échec de la majorité actuelle sur la sécurité – il se confirme chaque jour prenant connaissance des différents faits divers – sera au moment de la présidentielle, la question sociétale majeure (mis à part, évidemment, les questions sociales et économiques). La majorité actuelle, n’en déplaise à Estrosi, a échoué dans ce domaine pourtant capital pour le bien-être de chacun au sein de la Cité. Si la gauche ne parvient pas à être crédible sur cet enjeu, alors les solutions démagogiques du F.N. ont un boulevard devant elles.
Et ce ne sera pas une salle d’affidés, réunis (ou convoqués …) à Nice, qui pourra y changer quoique ce soit.