On redoutait cette nouvelle depuis quelques jours. Shimon Pérès vient de mourir. C’était un monument de la vie politique israélienne mais c’était aussi l’israélien le plus populaire et le plus reconnu dans le monde.
Comme tous les très longs parcours politiques, le sien est controversé. Mais Shimon Pérès était un socialiste. il faut 18 fois ministre ou Premier Ministre, c’est considérable. Même si à chaque fois qu’il fut Premier Ministre, ce fut dans des circonstances exceptionnelles, jamais après une élection générale remportée.
Pourtant , on peut mettre à son crédit, lorsqu’il fut Premier Ministre entre 1986 et 1988, la maîtrise d’une inflation galopante qui appauvrissait le pays et le retrait des troupes israéliennes du Liban, embourbées dans l’opération « Paix en Galilée ». Cela ne l’empêchera pas d’être à nouveau battu en 1988.
Il faut retenir de lui qu’il fut incontestablement l’homme, de toutes les négociations des accords d’Oslo, signés entre Yithzak Rabin et Yasser Arafat. Si leur poignée de mains a été immortalisée, Shimon Pérès obtiendra à leurs côtés, le Prix Nobel de la Paix en 1994. Rabin le qualifiait de « comploteur infatigable ».
Enfin, en 2007, à 84 ans, il finit par accéder à la présidence de l’Etat d’Israël qu’il quittera en juillet 2014 pour se consacrer à sa Fondation à Jaffa.
C’est là que j’ai eu l’honneur de le rencontrer en novembre 2014, avec Michel Vauzelle. Nous rentrions des journées de Ramallah où nous avions participé aux journées de coopération avec la Palestine et nous avions évoqué avec lui l’avenir. J’avais été frappé par sa vision et par le rôle qu’il espérait voir jouer par le France pour relancer le processus de paix. Shimon Pérès nous avait confié sa vive inquiétude devant l’avancées des colonisations dans les territoires de Cisjordanie. Il nous avait expliqué que pour lui, seule la solution de deux Etats était viable mais qu’il s’agissait maintenant d’une course contre la montre car la progression de la colonisation rendait chaque jour cette solution plus difficile.
Il avait aussi évoqué la remontée de l’antisémitisme en France qui le préoccupait beaucoup et nous avait conseillé de mobiliser le MJS contre l’extrême droite, disant que le rempart contre ces idées ne pouvait venir que d’une jeunesse mobilisée.
Avec la mort de Shimon Pérès, et malgré son passage à Kadima, la gauche israélienne perd un pilier et le monde l’homme de dialogue et de paix qu’il était devenu.