Il ne s’agit pas pour les acteurs de la vie publique d’une révélation car cette information circule depuis un bon bout de temps. Je me suis fixé depuis le départ une ligne de conduite après l’attentat du 14 juillet, en parler peu.
J’ai toujours fait de la politique avec une certaine éthique. Dans le cas de Nice je n’ai pas dérogé à cette règle parce que j’ai toujours pensé que le risque zéro n’existe pas dans ce domaine et qu’il est facile de tenter de coller la responsabilité de ce qui est arrivé sur un autre.
Et puis je pense que ceux qui ont essayé d’exploiter politiquement cet attentat n’en sortiront pas grandis. C’est méprisable.
Enfin il y a une enquête judiciaire en cours et je fais confiance à la justice pour faire la lumière sur les éventuelles responsabilités des uns et des autres.
Mais le 19 décembre au conseil municipal, Christian Estrosi a dépassé les bornes en traitant Bernard Cazeneuve de Premier Menteur de France et de tricheur. C’est ce qui m’a conduit à quitter la salle avec Christine Dorejo, l’autre élue socialiste car il a refusé de retirer ces propos.
Nous étions un certain nombre à penser que le cauchemar de cette lamentable polémique des jours qui ont suivi l’attentat était définitivement close avec l’hommage national rendu par le Président de la République le 15 octobre sur la colline du Château. On s’est trompé !
Quasiment en même temps, Mediapart a révélé publiquement certains éléments de l’enquête. Parmi ces éléments, il en est un qui est particulièrement troublant et pour le coup à charge contre la ville de Nice. Cela explique mieux la nervosité de l’ex maire de Nice.
On apprend que le camion a effectué 11 repérages les jours précédents et le jour même. Comment en pleine psychose attentat, au sortir d’un Euro ultra-sécurisé, a t’on pu laisser cela se faire ?
Il y a là une énorme responsabilité qui suggère bien des questions. Qui visionne les images de vidéo-surveillance? S’agit il de policiers? Quelle formation ont ils? Je n’incrimine pas les agents en poste ce jour là mais ont ils été formés à autre chose que la vidéo-verbalisation qui elle fonctionne à merveille?
Qui est responsable du recrutement ? Qui a pris la décision de confier à du personnel sous qualifié le visionnage de la vidéo-surveillance ? Car manifestement ce ne sont pas des policiers qui, eux, sont formés à la détection des comportements anormaux. Or voir passer un 19 tonnes 11 fois en trois jours, c’est anormal. Pourquoi ce camion n’a t’il pas été contrôlé par la police municipale ? C’est à la justice de répondre à ces questions. Je ne suis pas magistrat, je ne fais que les poser.
Mais il est clair que si cet attentat avait pu être évité, c’est à ce niveau là que cela s’est joué ! Après le 14 juillet, à 22h30, lorsque le camion est monté sur le trottoir, peu importe qu’il y ait eu 10 ou 15 policiers municipaux et nationaux de plus sur la Promenade des Anglais, c’était trop tard !