La victoire de Benoit Hamon à la primaire de le Belle Alliance Populaire se dessinait depuis plusieurs semaines. Elle n’est donc pas une véritable surprise. Je l’en félicite. Je connais l’homme depuis ces débuts aux Clubs Forum de Michel Rocard. Il est intelligent, tacticien et humainement intéressant.
Ce n’est pas pour autant que l’horizon s’éclaircit. Il y a quelques enseignements me semble t’il à tirer de ce moment politique.
C’est un désaveu pour François Hollande puisque le candidat de sa famille politique est issu des frondeurs qui ont méthodiquement contesté et sapé son quinquennat au point qu’il ne puisse plus se représenter.
C’est une défaite pour Manuel Valls qui reçoit du peuple la motion de censure que les frondeurs avaient échoué à construire. Il n’ a pas échappé à ce lancinant procès en trahison des idéaux qui a fini par l’user comme il a usé le président.
C’est une énorme couleuvre à faire avaler aux députés légitimistes qui ont soutenu l’exécutif pendant tout le quinquennat. Se ranger derrière celui qui a animé les frondeurs après 2014 parait insurmontable pour beaucoup d’entre eux. Combien?
C’est un gros problème pour Mélenchon. Hamon c’est à 80% le même discours tenu par quelqu’un de plus sympathique. L’espoir d’une présence au second tour que pouvait caresser le leader de la « France Insoumise » s’est brisé hier soir. Il fera au mieux ce qu’il a fait en 2012.
C’est un espoir pour les quartiers où sa proposition de revenu Universel fait un tabac. Celui que la fachosphère a surnommé « Bilal » a réussi à remobiliser un électorat qui l’est en général peu. Dans le bureau de vote du Collège Nucéra à Nice, la participation a augmenté de 100% entre les deux tours et Benoit Hamon fait 70 % des voix.
C’est un répit pour le Parti Socialiste. Les intentions de vote au premier tour de l’élection présidentielle lui laissent une chance infime de figurer au second si un vote utile se déclenche au détriment de Mélenchon.
C’est une défaite pour la laïcité version Caroline Fourest ou Elisabeth Badinter. Aucun des trois candidats de gauche , qu’il s’agisse de Benoit Hamon, d’Emmanuel Macron ou de Jean Luc Mélenchon ne s’en réclame.
C’est une désillusion pour moi parce que c’est une défaite du courant social démocrate réformiste du PS au sein duquel j’ai toujours milité. Je suis entré au PS pour soutenir Michel Rocard parce que je considérais le programme de François Mitterrand irréalisable. Depuis Mitterrand tous les candidats ont été issu de ce pole. Cette fois, la victoire de Benoit Hamon peut déplacer le centre de gravité du Parti. Je me suis toujours battu pour que ce parti se modernise, pour qu’il devienne un parti réformiste. Bien des années plus tard, me revoilà face au même débat, au même dilemme. Avec le curieux sentiment de me dire » tout ça pour ça ».