Pendant que Nice se choisissait un ex-nouveau maire, d’ultimes tractations se déroulaient à Paris pour aboutir à 14h53 précises à l’annonce de la nomination d’Edouard Philippe comme Premier Ministre.
Hormis dans le microcosme, cet homme est un parfait inconnu du grand public. Il a pour lui de ne pas arriver à Matignon usé prématurément par des combats politiciens. En ce sens le Président Macron poursuit sans dévier de sa route. Pas de Borloo, pas de Bayrou, pas de Collomb. Il a 46 ans. Il incarne le souhait de poursuivre l’entreprise de renouvellement de notre vie politique.
Ceux qui le connaissent louent sa compétence et sa capacité de travail ainsi que sa parfaite connaissance des rouages de l’Etat puisqu’il est conseiller d’Etat.
Je comprend totalement ceux, nombreux à gauche, qui ont voté et fait voter Macron, aient une interrogation. C’est légitime. En effet Edouard Philippe est député-maire du Havre, c’est un élu du parti Les Républicains.
Ce choix est-il une surprise? Peu importe la personne, on savait qu’elle serait, si une prise de guerre était possible, issue du parti de François Fillon. C’est la condition sine qua none pour se donner une chance d’avoir la majorité absolue à l’Assemblée, ce qui est l’objectif avoué du président. Il n’en fait pas mystère. Reste à savoir comment les citoyens vont s’adapter à ce nouveau mode de pensée qui fait qu’un Premier Ministre fait campagne contre son parti et contre son programme. C’est pourtant cela, le concept du dépassement. Savoir à un moment donné trouver dans une plateforme programmatique suffisamment de points importants justifiant de franchir le Rubicon.
De toute manière, il y a foule pour franchir le Rubicon et dans les deux sens, c’est l’embouteillage. Le texte signé par 28 personnalités des Républicains appelant à répondre à la main tendue par le président, n’est pas anecdotique. Les digues sont en train de rompre et cela va entraîner dans l’électorat de droite une totale pagaille entre ceux qui voudront rester fidèle à la ligne de leur parti et ceux qui iront vagabonder, attirés par cette expérience nouvelle et rassurés par la nomination d’un des leurs à Matignon. C’est en cela que c’est un choix diabolique.
En tout cas il démontre une volonté intacte et même renforcée de dépasser les clivages obsolètes entre la gauche et la droite, parce qu’ils ont bloqué notre pays depuis plusieurs décennies. Emmanuel Macron, dont le parcours a pris ses racines dans la gauche, a ainsi fait le choix d’un premier ministre issu de la droite. C’est la poursuite de la recomposition politique sur le fond. Plusieurs familles politiques contribuent à ce travail de recomposition. Il était important qu’une partie de la droite gaulienne, libérale et sociale, se joignent à cette aventure.
Je serai beaucoup plus attentif à la nomination du gouvernement pour apprécier les compatibilités personnalités – champ de compétence ( là aussi on annonce des surprises) et le dosage droite, gauche et centre.