Intervention de Patrick ALLEMAND, Président du groupe « Un Autre Avenir pour Nice »
Nous n’avons pas participé au vote.
Vous ne pouvez pas savoir à quel point je désapprouve ce qui vient de se dérouler. Comme tous les Niçois, j’ai appris avec surprise la démission de notre maire Philippe PRADAL, parce que vous avez décidé de redevenir maire de Nice. Vous allez prendre la succession de cet homme qui fut maire intérimaire, qui suscite le respect pour sa pratique républicaine, sa droiture et pour avoir été celui qui demeurera, hélas, devant l’histoire, le maire en fonction le jour de l’attentat du 14 juillet.
Monsieur le maire, cette manipulation n’est pas digne de la fonction à laquelle vous prétendez parce qu’elle l’altère, parce qu’elle l’abaisse. Être maire de Nice, cela a un sens. Être président de la Région PACA aussi. Ce sont de belles fonctions, de hautes responsabilités surtout lorsqu’il s’agit de la 5ème ville de France. Ces responsabilités ne peuvent être considérées comme de simples variables d’ajustement en fonction de vos intérêts personnels ou partisans.
Ce que vous faite ce matin n’est pas un acte d’amour pour votre ville comme vous essayez de le faire croire, c’est un acte qui montre votre mépris pour les Niçois et les habitants de la Région PACA.
Mépris pour les Niçois d’abord, car ce qui vient de se dérouler n’a pas de précédent. C’est juridiquement légal mais politiquement inacceptable. Il peut arriver en cours de mandat, pour des questions de cumul, qu’un élu soit contraint de démissionner de la présidence d’un exécutif. C’est ce qui est arrivé après les élections Régionales et c’est normal. Mais qu’au cours d’un même mandat, on démissionne de la présidence d’un exécutif où l’on est nouvellement élu pour venir reprendre le contrôle absolue de la ville de Nice abandonnée voici onze mois. C’est inédit.
Mépris pour les habitants de la Région Provence Alpes Côte d’Azur. En effet moins de deux ans après votre élection à la présidence de la Région chèrement acquise, au prix du retrait de la liste de gauche, vous quittez cette responsabilité où vous n’aurez finalement effectué qu’un bref passage qui ne marquera pas son histoire
Quand je pense que vous aviez dit, péremptoire comme souvent, qu’on allait voir ce que l’on allait voir, que vous iriez à Marseille pour défendre les intérêts de Nice face aux Marseillais. Et que des milliers de Niçois vous ont cru. En fait, vous allez tenter d’inverser le mode de fonctionnement actuel de la ville de Nice sur la Région. Malheureusement pour vous, des « Pradal » il n’en existe qu’un. Et je vous prédis de ce côté là quelques désillusions.
Citoyens niçois et citoyens de PACA se rejoignent toutefois sur un point, ils sont les otages des caprices politiques du leader de la droite locale qui fait régner la plus grande confusion.
De ce point de vue, ce 15 mai donne l’opportunité d’une clarification. En décembre 2015 nous avons retiré notre liste pour permettre votre élection face à l’extrême droite et à Marion Marechal Le Pen. En mai 2017, contrairement à ce que beaucoup prédisaient, vous avez été clair face à l’extrême droite. C’est ce qui fait de nous des Républicains, des hommes et des femmes attachés à un socle de valeurs qui sont notre patrimoine collectif. Mais nous n’avons que cela en commun, rien d’autre.
Vous êtes à des lustres de la vision du vivre ensemble que nous voulons promouvoir et vous continuez à mettre notre ville en tension permanente. Voilà pourquoi nous n’avons pas participé au vote, pour dire non à tous ces arrangements d’un autre temps, non à cette mauvaise cuisine dont les citoyens ne veulent plus. Ils ont rejeté massivement ces pratiques y compris à Nice en votant le 7 mai dernier.
Au moment où un grand chambardement dans les pratiques politiques se prépare, approuvé par une majorité de nos concitoyens, vous vous enfoncez dans la caricature de ce qu’ils viennent de rejeter. Le moins que l’on puisse dire c’est que vous n’avez tiré aucun enseignement de ce qui vient de se passer.