Johnny : je ne l’avais pas vu venir !

Johnny

Je le dis comme je le pense, il y aura pour nombre d’entre nous un avant et un après 9 décembre 2017.

J’avoue humblement que j’avais sous-estimé l’impact que pourrait avoir la mort de Johnny Hallyday sur la France. Cela se résume en trois points : 1 000 000 de personnes à Paris, 15 000 000 devant leurs télévisions et une perte de 15 millions d’euros pour le Téléthon 2017, non pas que les Français soient soudainement moins généreux mais tout simplement parce qu’ils avaient le tête ailleurs.

J’avoue humblement que, bien que n’étant pas fan de Johnny, cette cérémonie m’a touché parce que j’ai mesuré à quel point cet homme faisait partie de l’histoire de beaucoup de Français et à quel point il était entré dans les foyers par la télévision ou tout autre mode de diffusion.

J’ai été interpellé par ce million de personnes, par ces visages dévastés même si cela apparaissait irrationnel et j’ai senti, derrière cette foule, une France qui ne veut pas mourir, pas forcément la même que celle qui était Charlie, mais avec des convergences. J’ai regardé ces visages dont l’écrasante majorité avait connu plus de quarante printemps. Les médias et de nombreux responsables politiques ont parlé de moment d’unité nationale mais ce n’était pas vrai. Ce que j’écrit n’est pas péjoratif mais la France qui était là, sur les Champs-Elysée, rue Royale et place de la Madeleine, c’était la France du passé.

Pour moi le seul moment de communion nationale au sens le plus large demeure 1998, le soir de la victoire de la France à la coupe du monde de football.

J’ai compris à ce moment là que Johnny n’était plus l’idole des jeunes, que l’image du chanteur qui a traversé toutes les générations, était un mythe. Il a été l’icône de deux générations, celle des années 60 et celle des années 80 et c’est déjà énorme. Mais ce n’est plus l’idole de la génération d’aujourd’hui. la génération 2017 connaît Johnny par procuration, par les parents ou grands-parents qui en parlent ou qui fredonnent. Johnny, c’est un héritage familial, mais ce n’est pas sa musique. Sa musique à elle, c’est la France du rap. Certains vont éructer en lisant cela mais cette réalité nous a sauté aux yeux samedi.

En ce sens, il est parti au bon moment. Ses fans lui ont offert une sortie qui n’aura peut-être pas d’équivalent dans le siècle et qui aura dû faire pâlir d’envie les trois présidents de la République présents, dont l’actuel qui fut impeccable dans son allocution, et qui a évité, en ce 9 décembre, date anniversaire de la loi sur la laïcité, tous les pièges que certains attendaient avec gourmandise. Non, le président de la République n’a pas rendu hommage au chanteur dans l’église de la Madeleine, mais à l’extérieur, et non, il n’a pas béni son cercueil, il l’a juste touché.