Plus de 380 personnes à la black box. Pour des raisons de sécurité la black box à fermé. J’ai du faire deux fois le discours. Une fois dans l’atrium pour la cinquantaine de personnes bloquées à l’ entrée. Là je reviens dans la salle pour le second discours. Voici les moments forts de mon discours.
« Le socialisme, c’est mon ADN, ce sont mes valeurs et je ne suis pas devenu de droite parce que j’ai appelé à voter Macron. Me faire ce procès n’est pas crédible après le parcours qui a été le mien auprès de Michel Vauzelle à la tête de l’exécutif régional, ou dans la manière dont je m’oppose à Christian Estrosi dans cette ville.
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Le grand débat national va permettre de tout mettre sur la table. Nous n’y verrons pas plus clair tant qu’il ne sera pas achevé et surtout restitué. Mais je vous invite à y participer massivement. Pour une fois que l’on peut faire entendre sa voix, il faut saisir cette opportunité. Participer à ce débat, ce n’est ni soutenir Macron, ni soutenir les Gilets Jaunes, c’est aimer la France tout simplement.
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Quand ils sont molestés ou tabassés comme à Rouen et ailleurs, c’est le droit d’informer et la démocratie qui sont attaqués. Il n’est pas admissible qu’une équipe de journalistes de LCI doive être accompagnée par des agents de sécurité pour faire leur travail. Ce ne sont pas des reportages de guerre. Et nous sommes en France, à Rouen, et pas en Syrie, à Damas.
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On ne peut qu’avoir à ce stade une pensée pour Panel Adamowicz, le maire de Gdansk assassiné parce qu’il défendait l’idéal démocratique en Pologne, les droits des LGBT, des migrants et des minorités. Chez nous, nous devons tout faire pour éviter que les français ne se dressent les uns contre les autres. De ce point de vue, l’épisode des cagnottes est révélateur. Ce sont deux « France » qui se sont fait face.
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L’humoriste Donel Jacks’man, traité de « sale noir » en plein spectacle au théâtre de la Cité par un sympathisant du Rassemblement National. Il faut que la justice passe. Et il faut le soutenir. Il avait dit qu’il reviendrait à Nice et j’avais dit que j’irais le voir. Il revient le 27 janvier et nous avons rendez vous. Je serai dans la salle et je vous invite à venir au théâtre de la Cité ce soir là pour dire avec moi que le racisme ne passera pas.
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Lorsque j’ai eu le pouvoir à la Région, je n’ai jamais pratiqué le clientélisme. Un vilain mot malsain qui crée des relations intéressées, superficielles et des liens de vassalité. Ces relations-là ne durent que le temps du pouvoir. Le jour où vous avez les poches vides les gens vont se vendre ailleurs.
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C’est que cette salle représente le rêve et l’espoir.
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C’est ce qui nous fonde parce qu’on ne transformera pas Nice si nous ne portons pas un espoir, si nous ne traçons pas comme perspective d’améliorer le quotidien et le vivre ensemble. Il faut que cette ville soit une, il faut continuer à la décloisonner, il faut que les gens s’ouvrent, se découvrent, qu’ils s’enrichissent de leurs différences.
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Au fil des causes défendues, « Nice au Cœur » s’est peu à peu immergé dans la société niçoise.
Vous savez il y a un signe qui ne trompe pas et qui doit convaincre le dernier des septiques. Depuis deux ans, notre plateforme, notre mouvement s’appelle « Nice au Cœur ». Si cela ne gênait pas le maire, pensez-vous qu’il aurait poussé le vice jusqu’à rajouter une seule lettre, un « d », pour changer le sens de notre slogan et tenter de se l’approprier. Vous avez tous vu sur les panneaux publicitaires de la ville, le nouveau slogan des vœux du maire de Nice : « Nice a du cœur ».
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« Nice au Cœur », c’est la force du rassemblement, nous sommes la force du rassemblement et ce qui est nouveau, c’est que dans cette salle, plus des trois quart d’entre nous n’ont pas une carte dans un parti politique. Cela montre que nos forces vives sont à l’extérieur des partis.
Dans ce contexte, oui, il y a une place pour un projet qui ait une autre dimension que le « ni Estrosi, ni Ciotti », mais qui entraîne par son contenu. Nice n’est pas une ville endormie. Avec 1 milliard 500 millions de dettes à la métropole et 500 millions à la ville, il ne manquerait plus qu’elle soit endormie. Au contraire, elle a bougé. Il ne faut pas chercher à minorer ce qui a été fait : l’Allianz Riviera, la Coulée verte, les lignes 2 et 3 du tram, Nice Meridia, la gare du Sud sont des projets qui vont transformer durablement la ville. Il a fait pour Nice. Nous, nous devons faire pour les Niçois. Depuis plusieurs années, Nice perd de la population. C’est la seule ville-métropole de France qui soit dans cette situation, la seule qui perde de son attractivité. Nice est une ville trop chère et ses équipements de proximité sont vétustes. L’état des écoles en est le témoin. C’est là qu’est l’échec du maire de Nice, pas sur les grands équipements publics.
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On ne peut pas dire que l’on veut faire de Nice la ville verte de la Méditerranée, ouvrir les lignes 2 et 3 du tram pour réduire les émissions polluantes, et en même temps dire je vais relancer les études pour faire un grand port de commerce au large de l’aéroport capable d’accueillir les plus grands bateaux de croisière du monde qui sont plus polluant que des centaines de milliers de passages de véhicules. Cette bataille pour le climat, c’est l’affaire de tous et c’est pour cela, qu’il faut aller aux Marches pour le Climat.
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Penser le rassemblement comme une addition de sigles sera, je vous le dit, sans consistance. C’est le vieux monde, celui qui est déconnecté, celui dont nos électeurs ne veulent plus. Ils veulent l’union, ils nous le disent mais pas celle-là, pas de cette vieille recette qui n’a plus de sens et qui fait que nos électeurs, soit se sont détournés de nous, soit ne sont pas allé voter.
Si nous n’intégrons pas ces nouveaux paramètres, alors cela voudra dire que le séisme de 2017 n’aura servi à rien et je nous prédis une nouvelle désillusion pour 2020.
Le rassemblement du nouveau monde sera plus complexe, plus exigeant, plus éthique aussi. Que mon propos soit clair. Les partis politiques sont indispensables, on voit où mène leur affaiblissement, mais ce n’est plus une condition suffisante.
Quand je dis que plus des 3/4 des présents ne sont pas membres d’un parti politique, j’ai tout dit. C’est que la gauche se reconnaît ailleurs, dans les collectifs, dans la vie associative, dans les maraudes, dans les organisations soutenant les migrants, dans les conseils citoyens, dans un mouvement comme Nice au Cœur, c’est cela le nouveau monde de la gauche et il y aura de la place pour tous.
Notre potentiel existe, il n’est pas mort. Vous en êtes la preuve. Mais il faut une autre démarche.
Car, c’est cette jonction entre les forces vives hors des partis et les formations politiques qu’il faudra opérer. C’est cela le vrai rassemblement.
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Pourtant, nous avons un atout exceptionnel pour que Nice ait sa place dans la mondialisation, c’est précisément sa population. Nous sommes une ville monde. Nice l’est depuis si longtemps. Elle a accueilli les Juifs dès 1406, puis les Anglais et la reine Victoria, les Arméniens survivants du génocide de 1915 à la Madeleine, les Russes après la révolution de 1917 dans le quartier du Parc Impérial, les Piémontais fuyant le fascisme de Mussolini à Riquier et Saint Roch, les républicains espagnols fuyant le franquisme, les rapatriés d’Afrique du Nord, les vagues migratoires issues des pays décolonisés, les Iraniens à la chute du Shah. Toutes ces diasporas pourraient être de fabuleuses ambassadrices de Nice à travers le monde et nous permettre d’être à la pointe de grandes coopérations économiques, culturelles, internationales.
Chacun dans cette salle détient une partie de notre histoire commune. Nous sommes tous le fruit de cette histoire, que nous soyons Niçois de père en fils, fiers de nos racines niçoises, que nous soyons originaires de Tunisie, d’Algérie, du Maroc, du Sénégal, du Cameroun, des Comores ou de partout ailleurs dans le monde.
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Est-ce que mon engagement politique est encore utile à la ville et à la gauche ?
(La salle crie Oui !)
Alors, je serai là ! »