Aicha Chibane : la culture à Nice vient de perdre une de ses plus belles âmes.

 

C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris hier la disparition d’Aïcha Chibane.

Je la connaissais depuis 15 ans. Clairement engagée à gauche dans cette ville, nos routes ne s’étaient plus jamais séparées. Aicha, c’était la discrétion et la fidélité

Aïcha faisait partie de ces artistes un peu bohème plus attachés à la création qu’à l’argent. Elle vivait chichement dans son appartement atelier de Bon Voyage au milieu de ses pinceaux et de ses toiles. Là s’accumulait, son art, ses périodes, sa vie, sa création extravagante comme sa période sur ses animaux humains ou la dernière qui date de l’an passé et qui était encore en cours sur les baigneuses, très fluide, fondamentalement différentes de toutes les précédentes.

Elle créait sans s’ occuper de vendre. Elle aurait dû exposer bientôt mais le destin ne lui en n’a pas laissé le temps. Peut être est ce finalement mieux ainsi.

Aïcha Chibane ne faisait pas que peindre. C’était aussi une poétesse, une slameuse lisant ses propres textes. Elle était capable de nous émerveiller en lisant parfois des textes très personnels dont l’impudeur tranchait avec sa discrétion. Elle ne lisait pas les textes des autres, elle les interprétait, allant parfois jusqu’à les habiter.

Aïcha, c’était aussi un sourire et un regard. Elle était encore à mes vœux le 19 janvier dernier. Ces temps-ci elle s’était entièrement investie dans les gilets jaunes, son dernier combat. Toutes mes pensées vont aujourd’hui vers sa sœur et sa nièce Lamyaa Chibane.