J’avais été l’un des premiers élus à intervenir pour protester contre cette expérimentation.
Aujourd’hui je constate avec satisfaction que la CNIL vient de rendre un avis déclarant que le système de reconnaissance faciale dans deux lycées de la région Sud, dont le lycée niçois des Eucalyptus « ne saurait être légalement mis en œuvre ».
La CNIL ne propose pas de correctif et rejette par principe le dispositif. Cette première victoire contre la reconnaissance faciale en France est un précieux encouragement.
En décembre 2018, le conseil de la région Sud avait autorisé une expérimentation pour installer des portiques de reconnaissance faciale dans deux lycées, Les Eucalyptus à Nice et Ampère à Marseille.
Cette expérimentation était entièrement financée par l’entreprise américaine Cisco qui profite ici de la politique sécuritaire des élus locaux pour tester ses technologies de surveillance sur les lycéens de l’établissement. L’objectif affiché par le conseil régional, et en particulier par Christian Estrosi, était d’étendre, au terme de cette expérimentation, ce dispositif à l’ensemble des lycées de la région.
L’argument repris par la CNIL dans l: avis qu’elle a rendu est clair : « Les dispositifs de reconnaissance faciale envisagés, quand bien même ceux-ci seraient mis en œuvre à titre expérimental et reposeraient sur le consentement des élèves, pour contrôler l’accès à deux lycées de votre région, ne sont pas conformes aux principes de proportionnalité ».
La CNIL a considéré que la finalité de ce système de reconnaissance faciale, qui consiste soi-disant à « sécuriser et fluidifier les entrées au sein des deux lycées », aurait pu être « raisonnablement atteinte par d’autres moyens » tels que « la présence de surveillants à l’entrée des lycées ».
Il ne s’agit que d’un avis de la CNIL. La Région peut toujours décider de ne pas le respecter et de continuer son expérimentation. Néanmoins, on voit mal la Région ne pas en tenir compte, et cela notamment au vu de la conclusion de la CNIL qui a clairement énoncé que : « il résulte de cet examen que ce dispositif ne saurait être légalement mis en œuvre ».