J’ai sciemment pris un exemple très éloigné de ce qui s’est passé autour de l’assassinat de Samuel Paty, un exemple bien plus futile mais qui montre le redoutable amplificateur et accélérateur que peuvent constituer les réseaux sociaux.
Dimanche, c’était le Tour des Flandres ( les amateurs de cyclisme connaissent cette classique). A 35 kilomètres de l’arrivée, il y a trois échappés à l’avant, Wim Van Aert, Mathieu Van der Poel, et notre nouveau champion du monde, Julien Alaphilippe. il est en 3eme position, « à bloc », quand les trois hommes entrent dans une courbe où une moto de l’organisation avance au ralenti, en pleine trajectoire. Les deux premiers, dont le champ de vision est plus clair, évitent la moto en faisant un écart, pas Alaphilippe qui chute lourdement , se cassant le poignet et devant abandonner.
C’est un fait de course regrettable , comme il s’en produit depuis longtemps, chaque année. En 1968, Raymond Poulidor avait été renversé par une moto et avait du abandonner un tour de France qui lui était promis.
Certes le pilote de la moto n’aurait pas du se trouver là, mais cela arrive. Seuls ceux qui n’ont jamais suivi une course cycliste pensant que c’est facile.
Bref, ce pilote que je ne connais pas, a fait l’objet, dans les heures qui ont suivi ce fait de course, d’un lynchage médiatique sur les réseaux sociaux, venant notamment de coureurs, directeurs sportifs, spectateurs, etc. A tel point que « le malheureux » a fini par dire qu’il allait arrêter de suivre des courses cyclistes, alors qu’il le fait depuis 20 ans.
Ces réseaux sont devenus le refuge de toutes les intolérances, de toutes les appréciations lapidaires. Chaque déclaration est décortiquée par des gens qui n’ont que cela à faire. Et vous vous retrouvez avant même d’avoir pu expliquer, justifier, cloué au pilori. Il n’y a aucune empathie. L’humain n’a plus le droit à la moindre erreur. Nous entrons dans la dictature du monde parfait.