Le week-end était chaud au Maroc et ce n’est pas au thermomètre que je fais allusion. La mort tragique d’un marchand de poissons, Mohssine Fikri, pulvérisé à l’intérieur d’un camion à ordures le soir du 29 octobre 2016, n’a pas passée inaperçue. Elle n’est pas sans rappeler celle de Mohamed Bouazizi, qui s’immola par le feu à Sidi Bouzid, provoquant quelques semaines plus tard la chute de Ben Ali en Tunisie. Les réseaux sociaux ont favorisé le partage massif de photos et vidéos de l’homme inanimé dans la benne à ordure. Une video particulièrement horrible à été diffusée.
Mohssine était un père de famille âgé d’une trentaine d’années. il s’est jeté au dessus du compacteur du camion en marche après que la police ait confisqué toute sa marchandise et l’ait jeté dans la benne à ordures. Il s’agissait d’espadon, une espèce interdite de pèche en cette saison. Dans un communiqué, le ministère de l’intérieur s’est empressé de préciser que la victime possédait des poissons interdits de pêche ce qui a amené les services de sécurités à les détruire.
Ce qui est à retenir c’est comme dans le cas de Mohamed Bouazizi, l’état de désespoir dans lequel il devait être. Bouazizi s’était immolé par le feu parce que les policiers lui avaient confisqué une charrette et une balance. Fikri s’est jeté dans une benne à ordure pour
récupérer sa marchandise pour pouvoir travailler dignement, au péril de sa vie.
La vague de protestations à El Hoceima où a eu lieu le décès, s’est étendue sur plusieurs villes marocaines dont Casablanca, Marrakech et Rabat. Des dizaines de milliers de personnes, à travers tout le Maroc, ont manifesté leur indignation. Quelques semaines après des élections qui ont donné la victoire aux islamistes, voilà une situation que toutes les démocraties doivent surveiller désormais.