Prison de Nice : Rencontre avec Nordine Souab, délégué UFAP UNSA justice.

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Hier soir, nous avons reçu Nordine Souab, délégué UFAP UNSA justice, pour évoquer avec lui le dossier de la prison de Nice. Une heure trente d’échanges passionnants où tous les sujets ont été abordés : la vie en détention, le quartier des femmes, les conditions de travail des surveillants, la drogue en prison.

L’occasion aussi de mettre un terme à certaines idées reçues en 10 points. Une soirée vraiment très intéressante.

1. La surpopulation de la prison de Nice est une réalité. Il y a 680 détenus pour 356 places. La situation est encore pire au quartier des femmes où cet été, on est monté jusqu’à 82 détenues pour 37 places.

2. Il y a beaucoup d’activités pour les détenus en prison. La promenade bien sûr, le sport, les soins. certains détenus travaillent, d’autres vont au centre scolaire (un bachelier avec mention cette année), à la musicothérapie, au dessin. La doctrine est d’essayer de faire en sorte que le détenu passe le moins de temps possible en cellule.

3. Les surveillants ont interdiction de fouiller les détenus depuis une loi de 2009 et son article 57. Une loi votée sous Sarkozy et son gouvernement de droite. Et après cela, certains parlent de laxisme.

4. Depuis deux ans, le nombre d’indigents en prison a considérablement augmenté. C’est dû à l’augmentation d’incarcérations concernant des ressortissants de pays de l’est (Roumanie et Ukraine notamment).

5. La drogue circule dans la prison de Nice malgré l’étroite surveillance. C’est un vrai problème. Dernièrement, il y a eu une prise de 500 grammes de « shit », puis une autre de 220 grammes. Selon une estimation, 550 détenus sur 680 seraient consommateurs de stupéfiants.

6. Contrairement aux idées répandues, un tiers des détenus de la maison d’arrêt de Nice sont des musulmans. On est bien loin des chiffres fantaisistes annoncés par le FN.

7. Le culte est omniprésent à la prison de Nice, mais là aussi, surprise. La prison reçoit de nombreux aumôniers catholiques, des rabbins, parfois des pasteurs et même des témoins de Jéhovah. Il n’y a plus eu de visite d’imams depuis le mois de juin 2015.

8. Tout est fait pour maintenir les liens familiaux. Il y a 420 parloirs par semaine. Un parloir dure 45 minutes au maximum. Seuls les détenus punis reçoivent à un parloir équipé d’hygiaphone.

9. Les conditions de travail des surveillants sont très difficiles. Il y a surpopulation de détenus, 680 au lieu de 357 et sous effectif de surveillants 143 pour 161 postes. Résultat, cela fait un surveillant pour 90 détenus.

10. Enfin, il n’y a pas de gros problèmes de radicalisation dans la prison de Nice. Actuellement 30 détenus dont une femme font l’objet d’une surveillance, dont 15 pour apologie d’actes terroristes.