Ce matin, nous avions au Conseil municipal la délibération 5-1 qui concernait le Nice Stadium et le Musée National du Sport – Déclaration de projet d’ Intérêt Général.
Voici le texte de mon intervention.
« Nous devons nous prononcer ce matin sur une délibération très importante : celle de la déclaration de projet d’intérêt général concernant le Nice Stadium et le Musée National du Sport, préalable nécessaire à la délivrance du permis de construire pour l’État. C’est une étape importante puisque les conclusions de l’enquête publique étaient indispensables à la poursuite de la délivrance de ce permis de construire. Cette enquête publique s’est déroulée du 16 mai au 17 juin 2011. La commission d’enquête a remis le 11 juillet 2011, son rapport et un avis favorable, celui-ci assorti d’un certain nombre de recommandations.
Permettez-moi tout d’abord de saluer l’efficacité de nos services et en même temps de faire part de mon étonnement devant une telle réactivité. Les conclusions sont rendues publiques le 11juillet, et la délibération répondant à toutes les interrogations de la commission d’enquête est éditée le 18 juillet à 15 heures 34 ! En quatre jours, vous avez répondu à tout. Ce n’est pas de Nice dont vous êtes le Maire, c’est de Lourdes ! Nous avons donc lu avec attention à la fois les conclusions de l’enquête publique et vos réponses et nous n’en sommes pas satisfaits.
Concernant les questions liées à la maîtrise des pollutions, vous avez répondu très précisément sur les problématiques inhérentes à la tenue du chantier, en ne prenant pas moins de quinze dispositions. Mais nous déplorons que le commissaire enquêteur évacue d’une phrase ce qui à notre sens est l’essentiel : la protection de la nappe phréatique. « Aucun risque » conclut l’enquête publique. Ce n’est pas notre avis, ni celui de Mari-Luz Hernandez-Nicaise. Nous pensons l’inverse. Nous maintenons nos réserves. Nous sommes en face de la zone de captage de la rive droite du Var qui alimente Nice et Saint-Laurent en eau potable, et proche de futurs sites de captage programmés sur Saint-Isidore. Une nappe phréatique est un tout. Les flux existent. Le risque aussi !
Concernant la question de la desserte du stade, vos réponses ne lèvent aucune interrogation. Lors du Conseil Municipal du 8 avril 2011, vous annonciez 1 850 places au stade dont 1 450 couvertes, plus des parkings périphériques, à savoir, le P1 : 735 places, le P4 Lingostière : 530, le P5 : 441 places, le parking du Stade de l’Ouest : 1 000 places, deux parkings de 120 places à René Cassin : 240 places et enfin, le parking SPACE : 160 places. Le nombre total est donc de 3 316 places à desservir par des navettes plus les 1 850 places propres du stade, soit un total de 5 166 places. Dans la délibération du jour, il est mentionné : – 450 places de parkings souterrains – 180 places réservées VEFA – 945 places de parkings couverts – 275 places sur un autre parking. Plus des parkings à la périphérie pour une capacité de 3 144 places. Si on ajoute les 1 854 places au stade, cela fait un total de 4 998 places, soit un peu moins et votre trouvaille, c’est de rajouter à cela 2 930 places de différents parcs de stationnement de la ville. Lesquels ? La délibération ne le dit pas, mais 2 930, c’est considérable. En tout cas, ce sont des places très éloignées du stade qui nécessitent là encore la mise en place de navettes affectées et de transports en commun urbain. En tout état de cause, vous raisonnez comme si toutes ces places se libéraient en ville les soirs de match uniquement pour les supporters, mais, en fait, ce sont des places virtuelles !
S’il y a enfin une information importante, c’est que le commissaire enquêteur a déterminé les objectifs en matière de fréquentations 35 000 personnes pour la coupe d’Europe. Je ne m’adresse même pas à cette hypothèse mais je m’intéresse à l’autre 20 000 spectateurs pour les matchs de championnat. C’est beaucoup, sachant que sur 50 ans, la meilleure de nos moyennes annuelles a été de 15 000 et que la moyenne de la saison passée est à 9 000 ! Des études nous montrent qu’environ 75 % des spectateurs viennent au stade en mode de transport individuel, cela veut dire 15 000 personnes par rapport à cette hypothèse moyenne. Si on considère que les places sur stade (1 854) absorbent 5 à 6 000 spectateurs, il en reste 9 000 à monter en navettes ! A 100 personnes par navettes, cela représente 90 rotations. Sur une fréquence d’une toutes les 5 minutes, ce qui représente déjà un haut niveau de service, cela fait 12 à l’heure. Et je ne parle pas des parkings en ville. Cela ne me paraît pas possible en l’absence des lignes 2 et 3 du tram, seules susceptibles de venir renverser la vapeur, et de privilégier les modes d’accès en transports publics. Là, nous sommes sur un modèle mixte, rendu possible par la voie d’accès de 40 minutes avec lignes TCSP au centre mais ce système mixte ne peut répondre aux besoins. Il a des limites. Or, la ligne 2 n’est prévue au mieux qu’en 2016.
Et même à 20 000 spectateurs, vous vous rendez compte, cela veut dire que vous construisez un stade dont le commissaire enquêteur évalue qu’il sera dans le meilleur des cas à moitié vide pour les matchs de championnat. Un stade à moitié vide pour remplir votre égo-vallée.
Venons-en maintenant et je conclurai par là, à l’appréciation pour le moins étonnante du commissaire enquêteur sur l’opportunité du montage P.P.P.* et de son coût excessif. Il indique que la Commission d’enquête n’a aucune légitimité pour juger du coût de ce projet, mais qu’elle constate que le coût portant sur la construction d’autres grands stades est équivalent (Lille, Strasbourg, Lyon). C’est-à-dire qu’il cautionne. La commission d’enquête oublie par exemple Bordeaux qui vient de présenter son projet. 43 000 places : 168 M€ soit 3 900 € la place. A Nice, 245 M€ pour 35 000 places, soit 7 000 € la place. Une place de stade à Nice revient quasiment deux fois plus chère qu’à Bordeaux, pour des projets tout aussi ambitieux et axés sur le développement durable. Et – cerise sur le gâteau ! – c’est le même groupe qui construit : le groupe VINCI. Félicitations pour la négociation que vous avez menée ! Avec le même groupe, VINCI, avec un projet aussi ambitieux qu’à Bordeaux, le prix d’une place va coûter presque deux fois plus cher au contribuable niçois qu’au contribuable bordelais. JUPPÉ a bien mieux négocié que vous. Le stade de 43 000 places coûtera 3,85 M€ par an de redevance aux bordelais, le nôtre pratiquement 8 M€ par an sur un PPP de 27 ans.
Quand on sait que la hausse des impôts locaux de 17 % que vous avez votée en 2009 rapporte un produit fiscal supplémentaire de recettes de 30 M€ par an, cela veut dire que le prix du stade est l’équivalent de 8 à 9 ans d’impôts supplémentaires que vous avez demandés aux niçois. C’est-à-dire que le produit fiscal supplémentaire de tout votre mandat, que vous avez ponctionné dans nos poches, ne suffit pas à payer la totalité du stade. C’est avec la hausse des impôts que vous payez le stade. Un stade qui, par contre, va rapporter à VINCI 245 M€ au titre du PPP, plus 90 à 120 M€ au titre du loyer versé par le Club et, enfin, 101 M€ d’exploitation des 29 000 m2 de surface commerciale et de bureaux, soit au total plus de 450 M€.
Si l’on ajoute à cela que le seul service public impliqué et qui permet donc le Partenariat Public Privé, est le musée National du Sport, dont aucun, vous m’entendez, aucun niçois ne m’a jamais parlé, vous comprendrez que notre Groupe ne voit pas où est l’intérêt général dans ce dossier, l’intérêt du groupe VINCI oui ! Mais l’intérêt général et celui des contribuables, non. Nous voterons contre !
*P.P.P. : Partenariat Public Privé.